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qu’elle ouvre en poussant de haut-en-bas. Voyez Soupape, Sommier de positif, auquel celui-ci ressemble, avec cette seule différence que la laye, voyez Laye, est ici en dessous ; au lieu qu’au sommier du positif elle est en-dessus ; du reste les soupapes, leurs ressorts & les pilotes sont disposées de même. L’extrémité antérieure des touches a des pointes cccc qui portent sur les notes des cilyndres ; ensorte que lorsque l’on tourne le cilyndre, & que les notes dont il est entouré, se présentent aux pointes des touches, elles font lever ces dernieres, & par conséquent baisser la pilote qui est attachée à l’autre extrémité de la touche, laquelle ouvre la soupape qui laisse passer le vent aux tuyaux. Voyez la description du cylindre noté à l’article Carillon.

Le soufflet double Mm est comprimé en en-bas, afin de chasser l’air qu’il contient dans la laye, lorsque le soufflet inférieur aspire par les deux ressorts de fil de fer élastiques SS. Ce soufflet a aussi une soupape T qui s’ouvre de dedans en-dehors : cette soupape est tenue fermée par le ressort de fil de fer V, & elle ne s’ouvre que lorsque l’air contenu dans les soufflets est condensé jusqu’à un certain point, passé lequel, si elle ne s’ouvroit pas, le soufflet seroit en danger de crever : ce qui ne manqueroit pas d’arriver, lorsque l’on tourne rapidement la manivelle ; mais au moyen de cette soupape, cet accident n’est point à craindre.

Au reste il ne faut nulle science pour jouer de cet instrument ; la seule attention qu’il faut avoir est de tourner la manivelle d’un mouvement égal & proportionné à celui des airs qui sont notés sur le cylindre, lesquels s’exécutent aussi facilement à 2, 3, 4 ou 5 parties qu’à une seule. Voyez Carillon & la figure de la serinette, Pl. de Lutherie.

SERINGUE, arbre, (Botan. exot.) c’est ainsi que cet arbre de la Guiane est nommé par les portugais du Para, pao de xiringa, c’est-à-dire, bois de seringue. Les habitans de la province d’Esmeraldas, au nord-est de Quito, l’appellent hhévé, & les Maïnas le nomment caoutchoue du nom de la résine singuliere qu’on en tire. Voyez Résine caoutchoue.

Cet arbre est fort haut & très-droit ; il n a qu’une petite tête, & nulles autres branches dans la longueur ; les plus gros ont environ deux piés de diametre ; on ne voit aucune de ses racines hors de terre. Sa feuille est assez semblable à celle du manioc ; elle est composée de plusieurs feuilles sur une même queue ; les plus grandes qui sont au centre, ont environ trois pouces de long sur trois quarts de pouce de large ; elles sont d’un verd clair en-dessus, & d’un verd plus pâle en-dessous. Son fruit est triangulaire, à-peu-près semblable à celui du palma Christi, mais beaucoup plus gros ; il renferme trois semences oblongues, brunes, dans chacune desquelles on trouve une amande.

Ces amandes étant pilées & bouillies dans l’eau, donnent une huile épaisse en forme de graisse, de laquelle les Indiens se servent au lieu de beurre pour préparer leurs alimens. Le bois de l’arbre est léger & liant ; & comme il vient très-droit & très-haut, il peut servir utilement à faire de petits mâts d’une piece, ou des meches pour les gros mâts.

Pour en tirer le suc laiteux ou la résine, on lave le pié de l’arbre, & on y fait ensuite plusieurs entailles qui doivent pénétrer toute l’écorce : ces entailles se placent les unes au-dessus des autres, & au-dessous de la plus basse on mastique une feuille de balisier ou quelqu’autre semblable, qui sert de gouttiere pour conduire le suc laiteux dans un vase placé pour le recevoir.

Pour employer ce suc, on en enduit des moules préparés pour cela, & aussitôt que cet enduit y est appliqué, on l’expose à la fumée épaisse d’un feu

qu’on allume à cet effet, prenant garde surtout que la flamme ne l’atteigne : ce qui feroit bouillonner la résine, & formeroit des petits trous dans le vase qu’on en veut faire. Dès qu’on voit que l’enduit a pris une couleur jaune, & que le doigt ne s’y attache plus, on retire la piece, & on y met une seconde couche qu’on traite de même, & on en ajoute jusqu’à ce qu’elle ait l’épaisseur qu’on veut lui donner ; alors, avant de la dessécher entierement, on y imprime avec des moules de bois taillés pour cela, tous les ornemens qu’on juge à-propos d’y ajouter.

Si le vaisseau qu’on veut faire de cette résine, doit avoir une embouchure étroite, comme, par exemple, une bouteille, on fait le moule avec de la terre grasse ; & quand la résine est desséchée, on le casse en pressant la bouteille, & on y introduit de l’eau pour délayer les morceaux du moule, & les faire sortir par les goulots.

En étendant cette résine sur de la toile, on la peut substituer aux toiles goudronnées, desquelles on fait des prelarts, des manches de pompe, des habits de plongeur, des outres, des sacs pour renfermer du biscuit en voyage ; mais tout ce qu’on voudra faire de cette résine, doit être fait sur le lieu même où sont les arbres, parce que le suc laiteux se desseche & s’épaissit très-promptement, lorsqu’il est tiré de l’arbre : ce sera un objet de commerce exclusif pour la colonie qui possede cette espece de petit trésor.

Les ouvrages faits avec le catoutchoue sont sujets, lorsqu’ils sont récens, à s’attacher les uns aux autres, surtout si le soleil donne dessus ; mais en frottant l’enduit frais avec du blanc d’Espagne, de la cendre, ou même de la poussiere, on prévient cette adhérence incommode, & on fait par le même moyen, prendre sur le champ à l’ouvrage une couleur brune, qu’il ne pourroit acquérir qu’à la longue.

Tous les sucs laiteux tirés de quelques autres arbres du Para peuvent servir à-peu-près au même usage que celui de l’arbre seringue ; mais le suc de ce dernier surpasse tellement les autres, tant par son élasticité que par la propriété de s’attacher plus intimement aux corps sur lesquels on l’applique, qu’on lui a donné la préférence, & que les Portugais n’en emploient point d’autre.

On parvient à dissoudre la résine caoutchoue, en la mêlant avec l’huile de noix, & la laissant longtems en digestion à un feu de sable fort doux. Hist. de l’acad. des Scienc. année 1751. (D. J.)

Seringue, s. f. (Chirurg.) cylindre creux avec un piston garni à sa tête de filasse, de feutre ou de castor, bien uni & graissé, pour en remplir exactement la capacité, glisser facilement dedans, & pousser quelque liqueur dans une cavité, ou en pomper les matieres purulentes. Il y a des seringues qui contiennent une chopine ou seize onces de liquide ; d’autres pour injecter les plaies, les ulceres, les fistules, l’uréthre, la vessie, le vagin, la poitrine ; par conséquent il faut en avoir de différentes grandeurs. Celles qui servent à faire des injections dans la vessie, dans la poitrine & dans les grands abscès, sont ordinairement longues de quatre pouces & demi, sur un pouce neuf lignes de diametre, fig. 4. Pl. XXXI. On en a de plus petites par degrés, à proportion des cavités qu’on veut injecter. La plûpart de ces seringues sont d’étain ; leurs siphons ou canules qui s’adaptent à l’extrémité antérieure du cylindre, sont plus ou moins longs, gros ou menus, droits ou recourbés, suivant le besoin. Quelques-unes ont le bout fait en poire, percé de petits trous, afin que la liqueur en sorte comme d’un arrosoir ; tel est celui qu’on emploie pour le vagin, fig. 6 & 7. Les petites seringues n’ont pour siphon qu’un petit tuyau pyramidal, soudé ou monté à vis au milieu de l’extrémité antérieure du cylindre, fig. 8 & 9. Le piston de toutes les seringues, excepté de celles