Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 15.djvu/367

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le voisinage du Tibre. Servius fait entendre qu’elle n’étoit pas éloignée de la voie flaminienne. Horace parle de cette montagne, au premier livre de ses odes. Ode IX.

Vides ut altâ stet nive candidum

Soracte.

Au pié de cette montagne, il y avoit sur une éminence, une ville, ou du moins une forteresse de même nom ; & c’est ce que Virgile entend par ce vers de son Enéïde, l. VII. v. 699.

Hi Soractis habent arces, flaviniaque arva.

La montagne de Soracte étoit consacrée à Apollon. ibid. l. v. 785.

Sancti custos Soractis Apollo.

Silius Italicus, liv. VIII. v. 493. dit la même chose.

Qui sacrum Phoebo Soracte srequentant.

Au bas du mont Soracte, sur les bords du Tibre, s’élevoit un temple consacré à la déesse Féronie ; ce temple, & le culte de la déesse, avoient été de tout tems communs aux Sabins & aux latins ; les uns y alloient offrir leurs vœux : les autres y étoient attirés par la foire célebre qui s’y tenoit. Quelques Romains s’y étant rendus, furent insultés par les Sabins, qui les dépouillerent de leur argent, & les retinrent en captivité ; ce qui fit naître une guerre entre les deux peuples, dans la quatre-vingt douzieme année de Rome.

Le nom moderne, selon Léander, est monte di S. Silvestro, & par corruption, monte S. Tresto. Cette montagne a été ainsi appellée à cause du pape Silvestre, qui s’y retira durant la persécution exercée contre les chrétiens ; au sommet de cette montagne, qui est d’un accès très-difficile, est un bourg de même nom, & tout proche il y a un monastere qu’on dit avoir été bâti en l’honneur de S. Silvestre, par Carloman, frere de Pepin, & chef des François, avant qu’il se fût retiré au monastere du mont Cassin. Il y en a qui disent que le temple & le petit bois consacré à Apollon, étoient dans l’endroit où l’on voit aujourd’hui le monastere.

Le mont Soracte étoit à vingt-six milles de Rome, entre le Tibre & la voie Flaminienne ; c’est-là que les Hirpes, c’est-à-dire certaines familles du pays, marchoient impunément sur des charbons ardens, après s’être frottés d’un certain onguent la plante des piés, au rapport de Varron & de Pline. (D. J.)

SORADEEN, vers, (Poésie anc.) on nommoit vers soradéens du tems de Quintilien, des vers licencieux, faits pour gâter le cœur & l’esprit. On les appelloit ainsi, du nom de leur auteur Sorades, poëte d’Alexandrie, qui s’étoit distingué en ce genre. Ses vers soradéens étoient composés ou d’iambes, ou de trochées, ou de dactyles, ou d’anapestes. (D. J.)

SORAIRE, adj. (Soirie.) il se dit de deux fils envergés qui se trouvent ensemble sur la même verge ou cannes, parce que l’intermédiaire qui les séparoit s’est cassé.

SORAME, la, (Géog. mod.) riviere de l’Amérique, dans la Terre-ferme, à douze lieues de celle de Surinam. Les Indiens qui habitent sur ses bords, sont caraïbes. (D. J.)

SORANUS, (Mytholog.) surnom que les Sabins donnoient au dieu de la mort. Le mot Sora en leur langue signifioit cercueil.

SORATOF ou SARATOF, (Géog. moderne.) ville de l’empire Russien, dans le royaume d’Astracan, sur un bras du Volga, au penchant d’une montagne, avec un fauxbourg qui s’étend le long de la riviere. Les maisons de cette ville, & même la plûpart des

églises, sont de bois. Longitude 67. 15. latit. 52. 12.

SORAW, (Géog. mod.) ville d’Allemagne, dans la haute Saxe, sur les confins de la Silésie, capitale du marquisat de Lusace, près du Bober, à 2 lieues au nord-est de Sagan, & à 7 sud de Crossen. Long. 32. 55. latit. 51. 37.

Neander (Michel), un des plus célebres littérateurs allemands du xvj. siecle, naquit à Soraw en 1525, & mourut à Isfeld l’an 1595, âgé de 70 ans. Entre ses principaux ouvrages qu’il a publiés, je nomme 1°. les erotemata linguæ græcæ, Basilæa 1553 & 1565 in-8°. La préface qu’il a mise à la tête de la seconde édition, est une dissertation sur les bibliotheques anciennes, où il parle des livres qui sont perdus, & sur les bibliotheques de son tems les mieux fournies en manuscrits grecs. 2°. Linguæ hebreæ erotemata, Basil. 1556, in-8°. & plusieurs autres fois. La préface de cet ouvrage traite, comme la précédente, de la langue hébraique en général, des ouvrages & des savans les plus célebres dans les langues orientales. 3°. Opus aureum & scholasticum, Lipsiæ 1575, in-8°. Ce recueil contient le poëme de Coluthus de Lycoplis sur l’enlevement d’Hélene, celui de Thryphiodore d’Egypte, sur la ruine de Troie, & trois livres de Quintus Calaber, ou Cointe le Calabrois, sur le même sujet. 4°. Chronicon & historia Ecclesiæ, Lipsiæ 1590, in-8°. 5°. Orbis terræ partium simplex enumeratio. Lipsiæ 1582, 1586, 1589 & 1597, in-8°. Cet ouvrage assez curieux dans le tems où il parut, ne l’est plus pour nous.

Fabricius, Morboff, Baillet, & finalement le P. Niceron, ont beaucoup parlé de ce littérateur. Il ne faut pas le confondre, comme ont fait quelques bibliothécaires, avec le Neander (Michel), physicien & médecin, né à Souchimestal, en 1529, & mort en 1581. Ce dernier a donné entr’autres ouvrages une synopsis mensurarum & ponderum, à Basle, 1556, in-4°.

SORBET, s. m. (Confit. & boisson des Turcs.) celui que les Turcs boivent ordinairement n’est qu’une infusion de raisins secs, dans laquelle ils jettent une poignée de neige : cette boisson ne vaut pas la tisane de l’hôtel-Dieu de Paris.

Tournefort raconte dans ses voyages, qu’étant dans l’île de Crete sur le mont Ida, il s’avisa de faire du sorbet pour rétablir ses forces épuisées des fatigues qu’il avoit essuyées en grimpant cette montagne. « Nous remplîmes, dit-il, nos tasses d’une belle neige crystallisée à gros grains, & la diposâmes par couche avec du sucre, sur lequel on versoit ensuite d’excellent vin, tout cela se fondoit promptement en secouant les tasses ». Ce sorbet est sans contredit meilleur que celui des turcs ordinaires ; car ceux qui sont riches & rafinés font leur sorbet avec du suc de limon & de citrons confis au sucre, qu’on délaie dans de l’eau glacée ; ainsi le sorbet des turcs riches est une composition seche faite de citron, de sucre, d’ambre, &c. Ils appellent aussi du même nom le breuvage que l’on fait de cette composition battue avec de l’eau ; mais les pauvres gens ne boivent guere de cette espece de sorbet. (D. J.)

SORBIER, s. m. (Hist. nat. Bot.) sorbus, genre de plante qui differe de ceux du poirier & de l’alisier par la disposition des feuilles ; elles naissent par paires dans le sorbier comme celles du frêne. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Sorbier, voyez Cornier.

On distingue communément deux especes de ce genre de plante, le sorbier cultivé, & le sorbier sauvage. Le sorbier ou cornier cultivé ordinaire, est le sorbus sativa, I. R. H. 633, en anglois, the common service-tree ; il a la racine longue, dure, grosse, ligneuse. Elle produit un arbre grand & branchu, dont le tronc est droit, couvert d’une écorce rude, ou un peu raboteuse, pâle ; son bois est fort dur, compact, rougeâtre.