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Ammien Marcellin, un Frontinus de aquæductibus, & quelques autres ouvrages.

De retour en Italie, il fut nommé secrétaire de la république de Florence en 1453 ; l’amour qu’il avoit pour la retraite, lui fit vendre un Tite-Live pour acquérir une maison de campagne au val d’Arno, près de Florence ; & c’est-là qu’il s’appliqua plus que jamais à l’étude, quoiqu’il fût déja septuagenaire ; il mourut dans cette maison de plaisance en 1459, âgé de 79 ans.

On a de lui une belle histoire de Florence, une traduction latine de Diodore de Sicile, un traité élégant de varietate fortunæ, des épitres, des harangues ; enfin un livre de contes plaisans, mais trop obscènes & trop licentieux. Si vous desirez de plus grands détails, lisez le Poggiana, ou la vie, le caractere, les sentimens & les bons mots de Pogge, par M. Lenfant, Amsterdam 1720, in-8°. & vous ne vous repentirez pas de cette lecture.

Il avoit épousé une femme de bonne famille, jeune, riche, belle & douée d’excellentes qualités. Il en eut une aimable fille nommée Lucrece & cinq fils qui se distinguerent par leurs talens. Le plus célebre fut Jacques Poggio, dont on a plusieurs ouvrages ; mais ayant trempé malheureusement dans la conspiration des Pazzi, il fut arrêté & pendu avec d’autres conjurés à une fenêtre du palais de Florence. (D. J.)

TERRA-NUOVA, (Géog. mod.) ville d’Italie, dans l’île de Sardaigne, sur sa côte orientale, au fond d’un golfe de même nom. Elle a eu dans le sixieme siecle un évêché qui a été réuni à celui de Castel-Aragonèse. Long. 27. 18. latit. 41. 4. (D. J.)

Terra-nuova, (Géog. mod.) petite ville d’Italie, en Sicile, dans la vallée de Noto, sur la côte méridionale, à l’embouchure de la riviere de même nom, où elle a un petit port. C’est la Gela des anciens. Long. 31. 52. latit. 37. 12. (D. J.)

Terra-nuova Fiume di, (Géog. mod.) riviere de Sicile, dans le val de Noto. Elle a sa source près de Piazza-Vecchia, & se jette dans la mer, à la gauche de la ville de son nom. Cette riviere est le fleuve Gela des anciens. (D. J.)

TERRACINE, (Géog. mod.) petite ville d’Italie, dans l’état de l’Eglise, aux confins de la campagne de Rome & de la terre de Labour. Elle est située à quelques milles de la mer, & à soixante de Rome, sur la pente d’une montagne, & au milieu d’un pays le plus fertile de toute l’Italie ; cependant Terracine est pauvre & dépeuplée, comme tout le pays voisin. Sa seule décoration est un évêché qui ne releve que du pape. Long. 30. 48. latit. 41. 19.

J’ai dit que sa seule décoration étoit son évêché ; mais il faut joindre à la gloire de Terracine son antiquité. Les Grecs la nommerent Trachina, du mot grec qui signifie âpre, rude, à cause des rochers sur lesquels elle est située, & qui la rendent de difficile accès. Ce nom de Trachina s’est transformé par corruption en celui de Terracina.

Les Volsques à qui cette ville appartenoit, la nommerent Anxur, ou plutôt Axur, nom de Jupiter dans la langue de ces peuples, & cette ville étoit sous la protection de ce dieu. On a une médaille de Jupiter Axurus, où il est représenté avec une grande barbe.

Il avoit dans cette ville un magnifique temple, dont les débris ont servi à la construction de l’église cathédrale de Terracine. Tous les environs de la ville étoient embellis de maisons de plaisance du tems des Romains. Les choses ont bien changé de face ; car toute la campagne des environs est aujourd’hui misérable ; cependant le lecteur peut s’amuser à lire l’histoire latine de Terracine ancienne & moderne donnée par (Dominico Antonio) Contatore, & imprimée à Rome en 1706 in-4°. (D. J.)

TERRAGE, s. m. (Gram. & Jurisprud.) est une redevance annuelle qui se paye en nature sur les fruits que la terre a produit.

Quand il tient lieu du cens il est seigneurial.

Quand il est dû à un autre qu’au seigneur, il n’est considéré que comme une rente fonciere.

Ce droit est la même chose que ce qu’on appelle ailleurs champart, ou agrier. Voyez ci-devant Champart, & les coutumes de Mantes, Berry, Chartres, Orléans, Blois, Ponthieu, Boulenois, Cambray, Aire, Hesdin, &c.

TERRAGEAU, s. m. (Gram. & Jurisprud.) c’est le seigneur auquel appartient le droit de terrage ou champart. Voyez Terrage, Terrager, Terrageur.

TERRAGER, s. m. (Gram. & Jurisprud.) signifie lever le terrage ou champart. On entend aussi quelquefois par terrager, celui qui tient une terre à charge de terrage. Voyez la coutume de Poitou, art. 64. 82. S. Jean d’Angely, art. 18.

TERRAGERESSE, grange, (Gram. & Jurisprud.) est le lieu où l’on est obligé de porter le terrage dû au seigneur. Voyez Terrage.

TERRAGEUR, s. m. (Gram. & Jurisprud.) est le seigneur ou autre qui a droit de terrage ou champart ; on l’appelle ailleurs terrageau.

Quelquefois pour terrageur, on entend le préposé du seigneur, & qui leve pour lui le terrage. Voyez la coutume d’Artois, article 62. (A)

TERRAGNOLE, adj. (terme de Manége.) épithete qu’on donne à un cheval qui a les mouvemens trop retenus, & trop près de terre, qui est chargé d’épaules, & qui a de la peine à lever le devant. (D. J.)

TERRAILLE, s. f. (Poterie.) poterie assez fine, jaunâtre ou grisâtre, qui se fabrique à Escrome près le pont du Saint-Esprit, petite ville de France située sur le Rhône ; les fayanciers de Paris l’appellent terre du Saint-Esprit. Savary. (D. J.)

TERRAIN, voyez Terrein.

TERRAON, ou TORRAON, (Géog. mod.) petite ville, & pour mieux dire, bourg de Portugal, dans l’Alenteio, sur la route de Béja à Lisbonne, au bord de la riviere Exarrama. On a trouvé dans ce bourg quelques anciennes inscriptions, entre autres la suivante qui a été faite par la grande prêtresse de la province à l’honneur de Jupiter. Jovi O. M. Flavial. F. Rufina. Emeritensis Flaminica Provinc. Lusitaniæ. Item. Col. Emeritensis. Perpet. & Municipi. Salac. D. D. (D. J.)

TERRAQUÉE, adj. (Phys. & Géogr.) épithete que l’on donne au globe de la terre, en tant qu’il consiste en terre & en eau, qui forment ensemble toute sa masse. Voyez Globe, Géographie, & Terre.

Quelques philosophes, & en particulier le docteur Burnet, disent que la forme du globe terrestre est grossiere, d’où ils inferent qu’il est très-absurde de croire qu’il soit sorti en cet état des mains du Créateur ; de sorte que pour le rendre tel qu’il est aujourd’hui, ils ont recours au déluge. Voyez Déluge.

Mais d’autres prétendent qu’il y a un art admirable, même dans ce desordre apparent ; & en particulier M. Derham soutient que la distribution de la terre & de l’eau, ne peut être que l’ouvrage d’une intelligence suprème ; l’une étant jointe à l’autre avec tant d’art & de justesse, que tout le globe se trouve dans un équilibre parfait, que l’océan septentrional balance l’océan méridional, que le continent de l’Amérique fait le contre poids de celui de l’Europe ; le continent d’Afrique, de celui de l’Asie. Voyez Océan, &c.

Comme on pouvoit lui objecter que les eaux occupent une trop grande partie du globe, & qu’il