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peu-près dans le sens contraire, ce qui rendoit le spiral presque en ligne droite  ; il faisoit donc six tours par ces premieres vibrations qui alloient en diminuant d’étendue jusqu’à ce qu’elles s’arrêtassent.

J’ai répété cette expérience plusieurs fois  ; je n’ai vu aucune altération dans l’élasticité du spiral  ; donc à plus forte raison, ne la perdra t-il pas dans les montres où les plus grandes tensions ne vont jamais à un tour. (Article de M. Romilly, Horlog.)

SPIR, val de, (Géog. mod.) en latin Vallis Asperia ; vallée de France dans le Roussillon, arrosée par le Tec, en latin Tedis, & environnée des Pyrénées de tous côtés, excepté du côté de l’orient. Le val de Spir étoit autrefois un comté qui a appartenu aux comtes de Cerdagne ; ce n’est aujourd’hui qu’une sous-viguerie de Perpignan. Le principal lieu de cette vallée est Prats de Moillo, que Louis XIV. a fait fortifier, & qui l’avoit déja été anciennement en 1232. (D. J.)

SPIRACULA ou CHARONEÆ SCROBES, (Géog. anc.) Pline, l. II. c. xciij. appelle ainsi des lieux ou des cavernes qui exhaloient des vapeurs empestées, capables de donner la mort seulement aux oiseaux, comme une caverne du mont Soracte, au voisinage de Rome ; ou capables de la donner à toutes sortes d’animaux, à l’exception de l’homme, comme on trouvoit quelques-unes de ces cavernes en différens endroits ; ou qui quelquefois la donnoient même aux hommes, comme les cavernes des territoires de Sinuessa & de Pouzzol. Il est parlé dans Séneque, natur. quæst. l. VI. c. xxviij. des cavernes d’Italie, dont les exhalaisons étoient fatales aux oiseaux, & dangereuses pour les autres animaux, & même pour les hommes.

Près de Naples, on voit une caverne, dont on a parlé dans ce Dictionnaire, appellée par les Italiens Grotta del cane, c’est-à-dire, la Grotte du chien, parce que si on y jette un chien, il perd sur le champ tout mouvement & tout sentiment, jusqu’à ce qu’on le plonge dans une eau voisine qui lui fait reprendre les esprits, & lui rend, pour ainsi dire, la vie : d’un autre côté, cette vapeur ne nuit point aux hommes. Enfin la caverne du territoire de Pouzzol, dont Pline fait mention, se trouve encore aujourd’hui à la gauche du lac d’Agnani, appellé vulgairement lago Agnano. (D. J.)

SPIRARE AMORES, (Littérature.) respirer les amours ; dans le style des Grecs & des Latins n’est pas ce que nous entendons, en disant, respirer l’amour. Ces deux façons de parler sont entierement différentes, & signifioient des choses fort opposées. Spirare amores, & en grec, πνεῖν ἒρωτας, respirer les amours, c’est-à-dire, les faire sortir de ses yeux, de sa bouche, &c. ne dire pas une parole, ne pousser pas un soupir, ne donner pas un coup-d’œil qui ne fasse naître l’amour, & n’allume cette passion. Notre langue n’a point de terme qui puisse bien exprimer cela. Horace disoit à Lycé :

Quo fugit Venus ? Heu ! quove color decens ?
Quo motus ? Quid habes illius, illius,
Quæ spirabat amores,
Quæ me surpuerat mihi.


« Hélas ! qu’est devenu cette fleur de jeunesse, ce gracieux coloris, ces manieres enjouées & engageantes qui animoient toutes vos démarches ? Que vous reste-t-il de cette Lycé, de cette charmante Lycé, qui faisoit naître tant d’amours & qui m’avoit enlevé à moi-même » ? La traduction qu’on vient de lire est passable ; cependant faire naître tant d’amours, ne rend point la force & la beauté du latin, spirare amores. (D. J.)

SPIRATION, s. f. terme usité parmi les Théologiens, lorsqu’ils traitent du mystere de la Ste Trinité, & de la maniere dont le S. Esprit procede du Pere & du Fils.

Ils distinguent deux sortes de spirations, l’une active & l’autre passive. La spiration active est l’action ou la notion, par laquelle le Pere & le Fils de toute éternité produisent le S. Esprit. La spiration passive est la notion ou le caractere, par lequel le S. Esprit est désigné comme procédant du Pere & du Fils.

Les Scholastiques disent que la spiration active n’est pas distinguée réellement de la paternité & de la filiation, parce qu’elle n’a point d’opposition relative ni avec l’une, ni avec l’autre. Mais ils ajoutent qu’elle en est distinguée formellement, parce qu’elle ne présente pas les mêmes idées que la paternité & la filiation, qu’on la définit tout différemment, & que ce n’est pas par elle, mais par la paternité & la filiation que le Pere & le Fils sont constitues en qualité de personnes. Voyez Personne, Paternité, Filiation, Notion, Trinité, &c.

SPIRE, s. f. dans l’ancienne Architecture, est quelquefois employé pour la base d’une colonne, & quelquefois pour astragale. Voyez Base, Astragale.

Ce mot vient du latin spæræ, les replis d’un serpent qui sont semblables à cela, quand ils sont couchés par terre, ou bien du grec σπειρα, le roulement d’un cable. Voyez Base.

SPIRE, (Géog. mod.) ville d’Allemagne dans le bas Palatinat, capitale de l’évêché de même nom, sur le bord du Rhin, à 2 lieues de Philisbourg, à 5 de Heidelberg, à 16 ou environ de Strasbourg, presqu’au milieu entre ces deux places, & à 112 de Paris. Longit. 26. 7. latit. 49. 17.

Elle étoit anciennement habitée par les Nemetes, & ce fut pour cette raison qu’on l’appella Noviomagus Nemetum, civitas Nemetum. Elle prit avant le viij. siecle le nom de Spire, d’une petite riviere qui la baigne. Roger, qui en étoit évêque, la fit entourer de murailles dans le xj. siecle. L’empereur Henri IV. la mit au nombre des villes libres. Henri V. Frédéric II. & Venceslas lui accorderent successivement de grands privileges. Charles-Quint y fixa la chambre impériale en 1530.

Cette ville étoit riche, grande, heureuse, libre, & bien bâtie, lorsque les troupes françoises en 1689, la réduisirent en cendres, conformément aux ordres de Louis XIV. elle fut consumée toute entiere dans l’intervalle de quelques heures, & elle n’a jamais pu se rétablir depuis dans un état un peu favorable. L’église cathédrale qui appartenoit aux catholiques, & qui passoit pour un chef-d’œuvre de sculpture, décorée de grandes tours pyramidales aux quatre coins, ne fut pas plus épargnée que les temples des calvinistes. Ainsi le nom françois fut également abhorré dans ce terrible désastre par les sectateurs de l’une & de l’autre religion.

Becher (Jean-Joachim), un des grands chimistes de l’Europe, naquit à Spire en 1645, & mourut en 1682 à l’âge de 37 ans. Privé des biens de la fortune, il employoit la nuit à étudier, & le jour à enseigner, pour pouvoir subsister & faire vivre sa pauvre mere. Malheureux à Mayence, à Munich & à Wirtzbourg par la jalousie de ses ennemis, il fut errant pendant plusieurs années sans pouvoir trouver en Allemagne un domicile assuré. Il passa donc en Angleterre, & mourut à Londres. Sa physica subterranea est un ouvrage profond, ainsi que son trifolium Hollandicum, seu de machinis necessariis ad opera serici aquarum molendinorum, & artis fusoriæ metallorum. Il prétendit, dans son livre intitulé caracter pro notitiâ linguarum universali, fournir une langue universelle par le moyen de laquelle toutes les nations s’entendroient aisément ; c’est du moins le système d’un homme de génie. Dans un de ses livres écrit en allemand, sous le titre de la folie sage, & de la folle sagesse, il rapporte plusieurs inventions fort utiles. (D. J.)

Spire, évêché de, (Géog. mod.) évêché d’Alle-