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que, sellétique & samaïque. La seconde Thrace au-delà du Rhodope, comprend la Thrace usdicestique, la Thrace bennique, danthelétique, bessique ; & enfin la Quersonnèse de Thrace.

La notice de l’empire, depuis Constantin jusqu’à Arcadius & Honorius, renferme dans la Thrace six provinces, qui sont l’Europe, Rhodope, la Thrace, l’Hémimont, la seconde Moësie, & la Scythie.

Les Thraces étoient naturellement féroces, violens, emportés & cruels ; cependant ceux qui venoient des colonies de Phénicie, & qui demeuroient au voisinage de la Grece, se policerent, & se rendirent célebres dans les arts & dans les sciences ; leur pays produisit Orphée, Linus & Musée, dont j’ai déja parlé dans cet ouvrage.

Phèdre étoit aussi de Thrace ; il fut réduit à l’esclavage, ensuite affranchi sous Auguste, & exposé sous Tibere à toutes les persécutions de Séjan, jusqu’à la mort de cet indigne favori d’un tyran odieux. Il ne se soucia jamais d’amasser du bien, & met cette raison entre les choses qui devoient lui faciliter la promotion au rang de poëte. Ses fables sont admirables, & l’on a raison d’être surpris qu’un ouvrage plein d’autant d’agrément & de pureté, que l’est celui de Phèdre, ait été si peu connu pendant plusieurs siecles. Nous avons outre la belle édition d’Hoogstraten, mise au jour à Amsterdam en 1701, in-4°. celle de Burman, imprimée dans la même ville en 1727, in-4°. (Le chevalier de Jaucourt.)

Thrace, la mer de, (Géog. anc.) Thracium mare. Strabon donne ce nom à la partie de la mer Egée, qui baigne les côtes de la Thrace. (D. J.)

Thrace, bosphore de, (Géog. mod.) autrement dit le canal de Constantinople, qui sépare l’Asie d’avec l’Europe. C’est un canal de 15 milles de long, sur environ deux de large, en des endroits plus, en d’autres moins. Sa promenade est agréable, & son aspect est charmant, voyez les détails au mot Bosphore de Thrace. (D. J.)

Thracé, s. f. (Mythol.) nymphe de la fable ; elle étoit fille de Titan, & eut de Saturne Doloneus qui donna son nom aux Dolones ; & de Jupiter elle eut Bithy, qui donna le sien aux Bithyniens. (D. J.)

THRACIUS pagus, (Géogr. anc.) bourg de l’Asie mineure, dans l’Hellespont, près de la ville de Cyzique.

THRAMBUS, (Géog. anc.) promontoire de la Macédoine, selon Etienne le géographe, entre le golfe Thermaïque & le golfe Toronaïque. (D. J.)

THRANITÆ, s. m. (Littérat.) dans les galeres à trois rangs de rames, & trois ponts l’un sur l’autre, on nommoit thranitæ les rameurs qui étoient au pont du haut, & zygitæ, les rameurs du second pont.

Meibom, dans son discours sur l’architecture navale des anciens, tâche de prouver que la prodigieuse hauteur qu’on a supposé nécessaire aux galeres de plusieurs rang de rames, est une hauteur imaginaire ; & que le fameux vaisseau de Philopater, qu’on dit avoir eu quarante rangs de rames, & quatre mille rameurs pour le faire aller, pouvoit très bien être conduit par un si grand nombre de gens.

Cet auteur croit qu’on devroit perfectionner nos propres galeres, d’après le plan qu’il a donné de celles des Romains ; il reconnoît cependant que notre forme mérite la préférence ; mais il voudroit que nous suivissions les mêmes proportions que gardoient les Romains dans la bâtisse de leurs longs vaisseaux.

La question est de savoir si l’une & l’autre, la forme & les proportions, quadreroient ensemble. Les gens de lettres parlent très-bien ! mais qu’ils laissent aux gens l’art, guidés par la pratique & l’expérience, la gloire de bâtir les vaisseaux & les galeres.

THRASOS, (Médec. anc.) θράσος ; Hippocrate se sert de ce terme pour signifier une certaine férocité dans le regard & dans les yeux, qui paroît aux approches d’un délire. (D. J.)

THRASYLLUM, ou THRASYLLUS, (Géog. anc.) montagne de l’Asie mineure, dans la Mysie, au voisinage du fleuve Caïcus. (D. J.)

THRAUSTON, (Géog. anc.) ville du Péloponnèse, dans l’Elide. Xénophon la donne aux Acrorians.

THRENODIE, s. f. (Littérat.) chanson triste ou funebre en usage chez les anciens, dans les cérémonies des funérailles. Voyez Funérailles & Funebre.

Ce mot est grec, & composé de θρῆνος, pleurs, lamentations, & de ᾠδὴ, chant.

THRIA, (Géog. anc.) bourg de l’Attique, dans la tribu œnéïde. Les champs des environs s’appelloient campi thriasii. Ce bourg étoit entre Athènes & Eléusis ; il en est souvent parlé dans Thucydide, & dans les autres historiens des guerres d’Athènes. C’étoit la patrie du poëte Cratès, dont Suidas rapporte quelques ouvrages comiques ; la porte d’Athènes par laquelle on sortoit pour y aller, s’appelloit porta thriasia, & fut aussi ensuite nommée Ceramica & Dipylon. Ce bourg donnoit encore son nom au rivage près du quel il étoit situé, & à une riviere voisine.

THRIES, s. f. (Littérat.) Les sorts que l’on jettoit dans une urne se nommoient thries, du nom de trois nymphes de l’antiquité, qui demeuroient sur le Parnasse, & qui avoient été nourrices d’Apollon, dieu de la divination. (D. J.)

THRIO, (Antiq. greq.) θρίω ; fête particuliere des Grecs, en l’honneur d’Apollon. Voyez sur cette fête Potter, Archæol. græc. t. I. p. 405. (D. J.)

THRIPS, gen. pis. m. (Littérat.) θρίψ ; nom donné par les Grecs & les Romains, à une espece de ver, né de l’œuf du scarabé, lequel ver, tandis qu’il est dans cet état de ver, perce le bois, & y fait des cavités de différentes formes, & en des directions différentes, qui ressemblent souvent à des caracteres d’écriture.

Les anciens Grecs se servoient de petits morceaux de bois ainsi rongés, au-lieu de sceau & de cachet, avant l’invention de la gravure ; & en effet, ils répondoient très-bien à cet usage, car il n’étoit guere possible d’imiter l’impression, ni de contrefaire les empreintes que formoient sur la cire ces morceaux de bois ainsi rongés.

Lucien parlant de la maniere qu’il avoit de marquer ses oliviers, emploie le mot thrips, non comme étant le nom d’un ver, mais comme étant celui du morceau de bois percé par l’insecte. Théophraste, Aristote, & Pline, se servent du même mot thrips ; enfin nous trouvons qu’il désigne aussi souvent un morceau de bois percé de divers trous, que l’animal qui les a formés. (D. J.)

THRISMA, s. m. (Commerce.) étoit une ancienne piece de monnoie de la valeur d’un groat, ou du tiers d’un shelling. C’est apparemment une corruption de tremissis, qui étoit une ancienne monnoie d’Allemagne, de la valeur de quatre sous sterling. Quelques-uns prétendent que c’est une piece de trois shellings ; mais cela paroît une erreur.

THRIUS, (Géog. anc.) nom d’une ville, & d’un fleuve du Pélopponnèse, dans l’Elide. (D. J.)

THROANA, (Géog. anc.) ville de l’Inde, au-delà du Gange. Ptolomée, l. VII. c. ij. la marque dans le pays des Lesli ou des Pirates ; & Castald la nomme Taigin. (D. J.)

THRONE, s. m. (Archit. & Littér.) mot dérivé du grec θρόνος ; chaise ou siege magnifique. C’est un siege royal, enrichi d’architecture & de sculpture de matiere précieuse, élevé sur plusieurs degrés, & couvert d’un dais. Le throne est dans la salle d’audience du souverain.

La description du thrône du Mogol, par Tavernier, est entierement romanesque ; celle du throne de l’empereur de la Chine, par le p. le Comte, est brodée suivant sa coutume ; & celle du thrône du grand-seigneur, par Duloir, ne l’est pas moins ; mais j’aime