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RR, en telle sorte que le poids du pendule ne fait effort sur la potence, qu’après avoir agi sur la barre & sur le tube ; par ce moyen la chaleur alongeant le tube de laiton plus que la barre d’acier qu’il contient, elle fait monter le pendule dans la fente du coq, & le raccourcit autant qu’il alonge, par le surcroît de cette chaleur, ce qui produit une exacte compensation.

L’effet que je viens de décrire, se manifeste par un index E auquel l’extrémité inférieure de la barre fait parcourir les divisions d’un limbe.

Les métaux de même nom n’étant pas toujours entierement semblables, & l’expérience prouvant que les différentes especes de cuivre jaune s’alongent plus ou moins par la chaleur, selon la quantité de pierre calaminaire ou autres ingrédiens qui entrent dans leur composition : il est à propos de rapporter ici la méthode que M. le Roy met en usage pour rendre la longueur de son tube proportionnelle à celle de sa verge : on pourra juger par-là de l’exactitude qu’on doit attendre de sa construction.

Outre l’index dont nous avons parlé, M. le Roy en place un second de même genre, en I, au bas du pendule, le plus près que l’on peut de son centre d’oscillation, ensorte qu’il puisse être mu par l’extrémité de sa verge. Il échauffe ensuite beaucoup l’endroit où cet appareil est situé ; s’il voit que l’index inférieur ne se meuve point, tandis que le supérieur parcourt les divisions de son limbe, il conclut que le tuyau a fait autant remonter la lentille, qu’elle est descendue par l’alongement ; si au-contraire il apperçoit qu’il se meuve, il allonge ou raccourcit le tuyau, selon le chemin que l’index inférieur a pris

Quelquefois aussi il met deux tubes l’un dans l’autre, & après avoir attaché des lames de fer au bas de celui du dedans destiné à porter la barre où sont fixés les ressorts de suspension, il le fait soutenir sur celui du dehors par l’extrémité supérieure du tuyau intérieur ; par ce moyen, la hauteur du tube est diminuée de moitié. Voyez Suspension.

Plusieurs personnes, d’après ce thermometre, inventé en 1738, en ont imaginé d’autres, où ils ont combiné en différentes manieres des verges de cuivre & d’acier pour produire le même effet ; mais on peut dire que de toutes les méthodes qui ont été mises en usage, celle de M. le Roi est incontestablement la meilleure, tant par sa simplicité que par sa solidité : car rien n’est plus propre à soutenir un fardeau, que le tube ; cependant pour ne rien laisser à desirer, j’en rapporterai une seconde qui a été inventée par M. Ellicott, célebre horloger de Londres, elle pourroit être utile dans le cas où l’on voudroit suspendre le pendule sur des couteaux ; & dans celui ou la longueur du tuyau précédent pourroit causer quelque embarras, par rapport à la disposition des lieux, où la pendule devroit être située : selon cette nouvelle méthode, au haut de la verge d’acier du pendule, on en attache une autre de laiton de même longueur ; elle est comme on voit contenue dans la largeur de la verge d’acier, son extrémité s’appuie sur les bouts des leviers EX adaptés à la verge d’acier, & mobile au-tour des points I ; sur les extrémités X des leviers, portent les bouts des vis VV, qui tiennent à la lentille TTTT creuse en dedans. D’après cette description, on en comprendra facilement l’effet, car la verge de cuivre l, l, &c. s’alongeant par la chaleur plus que celle d’acier, pressera en E sur les bouts des leviers XE, & fera par conséquent monter un peu la lentille, au moyen des vis VV, dont les extrémités peuvent approcher plus ou moins près du centre I : on a la facilité de varier l’effet de la verge l, l, l, en alongeant ou raccourcissant le bras du levier IX.

THERMOPOLIUM, s. m. (Littérat.) c’étoit

chez les Romains une espece de cabaret, où l’on vendoit des liqueurs douces & chaudes ; c’est ce qui paroit par un passage du pseudolus de Plaute, act. II. sc. iv. v. 50. ce mot vient de θερμός, chaud, & de πωλέω, je vends. (D. J.)

THERMOPYLES, ou PYLES, (Littérat.) passage à jamais célebre, de soixante pas de largeur, séparant la Phocide de la Thessalie. Divers lacs, outre la mer de Locride & le mont Œta, embarrassoient cette espece de défilé, qu’on nommoit la clé de la Grece. Xerxès dépeupla les états pour le passer ; son armée immense mit à sec le fleuve Lissus, en y abreuvant ses chevaux : que produisirent tous ses efforts ?

Trois cens Grecs retranchés au pas des Thermopyles,
Rendirent en un jour ses efforts inutiles ;
Et les Athéniens aimerent mieux cent fois
Abandonner leurs murs, que de subir ses lois.

Dans la suite des tems, les Phocéens voulant à leur tour avoir une barriere de facile garde contre les Thessaliens, bâtirent une muraille aux Thermopyles ; unique voie qui conduisoit de Thessalie en Phocide. Les ouvertures laissées dans cette muraille, pour ne pas entierement boucher le chemin, s’appellerent πύλαι, portes ; à quoi quelques bains chauds d’alentour firent ajouter θερμαὶ, chaudes ; & de ces mots se fit celui de Thermopyles.

Quoiqu’on donnât communément soixante pas de largeur à ce passage, il y avoit des endroits où une voiture pouvoit à peine passer : ce qui a fait qu’Hérodote, l. VII. c. clxvj. a appellé ce détroit αμαζιτος μούνη. Il ajoute que la montagne qui forme le passage des Thermopyles, du côté de l’occident, est inaccessible & très-escarpée, & que la mer inonde une partie du chemin, du côté de l’orient.

C’est près de ce défilé qu’on faisoit en certains jours les assemblées de toute la Grece : elle y tenoit deux foires, & les Amphyctions leurs congrès. Tout le monde sait que Léonidas, premier de ce nom, roi des Lacédémoniens, de la famille des Agides, défendit avec trois cens hommes seulement, le passage des Thermopyles, contre une armée effroyable de Perses, conduite par leur roi Xerxès. Cette multitude n’ébranla point le courage de Léonidas, & quelqu’un lui ayant dit que le soleil seroit obscurci des fleches des Perses : tant-mieux, reprit-il, nous combattrons à l’ombre. Il fut tué avec tous les siens, à cette journée mémorable, sur laquelle Simonide fit quatre beaux vers grecs, dont voici le sens :

Thermopyles soyez à jamais célébrées !
Vous servez de tombe & d’autel
A ces braves guerriers, dont les ombres sacrées
Ont tiré de leur chute un triomphe immortel.

L’épitaphe gravée sur leur tombe, aux Thermopyles mêmes, portoit ces mots : « Passant, va dire à Sparte, que nous sommes morts pour obéir à ses saintes lois ». Malheur à celui qui n’admire pas la beauté de cette épitaphe ! il n’est fait que pour goûter les inscriptions des places Vendôme & des Victoires. (D. J.)

THERMOSCOPE, s. m. (Phys.) est un instrument qui fait connoître les changemens qui arrivent dans l’air, par rapport au froid & au chaud. Voyez Air, Tems, &c.

Le mot de thermoscope se confond en général avec celui de thermometre : cependant il y a quelque différence dans la signification littérale de l’un & de l’autre. Le premier signifie un instrument qui marque ou représente aux yeux les changemens de chaleur & de froid ; il est formé du grec θέρμη, chaleur, & de σκοπεω, je vois ; au-lieu que le second est un instrument fait pour mesurer ces changemens, & qu’il est formé de θερμη, chaleur, & de μετρειν, mesurer ; de