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Quoiqu’il aimât sur-tout les vérités utiles, & qu’il fût bien-aise de s’en entretenir, il se prêtoit aussi dans l’occasion aux douceurs d’une conversation libre & enjouée. Il savoit plusieurs jolis contes, & les rendoit encore plus agréables, par la maniere fine & aisée dont il les racontoit. Il avoit acquis beaucoup de lumieres dans les arts, & disoit que la connoissance des arts contenoit plus de véritable philosophie, que toutes les belles & savantes hypothèses, qui n’ayant aucun rapport à la nature des choses, ne servent qu’à faire perdre du tems à les inventer, ou à les comprendre. Comme il avoit toujours l’utilité en vue dans ses recherches, il n’estimoit les occupations des hommes qu’à proportion du bien qu’elles sont capables de produire, c’est pourquoi, il faisoit peu de cas des purs grammairiens, & moins encore des disputeurs de profession.

Ses ouvrages rendent son nom immortel. Ils sont trop connus, pour que j’en donne la liste ; c’est assez de dire, qu’ils ont été recueillis & imprimés à Londres en 1714, en 3 vol. in-fol. & que depuis ce tems-là, on en a fait dans la même ville huit ou dix éditions. Il a seul plus approfondi la nature & l’étendue de l’entendement humain, qu’aucun mortel n’avoit fait avant lui. Depuis Platon jusqu’à nos jours, personne dans un si long intervalle de siecles, n’a dévoilé les opérations de notre ame, comme ce grand homme les développe dans son livre, où l’on ne trouve que des vérités. Personne n’a tracé une méthode de raisonner plus claire & plus belle ; & personne n’a mieux réussi que lui à rappeller la philosophie de la barbarie, à l’usage du monde & des personnes polies qui pouvoient avec raison la mépriser, telle qu’elle étoit auparavant.

Je joins à ma liste des hommes illustres de la province de Sommerset, un courtisan célebre, que la fortune, par un exemple des plus rares, daigna constamment favoriser jusqu’à la fin de ses jours ; je veux parler du lord Pawlet, marquis de Winchester, grand trésorier d’Angleterre, mort dans ce poste en 1572, âgé de 97 ans. Il laissa une postérité plus nombreuse que celle d’Abraham, qui ne comptoit que soixante & dix descendans, au lieu que le lord Pawlet en vit jusqu’à cent trois. Pendant le cours d’une si longue carriere, passée sous des regnes si opposés, tels que ceux d’Henri VIII. d’Edouard VI. de Marie & d’Elisabeth, il posséda toujours leur faveur & leurs bonnes graces. Il échappa à tous les dangers, & s’endormit tranquillement avec ses peres, comblé d’années, d’honneurs, & de richesses. On rapporte qu’ayant été interrogé, comment il avoit fait pour se maintenir parmi tant de troubles & de révolutions dans l’état & dans l’église, il répondit, en étant un saule, & non pas un chêne. Cette réponse peint à merveille le caractere d’un ministre d’état, qui ne chérit que lui, se prête à tout, & s’embarrasse peu du bien public. (Le Chevalier de Jaucourt.)

SOMMET, s. m. (Géom.) c’est en général le point le plus élevé d’un corps ou d’une figure, comme d’un triangle, d’une pyramide, &c. Le sommet d’un angle est le point où viennent se réunir les deux lignes qui forment cet angle. On dit que deux angles sont opposés au sommet, quand l’un est formé par le prolongement de côtés de l’autre. Le sommet d’une figure est le sommet & l’angle opposé à la base. Tel est le point M (Planc. géom. fig. 19.) opposé à la base K L. Voyez Base.

Sommet d’une courbe, est proprement l’extrémité de l’axe d’une courbe qui a deux parties égales & semblables également & semblablement situées par rapport à son axe. Ainsi, (fig. 26. sect. con.) A est le sommet de la courbe MAM.

Sommet en général est le point où une courbe est

coupée par son axe ou son diametre. Ainsi une courbe a autant de sommets sur le même axe ou le même diametre, qu’il y a de points où elle est coupée par cet axe ou ce diametre. (O)

Sommet, (Botan.) les sommets terminent l’extrémité supérieure des étamines, & sont autant de capsules chargées d’une poussiere très-fine qu’elles répandent, lorsque la maturité les fait entre-ouvrir. Cette poussiere étant vue par le microscope, paroît composée de petits grains d’une figure uniforme dans chaque espece de plante. (D. J.)

Sommet, (Conchyl.) en latin apex, cacumen, vertex ; c’est la pointe ou l’extrémité du haut d’une coquille.

Sommet de la tête, en Anatomie, est la partie la plus haute & moyenne de la tête. Voyez Tête.

Sommet, (Archit.) c’est la pointe de tout corps, comme d’un triangle, d’une pyramide, d’un fronton, d’un pignon, &c.

SOMMIER, s. m. (Coupe des pierres.) par analogie au sommet ; c’est la premiere pierre d’une plate-bande, laquelle porte à plein au sommet du pié droit, où elle forme le premier lit en joint, & l’appui de la butée des claveaux pour les tenir suspendus sur le vuide de la baie, d’où ils ne peuvent s’échapper qu’en écartant les sommiers ou coussinets. La coupe ou inclinaison de leur lit enjoint sur l’horison, est ordinairement de 60 degrés ; parce qu’on a coutume de la tirer du sommet d’un triangle équilatéral.

Sommier, (Finance.) gros registre où le commis des aydes, les receveurs des tailles, & autres commis des bureaux des fermes du roi, écrivent les sommes à quoi montent les droits qu’ils reçoivent journellement. Quelques marchands, négocians, & banquiers, donnent aussi le nom de sommiers, à celui de leurs registres, qu’on appelle le grand livre. Dictionnaire du Commerce. (D. J.)

Sommier, (Commerce.) se dit des bêtes de somme dont les voituriers & messagers se servent pour le transport des marchandises. Le messager de Lyon a dix sommiers, c’est-à-dire, dix chevaux de charge. Dictionnaire de Commerce.

Sommier, (Commerce de bois.) piece de bois ordinairement de brin qui tient le milieu pour la grosseur, entre la poutre & la solive. Trévoux. (D. J.)

Sommiers, (Brass.) ce sont les pieces de bois sur lesquelles sont placées les cuves, les bacs, & les tringles de la touraille.

Sommier, (Coffretier-Malletier.) autrement dit coffre de charge, grand coffre fait pour être porté à la guerre ou en voyage sur des mulets ou des chevaux. Trévoux. (D. J.)

Sommier, (Piece d’une presse d’Imprimerie.) est un morceau de bois à-peu-près quarré, de deux piés de long, sur deux piés de diametre, & dont chacune des extrémités se termine par deux tenons : il y a à une presse deux sortes de sommiers, savoir celui d’en-haut & celui d’en-bas.

Le sommier d’en-haut (voyez les Planches & les fig. d’Imprimerie), est celui où est enchâssé l’écrou de la vis de la presse ; & sur celui d’en-bas, est posé le berceau dans lequel roule, va & vient tout le train de la presse : ils sont posés l’un & l’autre entre les deux jumelles, & maintenus au moyen de leurs doubles tenons qui entrent dans les doubles mortaises faites au-dedans des jumelles. Voyez aussi les explications des Planches.

Sommier de clavecin, (Lutherie.) est la piece de bois dans laquelle entrent les fiches qui servent à tendre les cordes de cet instrument. C’est une forte piece de hêtre ou autre à-peu-près de même qualité, assemblée dans les côtés du clavecin par des tenons en queue d’hironde. Sur le sommier sont collés deux chevalets 1, 2, F F ; le premier porte les cordes de la