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dans un récipient de verre, on augmente le feu par degré jusqu’à ce que la retorte soit rouge, & on la tient dans cet état pendant quelque tems. Il passera 1°. de l’eau ; 2°. de l’huile ; 3°. un esprit volatil, presque semblable à celui de corne de cerf, ou comme si on distilloit quelque matiere animale ; & 4°. il restera dans la retorte, selon toutes les apparences (la distillation étant finie), un caput mortuum fort sec, ou une terre fixe & inactive.

On fait une lessive d’une portion de ce caput mortuum, on le fait sécher, & on en réduit par la trituration, une autre portion en poudre très-fine : on met ensuite ces deux portions chacune dans un pot séparé, exposé à l’air libre pendant un an, afin d’éprouver si elles ne deviendront point fertiles.

Il paroît par cette expérience que notre terreau étoit d’une nature végétale ou animale, par les sels ou les sucs qu’on en a retirés. Sa matiere fixe nous prouve en même tems qu’il tient un peu de la nature minérale. Cette analyse nous fait voir qu’il ressemble beaucoup à la composition naturelle des végétaux & des animaux ; & elle nous apprend aussi pourquoi les substances animales & végétales forment un composé propre à engraisser la terre.

Si l’on veut savoir comment le terreau acquiert cette propriété, je crois qu’on en trouvera la cause en général dans l’expérience précédente sur les parties qui composent l’atmosphere ; ces parties étant animales & végétales aussi bien que minérales, abreuvent continuellement la surface de la terre : c’est par cette raison que les Jardiniers trouvent une si grande différence entre le terrein de Londres & celui de la campagne ; cette différence vient de la quantité de fumée précipitée de l’air journellement sur les jardins de cette ville : il en est de même des autres villes, & des campagnes qui les environnent.

En comparant ce procédé avec pareille analyse des substances végétales, animales & minérales, il paroît qu’une simple terre fixe est la base de tout corps animal, végétal, minéral & terrestre ; qu’elle est la partie vraiment solide, le soutien & la base de la chair, des os, des bois, des métaux, des différentes especes de terre, &c. puisqu’elle est elle-même d’une nature fixe & inaltérable.

M. Cartheuser rapporte des expériences du docteur Kulbel, sur la fertilité des terres. Par ces expériences ce dernier a retiré, par la digestion & la coction dans l’eau des terres grasses, une matiere terreuse onctuoso-saline. Ce sel dans les terres les plus fertiles étoit nitreux ; dans les autres il étoit semblable au sel marin ; enfin dans d’autres terres il étoit alkalin. Ce sel au contraire, dans les terres stériles, étoit d’une nature acide. Shaw, leçons de chimie. (D. J.)

TERREIN, s. m. (Archit.) c’est le fonds sur lequel on bâtit. Ce fonds est de différente densité ou consistance, comme de roche, de tuf, de gravier, de sable, de glaise, de vase, &c. & on doit y avoir égard lorsqu’on bâtit.

Terrein de niveau. C’est une étendue de terre dressée sans aucune pente.

Terrein par chûtes. Terrein dont la continuité interrompue est raccordée avec un autre terrein, par des perrons ou des glacis. Daviler. (D. J.)

Terrein, (Archit. milit.) la premiere chose à laquelle on pense dans l’architecture militaire, est la qualité du terrein. On voit s’il est bon ou mauvais pour ce que l’on veut construire ; il y a des situations merveilleuses, dont le terrein ne vaut rien, & des situations mauvaises, dont les terres sont extrèmement bonnes, mais tellement commandées, que ce seroit une folie de s’y arrêter.

Les montagnes ont pour l’ordinaire le terrein pierreux ; c’est le plus mauvais. Il ne lie pas, & les pa-

rapets qui en sont faits ne valent rien ; quand on est

contraint de fortifier dans un pareil endroit, on choisit les meilleures veines de terre pour faire le parapet, & on en fait apporter d’ailleurs. Ce terrein est cependant avantageux, en ce que l’assiégeant a de la peine à se couvrir dans ses approches, faute de bonne terre.

Le terrein sablonneux n’a point de liaison, & est sujet à s’ébouler ; lorsque l’on est contraint de s’en servir, on y mêle de la bonne terre ou du vieux fumier ; on a soin de bien revêtir les remparts de pierres ou de briques, & les parapets de gasons.

Le terrein marécageux est meilleur que les deux premiers ; mais il n’est pas généralement bon, étant élevé en remparts & en parapets, dès qu’il vient à sécher, il se désunit. On a de la peine à trouver assez de terre autour d’un endroit marécageux pour élever les remparts, parapets, & glacis, d’une hauteur raisonnable ; dans un terrein marécageux il faut piloter le fondement des ouvrages ; & quand on fortifie dans ces endroits, on attend les chaleurs, afin que la terre ait plus de consistence.

Le meilleur terrein pour fortifier, est ce qu’on appelle terre grasse ou forte. Cette terre est maniable ; on n’est point obligé de piloter les fondemens qu’on y jette, ni de revétir les remparts, à-moins que l’on ne le veuille bien. (D. J.)

Terrein, (Peint.) ce mot s’entend en Peinture, sur-tout en fait de paysages, d’un espace de terre distingué d’un autre & un peu nud, sur lequel il n’y a ni bois fort élevés, ni montagnes fort apparentes. Les terreins aident beaucoup à la perspective d’un paysage, parce qu’ils se chassent les uns les autres, soit par leurs frottemens, soit par le clair-obscur, soit par la diversité des couleurs, soit enfin par une liaison insensible qui conduit d’un terrein à l’autre. (D. J.)

TERRENEUSE, ou TER-NEUSE, (Géog. mod.) forteresse & espece de petite ville de la Flandre hollandoise, à deux lieues au nord de la ville d’Axel, sur le bord de l’Escaut occidental, & entre les branches de ce bras de mer ; cette espece de fort est délabré, & contient à peine deux cens habitans. (D. J.)

TERRE-NOIX, s. f. (Hist. nat. Bot.) bulbocastanum, genre de plante à fleur en rose & en ombelle, composée de plusieurs pétales disposés en rond & soutenus par un calice, qui devient dans la suite un fruit composé de deux petites semences oblongues ; ces semences sont ou lisses ou striées, relevées en bosse d’un côté & plates de l’autre. Ajoutez aux caracteres de ce genre, que la racine est charnue & tuberculeuse. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

TERRE-PLEIN, s. m. (Hydraul.) se dit d’un grand plein-pié ou espace de terre un peu étendu, dont on jouit sur une terrasse, sur un rempart dont le terrein est entierement plein. (K)

Terre-plein, le, en termes de Fortification, est la partie supérieure du rempart où l’on place le canon & où les assiegés se mettent pour défendre la place. Voyez Rempart.

On l’appelle terre-plein, parce que c’est la partie vuide du rempart sur laquelle on peut faire les manœuvres nécessaires pour défendre la place.

Le terre-plein a une pente insensible vers la place pour l’écoulement des eaux, afin qu’elles ne séjournent pas sur le rempart ; ce qui pourroit le dégrader.

Le terre-plein est terminé par le parapet du côté de la campagne, & par un talud intérieur du côté de la place : sa largeur est de 24 à 30 piés. Voyez Parapet, &c. (Q)

TERRER un artifice, terme d’Artificier, c’est garnir la gorge du cartouche de poussiere de terre seche pilée & pressée, pour empêcher que le feu qui est fort, n’aggrandisse le trou du dégorgement, en brûlant le cartouche. (D. J.)