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mens qui d’ordinaire sont trop rigoureux, inhumains, & même dangereux, car il peut se faire qu’un negre soit réellement incommodé. Le moyen le plus prudent & le plus conforme à l’humanité, est de faire enfermer le malade douteux dans une infirmerie bien close, en le privant pendant vingt quatre heures de toute nourriture, & sur-tout de tabac à fumer dont les negres ne peuvent se passer ; & comme ils abhorrent les remedes d’eau tiéde, il n’est pas hors de propos d’en faire donner trois ou quatre au prétendu malade, en lui laissant un pot de tisanne dont il peut boire à volonté. Un pareil traitement ne doit pas satisfaire un homme en bonne santé, & devient un préparatif nécessaire à celui qui réellement est malade : par ce moyen qui a été pratiqué plusieurs fois avec succés, on arrête le desordre, & l’on ne commet point d’injustice. Les maîtres prudens, humains, & qui sans bassesse, entendent leurs intérêts, ne peuvent trop ménager leurs esclaves ; ils y sont obligés par la loi & encore plus par les sentimens de leur conscience. Lisez l’extrait du code noir, dans l’article Negres considerés comme esclaves.

Il est difficile de fixer au juste le revenu annuel d’une sucrerie. L’exposition du terrein, l’inégalité des saisons, les maladies des negres, plusieurs accidens imprévus, & les variations du prix des sucres occasionnent des différences considérables. Ainsi on ne croit pas pouvoir certifier, qu’une habitation de cent cinquante quarrés en bon état, ayant un moulin à eau, cinq chaudieres montées dans la sucrerie, & bien exploitée par cent vingt negres, doit produire année commune, quarante-cinq à cinquante mille livres. Article de M. Le Romain.

SUCRIER, s. m. (Sucrerie.) les sucriers sont des ouvriers qui travaillent dans les sucreries ; il y a deux sortes de principaux ouvriers dans les sucreries des îles françoises de l’Amérique ; les uns que l’on appelle simplement sucriers, les autres que l’on nomme raffineurs : les sucriers sont ceux qui purifient le vesou ou suc de cannes, qui le cuisent, & qui en font le sucre brut : les raffineurs sont ceux qui travaillent sur le sucre blanc, c’est-à-dire, qui le raffinent. On appelle aussi sucriers, ceux qui font le commerce du sucre, & qui ont une sucrerie. (D. J.)

Sucrier, (Orfévrerie.) vaisseau d’argent, d’autre métal ou de fayance, composé d’un corps, d’un fond & d’un couvercle fait en forme de dôme, lequel est percé proprement de petits trous au-travers desquels passe le sucre quand on renverse le sucrier. Scarron reproche à sa sœur d’avoir fait apetisser les trous de son sucrier par économie. (D. J.)

SUCRO, (Géogr. anc.) fleuve de l’Espagne tarragonnoise. Il est marqué dans le pays des Contestani par Ptolomée, l. II. c. vj. qui place son embouchure entre le port Illicitatus, & l’embouchure du fleuve Pallantia. Strabon, l. III. p. 158. met à l’embouchure de ce fleuve une ville de même nom, que Ptolomée passe sous silence ; mais Pline, l. III. c. iij. nous en donne la raison, c’est que cette ville ne subsiste plus. Sucro fluvius, dit-il, & quondam opidum. Il ajoute que le Sucro faisoit la borne de la Contestanie, qui commençoit à Carthage la neuve ; & il s’accorde en cela avec Ptolomée.

Cette riviere, selon Strabon, sortoit des montagnes qui s’étendent au nord de Malaca & de Carthage : on pouvoit la passer à gué, & elle étoit presque parallele avec l’Iberus, dont elle étoit un peu plus éloignée que de Carthage. C’en est assez pour nous faire connoître que cette riviere est présentement le Xucar. Le Sucro donna le nom à la bataille qui fut livrée entre Pompée & Sertorius, & qui fut appellée sucronensis pugna. (D. J.)

SUCU, s. m. (Hist. nat. Botan. exot.) espece de pommier fort commun à la province de Canton à la

Chine. Son fruit est un peu plus gros que les renettes ; il est presque rond, & de couleur rougeâtre ; on le seche comme nos figues, afin de le conserver toute l’année.

SUD, (Géogr. mod.) l’un des quatre points cardinaux. Il est distant de 90 des points est & ouest, & de 180 du nord, auquel il est par conséquent diamétralement opposé.

Sud-est ; c’est la plage qui tient le milieu entre l’orient & le midi. Le vent qui souffle de ce côté porte aussi ce nom, & ceux d’eurauster, ou notapépéliotes.

Sud-est quart-à-l’est ; nom de la plage qui décline de 38°. 45′. de l’orient au midi. Le vent qui souffle de ce côté est ainsi appellé. On le nomme aussi meseurus.

Sud-est quart-au sud ; c’est le nom de la plage qui décline de 33°. 45′. du midi à l’orient, & celui du vent qui souffle de cette partie du monde, & qu’on appelle aussi hypophoenix.

Sud-ouest ; plage qui tient le milieu entre le midi & l’occident. Le vent qui souffle de ce côté, porte le même nom ; en latin ceux d’africus, notolybicus, notozephyrus.

Sud-ouest quart-à-l’ouest ; nom de la plage qui est à 33°. 45′. du midi à l’occident. C’est aussi le nom du vent qui souffle de ce côté, qu’on nomme en latin hypafricus, hipolibs, subvespetus.

Sud-ouest quart-au-sud ; plage qui décline de 33°. 45′. de l’occident au midi. Le vent qui souffle de ce côté porte le même nom, & en latin celui de mesolibonotus.

Sud-quart-au-sud-est ; nom de la plage qui est à 11°. 15′. du midi à l’orient, & du vent qui souffle de ce côté, connu aussi sous le nom de mesophoenix.

Sud-quart-au-sud-ouest ; plage qui est à 11°. 15′. du midi à l’occident. Outre ce nom, le vent qui souffle de ce côté est encore connu sous celui d’hypolibonotus ou alsanus.

Sud-sud-est ; nom de la plage de 22°. 30′. du midi à l’orient, & du vent qui vient de cette partie du monde qu’on nomme aussi gangeticus, leuconotus, phoenicias.

Sud-sud-est ; c’est la plage qui décline de 22°. 30′. du midi à l’occident. Le vent qui souffle de ce côté, porte le même nom, & en latin ceux de austro-africus, libonotus, notolybicus. (D. J.)

Sud, compagnie angloise du, (Com. & Hist. mod. d’Angl.) bien des lecteurs seroient fâchés de ne pas trouver ici un précis de l’histoire d’une compagnie qui a fait tant de bruit, ce qui peut-être dans son origine, fut moins un véritable établissement de commerce, qu’un système de politique, pour trouver un secours prompt & suffisant dans les pressans besoins de l’Angleterre épuisée par ses longues guerres contre la France, & cependant animée du desir de les soutenir glorieusement par de nouveaux efforts, vu le succès de ses armes au commencement de ce siecle.

Quoi qu’il en soit, le parlement d’Angleterre tenu en 1710, sous la reine Anne, ayant pris connoissance des dettes de la nation, tâcha d’y pourvoir. Ou trouva que ces dettes montoient en capital à 8 millions 47 mille 264 livres sterl. environ 183 millions 84 mille 256 livres de France. On s’avisa donc pour y remédier de former une compagnie qui auroit le commerce des mers du sud par préférence, & à l’exclusion de tous autres, à condition qu’elle se chargeroit d’acquitter les dettes de la nation, moyennant que le parlement lui accordât les fonds suffisans pour payer les intérêts aux particuliers jusqu’au remboursement du capital, qui seroit produit par ledit commerce. Ceux à qui appartenoient ces dettes publiques pourroient, à leur choix, être de cette com-