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à-vis du promontoire Cory. Ce promontoire est placé par Ptolomée, entre l’Inde & le Gange, plus près de l’Inde, que du Gange. Cette île Taprobane étoit divisée par la ligne équinoxiale en deux parties inégales, dont la plus grande étoit dans l’hémisphere boréal, s’étendant jusqu’à 12 ou 13 degrés de latitude boréale. La plus petite partie étoit dans l’hémisphere austral, s’étendant jusqu’à deux degrés & demi de latitude australe. Autour de cette île, il y avoit 1378 petites îles parmi lesquelles il s’en trouvoit dix-neuf plus considérables, dont le nom étoit connu en occident.

Le promontoire Cory ne sauroit être autre que celui qui est appellé présentement Comori ou Comorin, qui est aussi entre l’Inde & le Gange, & plus près de l’Inde que du Gange. Vis à-vis ce cap, il n’y a pas présentement une aussi grande île que la Taprobane qui soit divisée par l’équinoxial, & environnée de 1378 îles : mais il y a une multitude de petites îles appellées Maldives, que les habitans disent être au nombre de 12000, suivant la relation de Pirard qui y a demeuré cinq années ; ces îles ont un roi, qui se donne le titre de roi de treize provinces, & de douze mille îles.

Chacune de ces treize provinces est un amas de petites îles, dont chacune est environnée d’un grand banc de pierre, qui la ferme tout-au-tour comme une grande muraille : on les appelle attolons. Elles ont chacune trente lieues de tour, un peu plus ou un peu moins, & sont de figure à-peu-près ovale. Elles sont bout à bout l’une de l’autre, depuis le nord jusqu’au sud ; & elles sont séparées par des canaux de mer, les unes larges, les autres fort étroites. Ces bancs de pierre qui environnent chaque attolon, sont si élevés, & la mer s’y rompt avec une telle impétuosité, que ceux qui sont au milieu d’un attolon, voient ces bancs tout-au-tour avec les vagues de la mer qui semblent hautes comme des maisons. L’enclos d’un attolon n’a que quatre ouvertures, deux du côté du-nord, & deux du côté du sud, dont une est à l’est, l’autre à l’ouest, & dont la plus large est de deux cens pas, & la plus étroite un peu moins de trente. Aux deux côtés de chacune de ces entrées, il y a des îles, mais les courans & les plus grandes marées en diminuent tous les jours le nombre.

Pirard ajoute, qu’à voir le dedans d’un de ces attolons, on diroit que toutes ces petites îles, & les canaux de mer qu’il enferme, ne sont qu’une plaine continue, & que ce n’étoit anciennement qu’une seule île coupée depuis en plusieurs. On voit presque par-tout le fond des canaux qui les divisent, tant ils sont peu profonds, à la reserve de quelques endroits ; & quand la mer est basse, l’eau n’y monte pas à la ceinture, mais seulement à mi-jambe presque par-tout. Il y a un courant violent & perpétuel, qui, depuis le mois d’Avril jusqu’au mois d’Octobre, vient impétueusement du côté de l’ouest, & cause des pluies continuelles qui y font l’hiver ; pendant les autres six mois, les vents sont fixes du côté de l’est, & portent une grande chaleur, sans qu’il y pleuve jamais, ce qui cause leur été. Au fond de ces canaux, il y a de grosses pierres, dont les habitans se servent à bâtir, & il y a quantité de broussailles, qui ressemblent au corail : ce qui rend extrèmement difficile le passage des bateaux par ces canaux.

Linscot témoigne que, suivant les Malabares, ces petites îles ont été autrefois jointes à la terre ferme, & que par la succession des tems, elles en ont été détachées par la violence de la mer, à cause de la bassesse du terrein. Il y a donc apparence que les Maldives sont un reste de la grande île Taprobane, & des 1378 îles qui l’environnoient, qui ont été emportées par les courans, sans qu’il en soit resté autre chose que ces rochers, qui devoient être autrefois

les bases des montagnes ; de sorte qu’elle n’est plus capable que de diviser les terres qui sont enfermées en-dedans de leur circuit. Il est du-moins certain que ces îles ont la même situation à l’égard de l’équinoxial, & à l’égard du promontoire, & de l’Inde & du Gange, que Ptolomée assigne à divers endroits de l’île Taprobane.

Les anciens ont donné plus d’un nom à cette île, mais celui de Taprobane est le plus célebre. On l’a appellée l’île de Palæsimundi ; & on l’a quelquefois nommée Salice. (D. J.)

TAPSEL, s. m. (terme de Commerce.) c’est une grosse toile de coton rayée, ordinairement de couleur bleue, qui vient des Indes orientales, particulierement de Bengale. (D. J.)

TAPSIE, s. f. (Hist. nat. Botan.) tapsia ; genre de plante à fleur en rose & en ombelle, composée de plusieurs pétales disposés en rond, & soutenus par un calice, qui devient dans la suite un fruit composé de deux semences longues, striées, & entourées d’une grande aîle plate & échancrée le plus souvent de chaque côté. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

TAPSUS, (Géog. anc.) selon Virgile, Æneid. liv. III. v. 689. & Thapsus selon Theucydide ; péninsule de la partie de Sicile, qu’on nomme Val-di-Noto ; elle est à dix-huit milles d’Agouste, sur la côte orientale, entre Hylla paroa, ou Megara, vers le nord, & Syracuse vers le midi. Cette péninsule, à laquelle le P. Catrou donne le nom d’île, est si basse & si enfoncée dans la mer, qu’on la croiroit ensevelie dans les flots. On l’appelle aujourd’hui Isola delli Manghisi. Il y avoit anciennement une petite ville de même nom sur l’isthme ; Plutarque en parle dans la vie de Nicias. (D. J.

TAPTI, le, ou TAPHI, (Géog. mod.) riviere des Indes, dans les états du Mogol. Elle a sa source aux confins des provinces de Candish & de Balagate, & se jette auprès de Surate dans le golphe de Cambaye. (D. J.)

TAPUYAS, (Géog. mod.) nom commun à plusieurs nations sauvages de l’Amérique, au Brésil. Ces peuples habitent dans les terres, sans avoir ni bourgades, ni villages, ni demeures fixes. Ils sont grands, robustes, hardis & redoutés des européens. (D. J.)

TAPYRA COAYNANA, s. m. (Hist. nat. Botan. exot.) grand arbre du Brésil, dont les branches s’étendent au loin, & dont l’écorce est cendrée ; ses feuilles sont opposées les unes aux autres, placées sur des pédicules fort courts, & semblables à celles du séné. Ses fleurs forment des épis, & ont cinq pétales à trois petites cornes semi-lunaires, qui s’élevent avec les étamines.

Il succede à ces fleurs des siliques vertes avant que d’être mûres, noires ou brunes dans la maturité, inclinées vers la terre, longues d’environ un pié, & tant-soit-peu recourbées. Ces siliques sont dures, ligneuses, & ne se brisent que sous le marteau ; elles sont composées d’un grand nombre de cellules, de la capacité d’une plume, séparées par des cloisons, & contenant chacune une amande de la figure & de la grosseur de celles de l’amandier, blanches, tirant sur le jaune, unies, luisantes, dures comme de la corne, & couvertes d’une pulpe glutineuse, noirâtre, semblable à la casse, amere & desagréable au goût, astringente dans sa verdeur, & laxative dans sa maturité.

Le tapyra-coaynana est proprement le cassier du Brésil, & sa pulpe purge mieux que celle du cassier d’Egypte ; aussi cet arbre est-il nommé cassia fistula Brasiliana, par C. B. P. solativa Brasiliana Park. cassia fistula Brasiliana, flore incarnato, par Breynius. (D. J.)