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de plante, dont la fleur est presqu’en croix composée de quatre pétales. Le pistil sort du calice, & devient dans la suite un fruit ou une silique cylindrique, & composée de deux pieces qui renferme des semences ordinairement arrondies. Inst. rei herb. V. Plante.

SINCERE, adj. (Gram.) qui est franc, & qui est incapable de toute dissimulation dans le discours.

SINCÉRITÉ, s. f. (Morale.) La sincérité n’est autre chose que l’expression de la vérité. L’honnêteté & la sincérité dans les actions égarent les méchans, & leur sont perdre la voie par laquelle ils peuvent arriver à leurs fins : parce que les méchans croient d’ordinaire qu’on ne fait rien sans artifice.

La sincérité est une ouverture de cœur. On la trouve en fort peu de gens ; & celle que l’on voit d’ordinaire, n’est qu’une fine dissimulation pour attirer la confiance des autres.

Si nos ames étoient de purs esprits, dégagés des liens du corps ; l’une liroit au fond de l’autre : les pensées seroient visibles, on se les communiqueroit sans le secours de la parole ; & il ne seroit pas nécessaire alors de faire un précepte de la sincérité ; c’est pour suppléer, autant qu’il en est besoin, à ce commerce de pensées, dont nos corps gênent la liberté, que la nature nous a donné le talent de proférer des sons articulés. La langue est un truchement, par le moyen duquel les ames s’entretiennent ensemble ; elle est coupable, si elle les sert infidelement, ainsi que le feroit un interprete imposteur, qui trahiroit son ministere.

La loi naturelle qui veut que la vérité regne dans tous nos discours, n’a pas excepté les cas où notre sincérité pourroit nous couter la vie. Mentir c’est offenser la vertu, c’est donc aussi blesser l’honneur : or on convient généralement que l’honneur est préférable à la vie ; il en faut donc dire autant de la sincérité.

Qu’on ne croie point ce sentiment outré : il est plus général qu’on ne pense. C’est un usage presque universel dans tous les tribunaux, de faire affirmer à un accusé, avant de l’interroger, qu’il répondra conformément à la vérité, & cela même, lorsqu’il s’agit d’un crime capital. On lui fait donc l’honneur de supposer, qu’il pourra, quoique coupable du fait qu’on lui impute, être encore assez homme de bien, pour déposer contre lui-même, au risque de perdre la vie, & & de la perdre ignominieusement. Or le supposeroit-on, si l’on jugeoit que la loi naturelle le dispensât de le faire ?

La morale de la plûpart des gens, en fait de sincérité, n’est pas rigide : on ne se fait point une affaire de trahir la vérité par intérêt, ou pour se disculper, ou pour excuser un autre : on appelle ces mensonges officieux ; on les fait pour avoir la paix, pour obliger quelqu’un, pour prévenir quelqu’accident. Misérables prétextes qu’un mot seul va pulvériser : il n’est jamais permis de faire un mal, pour qu’il en arrive un bien. La bonne intention sert à justifier les actions indifférentes ; mais n’autorise pas celles qui sont déterminément mauvaises.

Sincérité, franchise, naïveté, ingénuité, (Synonym.) La sincérité empêche de parler autrement qu’on ne pense, c’est une vertu. La franchise fait parler comme on pense ; c’est un effet du naturel. La naïveté fait dire librement ce qu’on pense ; cela vient quelquefois d’un défaut de réflexion. L’ingénuité fait avouer ce qu’on sait, & ce qu’on sent, c’est souvent une bétise.

Un homme sincere ne veut point tromper. Un homme franc ne sauroit dissimuler. Un homme naïf n’est guere propre à flatter. Un ingénu ne sait rien cacher.

La sincérité fait le plus grand mérite dans le commerce du cœur. La franchise facilite le commerce des

affaires civiles. La naïveté fait souvent manquer à la politesse. L’ingénuité fait pécher contre la prudence.

Le sincere est toujours estimable. Le franc plaît à tout le monde. Le naïf offense quelquefois. L’ingénu se trahit.

Je n’ajouterai rien à ces remarques de l’auteur des synonymes françois, mais je renvoie pour les choses aux mots, Franchise, Ingénuité, Naïveté, Sincérité. (D. J.)

SINCIPUT, s. m. (Anatom.) est la partie antérieure de la tête qui prend depuis le front jusqu’à la suture coronale. Voyez Pl. d’Anatomie. Voyez aussi Bregma & Crane.

SINDA, (Géog. anc.) nom, 1°. d’une ville de l’Asie mineure, dans la Pisidie ; 2°. d’une ville de l’Inde au-delà du Gange ; & 3°. d’une ville de la Sarmatie asiatique, sur le bosphore Cimmérien.

SINDE, (Géog. mod.) ou Tata, du nom de sa capitale, province des Indes, dans les états du Mogol. Elle est bornée au nord par celle de Buckor, au midi par la mer, au levant par les provinces de Soret & de Jesselmere, & au couchant par la Perse. Elle est traversée par le Sinde du nord au midi. C’est un pays riche & fertile, ou l’on fabrique quantité de belles toiles de coton. Le grand-mogol Akebar fit la conquête de ce pays, ainsi que de ceux de Cachimir & de Guzarate. Les peuples sont mahométans. (D. J.)

Sinde, le, ou Inde, (Géog. mod.) en latin Indus, grande riviere des Indes dans les états du grand-mogol. Elle prend sa source sur les confins du petit Thibet, dans les montagnes qui séparent ce royaume de la province de Nagracut. Son cours est du nord-est au sud-ouest ; après avoir traversé plusieurs pays, & s’être partagé en deux branches, qui sont les bouches de l’Inde, il se jette dans la mer.

SINDI, (Géog. anc.) peuples de la Sarmatie asiatique comptés parmi ceux qui habitent le bosphore Cimmérien. Pomponius Mela les nomme Sindones, & les place au voisinage des Palus Méotides.

SINDICUS portus, (Géog. anc.) port de la Sarmatie asiatique, dans le bosphore Cimmérien, sur la côte de la mer Caspienne, selon Ptolomée, & le Périple de Scylax.

SINDIFIU, (Géog. mod.) ville d’Asie, dans la Tartarie, au pays auquel elle donne son nom, sur les confins de la Chine. (D. J.)

SINDON, s. m. (Hist. ecclés.) terme latin qui signifie proprement un linceul, mais qu’on trouve employé dans l’Ecriture & dans les anciens, pour exprimer diverses sortes de vêtemens.

Les évangélistes s’en servent pour marquer le linge dans lequel Joseph d’Arimathie enveloppa le corps de Jesus-Christ après l’avoir embaumé, l’avoir entouré de bandelettes, & lui avoir mis un suaire autour de la tête. Les saints suaires qu’on montre en différens endroits, ne peuvent pas tous être le vrai sindon qui enveloppa le corps de Jesus-Christ.

Il est encore parlé de sindon dans l’histoire de Samson, Judic. XIV. xij. 13. il promet aux jeunes hommes de sa noce trigenta sindones & totidem tunicas, s’ils pouvoient expliquer l’énigme qu’il leur proposa. L’hébreu porte trente sidinim, & trente habits de rechange. Les uns entendent par sedinim ou sindonem, la tunique qu’on mettoit immédiatement sur la chair ; & par des habits de rechange, des habits complets, une tunique & un manteau, car ces deux pieces faisoient l’habit complet, ou simplement trente manteaux, qui avec trente tuniques formoient trente habits à changer.

La femme forte dont parle Salomon, Prov. xxij. 24. faisoit des sindons & des ceintures, qu’elle vendoit aux Phéniciens. Les filles de Jérusalem portoient de ces sindons, comme on le voit par Isaïe, chap. iij. vers. 23. C’étoit un habit propre aux Tyriens & aux