Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tales ; les étamines sont une vingtaine de filets chevelus, plus courts que le calice ; les bassettes sont courtes ; le germe du pistil est arrondi, quadrangulaire, & placé sous le réceptacle ; les stiles sont quatre en nombre pointus, crochus, & de la longueur des étamines ; les stygmas sont alongés & blancs ; le fruit est coriace & quadrangulaire ; la graine est simple, osseuse, & faite en noyau oblong. Linnæi, gen. plant. p. 249. (D. J.)

TETRAGONIS, (Géog. anc.) ville de l’Arachosie, au pié du mont Caucase ; Pline, l. VI. c. xxiij. dit que cette ville avoit été nommée auparavant Cartana. (D. J.)

TÉTRAGONISME, s. m. (Géom.) c’est un terme dont quelques auteurs font usage, pour exprimer la quadrature du cercle. Voyez Quadrature.

TÉTRAGONOCARPOS, s. m. (Hist. nat. Botan.) genre de plante dont voici les caractéres ; ses feuilles sont disposées confusément ; le bout du pédicule devient un ovaire sur le sommet duquel croît une fleur ou un calice fendu en quatre, & plus rarement en cinq, ouvert & garni d’un grand nombre d’étamines qui vont au nombre de dix-huit ou vingt ; l’ovaire a quatre tubes droits, & devient un fruit à quatre capsules avec une graine simple dans chacune ; quelquefois le calice est sous l’ovaire & la fleur ; Boerhaave en compte trois especes. (D. J.)

TÉTRAGRAMMATON, s. m. (Théolog.) du grec τετραγράμματον, nom de quatre lettres ; c’est ainsi qu’on appelle souvent le nom de jéhovah, que les Hébreux par respect ne prononcent plus. Ils disent en sa place adonaï ou elohim ; & quand ils parlent de ce nom sacré, ils l’appellent schem hamphorasch, c’est-à-dire, nom expliqué. Les Grecs se servent plus volontiers du mot tétragrammaton, qui marque les quatre lettres dont est composé le mot hébreu jehovah, savoir jod, hé, vau, hé.

TÉTRAHEDRE, s. m. terme de Géométrie, c’est un des cinq solides, ou corps réguliers, compris sous quatre triangles égaux & équilatéraux. Voyez Solide & Régulier.

On peut concevoir le tétrahedre comme une pyramide triangulaire, dont les quatre faces sont égales. Voyez Pyramide. On voit le tétrahedre représenté, Pl. géom. fig. 59. Voyez Corps régulier.

Les Mathématiciens démontrent que le quarré du côté du tétrahedre est au quarré du diametre d’une sphere, où il est inscriptible, en raison sous-sesquialtere, c’est-à-dire, comme deux est à trois ; d’où il suit que le côté du tétrahedre est au diametre d’une sphere, comme est à  ; par conséquent ces deux lignes sont incommensurables. Chambers. (E)

TÉTRALOGIE, s. f. (Poésie dram. des anc.) on nommoit chez les Grecs tétralogie, quatre pieces dramatiques d’un même auteur, dont les trois premieres étoient des tragédies, & la quatrieme satyrique ou boufonne ; le but de ces quatre pieces d’un même poëte, étoit de remporter la victoire dans les combats littéraires.

On sait que les poëtes tragiques combattoient pour la couronne de la gloire aux dionysiaques, aux lénées, aux panathénées, & aux chytriaques, solemnités, qui toutes, à l’exception des panathénées, dont Minerve étoit l’objet, étoient consacrées à Bacchus. Il falloit même que cette coutume fût assez ancienne, puisque Lycurgue, orateur célebre, qui vivoit à Athènes du tems de Philippe & d’Alexandre, la remit en vigueur ; pour augmenter l’émulation parmi les Poëtes ; il accorda même le droit de bourgeoisie à celui qui seroit proclamé vainqueur aux chytriaques.

Plutarque prétend que du tems de Thespis, qui vivoit vers la 60e olympiade, les poëtes tragiques

ne connoissoient point encore ces jeux littéraires, & que leur usage ne s’établit que sous Eschyle & Phrynichus ; mais les marbres d’Oxford, ainsi qu’Horace, disent formellement le contraire. Il est vrai néanmoins que ces combats entre les auteurs, ne devinrent célebres que vers la 70e olympiade, lorsque les Poëtes commencerent à se disputer le prix par les pieces dramatiques qui étoient connues sous le nom général de tétralogie, τετραλογία.

Il est souvent fait mention de ces tétralogies chez les anciens ; nous avons même dans les ouvrages d’Eschyle & d’Euripide, quelques-unes des tragédies qui en faisoient partie. On y voit sous quel archonte elles avoient été jouées, & le nom des concurrens qui leur avoient enlevé ou disputé la victoire.

Les tétralogies les plus difficiles & les plus estimées, avoient chacune pour sujet une des avantures d’un même héros, par exemple d’Oreste, d’Ulysse, d’Achille, de Pandion, &c. C’est pourquoi on donnoit à ces quatre pieces un seul & même nom, qui étoit celui du héros qu’elles représentoient. La pandionide de Philoclès, & l’orestiade d’Eschyle, formoient quatre tragédies, qui rouloient sur autant d’avantures de Pandion & d’Oreste.

La premiere des tragédies qui composoient l’orestiade, étoit intitulée Agamemnon ; la seconde, les Cæphores ; la troisieme, les Euménides. Nous avons encore ces trois pieces ; mais la quatrieme, qui étoit le drame satyrique, & intitulée Protée, ne se trouve plus. Or quoique, sur-tout dans l’Agamemnon, il ne soit parlé d’Oreste qu’en passant, cependant comme la mort de ce prince, qui étoit pere d’Oreste, est l’occasion & le sujet des Cæphores & des Euménides, on donna le nom d’Orestiade à cette tétralogie.

Ælien, hist. variar. l. XI. c. viij. nous a conservé le titre de deux tétralogies, dont les pieces ont encore entr’elles quelqu’affinité. Il dit qu’en la xcj. olympiade, dans laquelle Exainete d’Agrigente remporta le prix de la course, un certain Xénoclès, qui lui étoit peu connu, obtint le prix de tétralogie contre Euripide. Le titre des trois tragédies du premier étoit Œdipe, Lycaon & les Bacchantes, suivies d’Athamas, drame satyrique. Vous voyez que ces trois pieces, quoique tirées d’histoires différentes, rouloient cependant à-peu-près sur des crimes de même nature. Œdipe avoit tué son pere, Lycaon mangeoit de la chair humaine, & les bacchantes écorchoient quelquefois leurs propres enfans. On peut dire la même chose de la tétralogie d’Euripide, dont la premiere tragédie avoit pour titre Alexandre ou Paris, la seconde Palamede, & la troisieme les Troyennes ; ces trois sujets avoient tous rapport à la même histoire, qui est celle de Troie.

Les poëtes grecs faisoient aussi des tétralogies, dont les quatre pieces rouloient sur des sujets différens, & qui n’avoient ensemble aucun rapport direct ou indirect. Telle étoit une tétralogie d’Euripide, qui comprenoit la Médée, le Philoctete, le Dictys & les Moissonneurs ; telle étoit encore la tétralogie d’Eschyle, qui renfermoit pour quatre pieces, les Phynées, les Perses, le Glaucus & le Prométhée.

Le scholiaste d’Aristophane observe qu’Aristarque & Apollonius, considérant les trois tragédies séparément du drame appellé satyre, les nomment des trilogies, τριλογία ; parce que les satyres étant d’un genre comique, n’avoient aucune relation, soit pour le style, soit pour le sujet, avec les trois tragédies qui étoient le fondement de la tétralogie. Cependant dans les ouvrages des anciens tragiques, il est parlé de tétralogie, & jamais de trilogie.

Sophocle, que les Grecs nommoient le pere de la tragèdie, en connoissoit sans doute d’autant mieux la difficulté, qu’il avoit plus approfondi ce genre d’é-