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du dos, & une autre à sa partie postérieure, qui va jusqu’à la queue ; la premiere nageoire du dos est composée de longs aiguillons pointus que le poisson dresse à son gré ; ceux qui sont en-avant ont le plus de longueur ; la nageoire de la queue a la figure d’un croissant. On pêche les thons en automne & au printems en Espagne, principalement vers le détroit de Gibraltar, en Provence, en Languedoc, &c. Ce poisson est très gras ; il a la chair un peu dure & d’un goût un peu piquant. Hist. nat. des poissons, premiere partie, liv. VIII. chap. xij. Voyez Poisson.

Thon, (Pêche du) la pêche du thon qui se fait aux côtes de Basques & de Labour, dans le ressort de l’amirauté de Bayonne, commence ordinairement à la mi-Avril, ou au plus tard au commencement de Mai ; elle dure jusques à la fin de Septembre, & même quelquefois elle se continue encore en Octobre, si les thons ne sont pas encore repassés. Elle se fait à la ligne, le bateau toujours à la voile ; les Pêcheurs la font à quelques lieues à la côte, & quand les thons ne la rangent point, & qu’ils s’en éloignent, les Pêcheurs vont quelquefois à quinze & vingt lieues ; il faut du vent pour faire cette pêche avec succès.

Le pêcheur ne met point d’appât à l’hameçon ; il est seulement garni de vieux linge disposé de maniere que le dort de la tige de l’ain est couvert de bleu, & l’hameçon recouvert d’une espece de petit sac de gros bazin blanc taillé en forme d’une sardine dont les thons sont friands ; en sorte que cet hameçon mouillé & ainsi enveloppé, fait illusion au poisson qui est très-vorace, & qui le gobe aussi-tôt.

Pour empêcher le thon de se dégager de la ligne, & d’emporter l’ain en le coupant, les Pêcheurs frappent l’hameçon sur une petite ligne d’environ une brasse de long, formée de huit à dix files de cuivre que le thon ne peut couper ; cette ligne de cuivre est frappée sur une autre de fin fil de cœur de chanvre bien retorse & bien travaillée, de deux à trois brasses de long ; la grosse ligne où elle est amarée a ordinairement deux cens brasses de long ; chaque double chaloupe en a six, avec lesquelles on veut prendre chaque fois autant de poisson ; quand la pêche est bonne & abondante, une chaloupe peut prendre par jour cent, cent cinquante thons, dont quelques-uns pesent jusque à deux quintaux & plus.

Tous ces poissons & les autres qui se pêchent à cette côte, se consomment sur les lieux, & même les Espagnols voisins viennent quelquefois en prendre en échange d’huile d’olive, de vin d’Espagne, & d’autres semblables denrées.

Les Basques n’ont point l’usage de saler & de mariner le thon, qui s’y trouve souvent à si grand marché, qu’il ne revient pas à un sol la livre, & même à moins.

Les thons meurent aussi-tôt qu’on les a retirés sur le rivage ; alors on les vuide, on les dépece par tronçons ; on les rôtit sur de grands grils de fer ; on les frit dans l’huile d’olive ; on les assaisonne de sel, de poivre, & enfin on les encaque dans de petits barils avec de nouvelle huile d’olive, & un peu de vinaigre. Le thon ainsi préparé s’appelle thonine, dont l’une est désossée, c’est-à-dire sans arrête, & l’autre a les arrêtes du poisson. (D. J.)

Thon d’Aristote, voyez Pelamyde.

Thon, (Médailles & Littér.) les Sinopiens tiroient autrefois un grand profit de la pêche du thon qui se faisoit sur leur rivage, où en certain tems, selon Strabon, ce poisson se vendoit en quantité. C’est la raison pour laquelle ils le représentoient sur leurs monnoies, comme il paroît par les médailles de Géta. Ce poisson venoit des Palus Méotides, passoit à Trébisonde & à Pharnacie, où l’on en faisoit la premiere pêche ; il alloit de-là le long de la côte de Sinope,

où s’en faisoit la seconde pêche ; il traversoit ensuite jusqu’à Byzance, où s’en faisoit une troisieme pêche.

Les Romains qui alloient à la pêche des thons, faisoient des sacrifices de thon à Neptune, nommé Τροπαῖος & ἀλεξίκακος, pour le prier de détourner de leurs filets le poisson ξιφίας, qui les déchiroit, & de prévenir les secours que les dauphins rendoient aux thons. Aussi sacrifioient-ils à Neptune le premier thon qu’ils prenoient.

Les Grecs en particulier faisoient grand cas des entrailles de thon, sur quoi Athénée rapporte un bon mot du poëte Dorion qui n’étoit pas de ce goût : un convive louoit extrèmement un plat d’entrailles de thon qu’on servit à la table de Philippe de Macédoine : elles sont excellentes, dit Dorion ; mais il faut les manger comme je les mange : eh comme les mangez-vous donc, reprit le convive ? comment, répondit Dorion ? je les mange avec une ferme résolution de les trouver bonnes. (D. J.)

Thon, (Géog. anc.) ville de l’Afrique propre. Ce fut dans cette ville qu’Annibal se retira quand son armée eut été défaite par Scipion ; mais la crainte que les Brutiens, qui l’avoient suivi, ne le livrassent aux Romains, l’engagea d’en sortir bientôt après secretement. (D. J.)

Thon, le, (Géog. mod.) petite riviere de France en Poitou ; elle a sa source à Maulion, & se jette dans la Touc à Montreuil-Bellay. (D. J.)

THONÉE, voyez Hune.

THONINE, s. f. (Comm.) chair de thon coupée & salée ; la plus maigre est la meilleure.

THONIS, (Géog. anc.) ville d’Egypte. Strabon, liv. XVII. p. 800. & Etienne le géographe la placent vers l’embouchure canopique ; elle ne subsistoit plus de leur tems. Strabon remarque qu’elle avoit eu son nom du roi Thonis, qui reçut chez lui Ménélas & la belle Hélène. Diodore de Sicile, liv. I. ch. xij. fait aussi mention de cette ancienne ville. (D. J.)

THONNAIRE, s. m. (Pêche.) nom d’un filet dont on se sert sur la Méditerranée pour prendre des thons & autres grands poissons.

THONON, (Géog. anc.) petite ville de Savoie, au duché de Chablais, dont elle est capitale, près de l’embouchure de la Drance dans le lac de Genève. Long. 24. 12. lat. 46. 22.

Amédée IX. duc de Savoie naquit dans cette petite ville l’an 1435 ; c’étoit un prince plein de douceur & de bonnes qualités ; mais la foible constitution de sa santé l’engagea de donner la régence de ses états à Yolande de France son épouse, dont il eut six fils & quatre filles. Il mourut à Verceil l’an 1472, à l’âge de 37 ans. (D. J.)

THOOSE, s. f. (Mythol.) nymphe marine, fille de Phorcys roi puissant de la mer, & de plus dieu marin, selon Homere, Odyssée, l. I. v. 71. Elle eut de Neptune le cyclope Poliphème, si célebre par l’Odyssée, & par la piece d’Euripide, intitulée le Cyclope. (D. J.)

THOR, s. m. (Mythol.) divinité adorée par les anciens peuples du nord. Il étoit l’aîné des fils d’Odin ; il régnoit sur les airs, lançoit la foudre, excitoit & appaisoit les tempêtes ; faisoit du bien aux hommes, & les protégeoit contre les attaques des géants & des mauvais génies. On le regardoit même comme le défenseur & le vengeur des dieux. On représentoit Thor à la gauche d’Odin son pere ; il avoit une couronne sur la tête, un sceptre dans une main, & une massue dans l’autre. Quelquefois on le peignoit sur un char traîné par deux boucs de bois, avec un frein d’argent, & la tête couronnée d’étoiles. On croit que Thor étoit la même chose que le Mithras des Perses ou que le Soleil. Les peuples du nord célébroient en son honneur une grande fête, nommée juul ; elle se célébroit au solstice d’hiver ; on y faisoit