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bonnes villes d’Afrique par son commerce. Long. 9. 52. latit. 29. 18. (D. J.)

TARUIDUM, ou TARUEDUM, (Géog. anc) promontoire de la Grande Bretagne. Ptolomée, l. II. c. iij. le marque sur la côte septentrionale après l’embouchure du fleuve Nabœus. On croit que c’est présentement Dungisbehéad en Etolie, dans la province de Cathnet. (D. J.)

TARUNTIUS, s. m. (Astronom.) c’est le nom de la quarantieme tache de la lune, suivant le catalogue que le p. Riccioli nous en a donné dans sa sélénographie. (D. J.)

TARUS, (Géog. anc.) fleuve d’Italie, dans la Gaule cispadane, selon Pline, l. III. c. xvj. Il a conservé son nom ; on l’appelle Taro. (D. J.)

TARUSATES, (Géog. anc.) peuple de la Gaule aquitanique, & dont César, liv. III. ch. xxiij. & xxvij. fait mention. M. Samson, dans ses remarques sur la carte de l’ancienne Gaule, dit : on ne dispute presque plus aujourd’hui que le pays des Tarusates ne soit le Tursau, & Aire est la capitale du Tursau. (D. J.)

TARY, s. m. (terme de relation.) c’est ainsi que les voyageurs appellent la liqueur qui distille des cocotiers ; c’est le seul vin que l’on recueille dans le pays de Malabar, & même dans toute l’Inde ; car la liqueur qui se tire des autres especes de palmiers, est presque de même nature que celle qui sort du cocotier. Ce vin n’est pas à beaucoup près si agréable que celui que l’on exprime des raisins, mais il enivre tout de même. Quand il est récemment tiré, il est extrèmement doux ; si on le garde quelques heures, il devient plus piquant, & en même tems plus agréable ; il est dans sa perfection du soir au matin ; mais il s’aigrit au bout de vingt-quatre heures.

On n’a point dans les Indes d’autre vinaigre que celui-là. En distillant le jus du cocotier, lorsqu’il est parvenu à sa plus grande force, & avant qu’il ait commencé de contracter de l’aigreur, on en fait d’assez bonne eau-de-vie ; on peut même la rendre très forte en la passant trois fois par l’alembic.

Les Brésiliens ne s’adonnent point, comme les Indiens, à tirer le tary des cocos ; ils n’en font pas non plus d’eau-de-vie, parce que les cannes de sucre leur en fournissent suffisamment, & que d’ailleurs on leur en porte beaucoup de Lisbonne qui est bien meilleure que celle qu’ils pourroient faire. (D. J.)

TAS, MONCEAU, s. m. (Synonym. Gram.) ils sont également un assemblage de plusieurs choses placées les unes sur les autres, avec cette différence que le tas peut être rangé avec symmétrie, & que le monceau n’a d’autre arrangement que celui que le hazard lui donne.

Il paroît que le mot de tas marque toujours un amas fait exprès, afin que les choses n’étant point écartées, occupent moins de place, & que celui de monceau ne désigne quelquefois qu’une portion détachée par accident d’une masse ou d’un amas.

On dit un tas de pierres, lorsqu’elles font des matériaux préparés pour faire un bâtiment : & l’on dit un monceau de pierres, lorsqu’elles sont les restes d’un édifice renversé.

Tas se dit également au figuré en prose & en vers : l’orateur ne doit point étouffer ses pensées sous un tas de paroles superflues.

Un tas d’hommes perdus de dettes & de crimes.

Corneille.

Quoiqu’un tas de grimauds vantent notre éloquence,
Le plaisir est pour nous de garder le silence.

Despreaux.

(D. J.)

Tas, (Architect.) c’est le bâtiment même qu’on

éleve. On dit retailler une pierre sur le tas, avant que de l’assurer à demeure. (D. J.)

Tas de charge, (Architect. Coup. de pierres.) c’est une saillie de pierres dont les lits avançant les uns sur les autres, font l’effet d’une voûte ; de sorte qu’il faut des pierres longues pour balancer la partie qui est sans appui. Mais ce genre d’ouvrage n’est bon qu’en petit, ou seulement pour les premieres pierres de la naissance d’une voûte. On voit de tels ouvrages au château de Vincennes près Paris, pour porter les creneaux.

Tas, (Arts méchaniques.) espece d’enclume sans talon ni bigorne, & par conséquent quarrée. Il y en a de différentes grosseurs. Le tas des Orfevres sont plus forts que ceux des autres ouvriers. Un gros tas se forge, comme l’enclume, & s’aciere de même. Pour faire un tas à queue, on soude plusieurs barres de fer ensemble de la longueur & grosseur qu’on se propose de donner au tas. On commence par corroyer deux barres, puis davantage, pour parvenir à ce qu’on appelle enlever le tas ; cela fait, on tourne une virole de fer plat autour du bout des barres corroyées, pour former la tête du tas & lui donner plus de largeur qu’au reste du corps de la piece, & empêcher en même tems que les barres soudées ensemble ne s’écartent par quelque défaut de soudure, ce qui n’arrive que trop souvent, ou par la mauvaise qualité du fer, ou par la négligence du forgeron qui laisse des crasses entre les fers ; on prépare ensuite la table du tas, comme celle de l’enclume ; on prend une barre d’acier quarré que l’on dresse eu petites billes de la longueur d’un pouce & demi ; on les range debout toutes les unes à côté des autres, selon l’étendue de la table ; on les entoure d’une bande de fer plat que l’on nomme à maréchal ; cette bande tient les billes pressées ; on les soude, on les corroie ; la barre de fer qui les ceint, s’appelle étrier ; on laisse à l’étrier une queue qu’on nomme résigard : cette queue sert à manier la piece au feu & sur l’enclume ; après qu’on a soudé & corroyé les billes, on coupe avec la tronche l’étrier tout-au-tour, excepté à l’endroit où le résigard tient à la table, parce que c’est par le moyen de cette queue que l’on portera la table sur le tas ; on soude la table au tas ; cela fait, on sépare la queue. Il y a une autre maniere de faire la table d’un tas ; on prend une longue barre d’acier que l’on tourne plusieurs fois sur elle-même, jusqu’à ce que ses circonvolutions aient pris l’étendue que l’on veut donner à la table ; on y soude ensuite une barre de fer plat pour empêcher l’acier de brûler, lorsqu’on soudera la table au tas. On en fait autant aux têtes des marteaux.

Il y a des tas de différens noms, des tas à carreler, à embouter.

Ils servent à un grand nombre d’ouvriers différens. Voyez les articles suivans.

Tas, en terme de Boutonnier, c’est une espece de petite enclume à queue qui entre dans un billot, dont la partie grosse & ronde est gravée au milieu du bord d’un trou d’une certaine grandeur, lequel l’est lui-même d’un dessein en creux, dans son fond, pour imprimer ce dessein sur la calotte. On a plusieurs tas de différens desseins & grandeurs, selon l’exigence des cas. Voyez Calotte.

Tas, (Coutellerie.) instrument dont se servent les Couteliers pour retenir les mitres des couteaux de table, c’est-à-dire, y former ce rebord qui est entre la lame du couteau & la soie ou qui sert à l’emmancher. Savary.

Tas a planer, (outil de Ferblantier.) c’est un morceau de fer quarré dont la face de dessus est fort unie & polie, & la face de dessous est faite en queue, pour être posée & assujettie sur un billot. Les Ferblantiers s’en servent pour planer & emboutir les