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Mars 1577, Janvier 1583, Juin 1594, 27 Mai 1607, Avril 1619, 21 Juin 1659, Avril 1672, 13 Décembre 1701, Mars 1704, & plusieurs autres. Voyez le recueil des Ordonnances, Miraumont, & l’Hist. de la Chancellerie, par Tessereau. (A)

SECRÉTAIRERIE, s. f. (Hist. de la chancell. franç.) c’est le lieu où sont déposés tous les actes expédiés par les secrétaires d’état, comme brevets, dépêches, lettres de cachet, traités d’alliance, de paix & de commerce ; traités de mariage des rois & des princes, arrêts du conseil d’en-haut, & généralement toutes les minutes des affaires importantes de l’état. (D. J.)

SECRÉTARIAT, s. m. (Gramm. & Jurisprud.) se prend quelquefois pour la place ou fonction de secrétaire ; quelquefois aussi l’on entend par-là le dépôt des actes qui sont conservés par le secrétaire de quelque officier public, tels que les dépôts des quatre secrétaires d’état, le secrétariat du gouvernement, celui de l’intendance, celui d’un évêché ou archevêché. On leve des expéditions & extraits des actes qui sont dant ces secrétariats. Voyez Dépôt & Secrétaire. (A)

SECRETARIUM, (Littérat.) cabinet séparé où les juges se retiroient pour référer ensemble sur l’affaire qui venoit d’être plaidée devant eux, & pour décider la sentence qu’ils prononceroient d’un commun aveu. Ce cabinet n’étoit séparé du tribunal que par un voile. (D. J.)

SECRÉTION, SECRÉTIONS, (Médecine.) se dit proprement de l’action par laquelle un fluide est séparé d’un autre fluide, & plus particulierement de la séparation des différentes liqueurs répandues dans le corps animal, de la masse commune de ces liqueurs, c’est-à-dire du sang. C’est cette importante fonction de l’économie animale que les anciens faisoient dépendre de la troisieme coction, & que les scholastiques rapportent aux actions naturelles.

Cette fonction s’opere en général par les glandes ou par des réseaux de capillaires artériels ; & on appelle pour cette raison ces organes organes sécrétoires, couloirs, filtres. Voyez ces mots.

La secrétion differe, suivant l’opinion vulgaire, de l’excrétion, en ce que la premiere ne fait que dépouiller, pour ainsi dire, la masse du sang de différentes humeurs qui y sont contenues, & que l’excrétion est l’évacuation plus ou moins prochaine de ces humeurs, ou l’action qui les porte au-dehors. Il est pourtant des auteurs qui ont confondu ces deux fonctions l’une avec l’autre, en quoi ils paroissent d’accord avec les anciens, qui n’avoient qu’un nom pour les deux ; car le verbe διακρίνω se trouve employé indifféremment dans Hippocrate & Galien pour excerno & secerno en même-tems, & διάκρισις pour segregatio, secretio, separatio, excretio, pour l’excrétion & la secrétion tout ensemble : nous verrons même à la fin de cet article qu’il est des circonstances où l’action de l’une est si liée à celle de l’autre, où toutes les deux sont si rapprochées, qu’on ne sauroit saisir l’instant qui fait le point de leur division.

La secrétion est commune aux végétaux & aux animaux ; mais c’est dans ceux-ci principalement que cette fonction offre le plus de phénomenes, en proportion d’une plus grande variété dans les merveilles & les résultats de l’organisation.

La nécessité des secrétions se déduit de l’exercice même de la vie ; cette succession continuelle de pertes & de réparations de substance qu’éprouvent tous les êtres vivans, en est la preuve la plus sensible. Le chyle étant un fluide hétérogene, relativement aux besoins de la nature, il est étonnant combien d’opérations plus ou moins combinées elle doit encore employer à la disposition des différens sucs utiles ou nuisibles à l’animal, après l’adoption de la lymphe nutritive, de cet extrait précieux qui est l’ouvrage de

la digestion (Voyez Digestion), telle est, 1°. la distribution des humeurs aux secrétoires : 2°. leur élaboration ou préparation dans les organes ; préparation qui imprime à quelques-unes des qualités qu’elles n’auroient pas autrement, comme on le peut voit par la semence, qui est bien différente assurément dans les eunuques & dans ceux qui ne le sont pas : 3°. la filtration des humeurs aqueuses : 4°. la séparation des particules inutiles & nuisibles, dans laquelle il faut comprendre la répudiation, le secessus non-seulement des particules vieilles & usées des humeurs que les anciens appelloient de la deuxieme coction, mais encore de quelques autres qui ont souffert dans le corps une altération qui équivaut à une séparation spontanée. Ce qu’Hippocrate paroît avoir indiqué par ce passage du premier livre sur la diete : corrumpi ac minui, idem est quod secerni. C’est donc la somme de ces opérations distinctes plus ou moins entr’elles, qui constitue l’ouvrage des secrétions.

Mais cet ouvrage est-il restraint uniquement aux humeurs ? c’est sur quoi les auteurs ne se sont pas positivement expliqués ; c’est néanmoins une observation de tous les tems, que la plûpart de nos excrétions sont chargées de particules terreuses ; pourquoi ces particules ne seroient-elles pas les excrémens d’une terre plus pure, qui forme la base des parties solides, sécernée tout comme les humeurs, & ayant ses usages comme elles ? Voilà qui va paroître un paradoxe bien étrange ; mais est-il en effet si dénué de vraissemblance pour ne pas mériter qu’on s’y arrête ? L’analyse chimique nous démontre d’abord l’existence de ces parties terreuses dans nos humeurs, indépendamment de la petite portion qu’il peut en entrer dans la composition des molécules ou aggrégés du fluide. Cette même terre qui fournit à la coque des œufs dans les volatils, fournira peut-être encore à l’accroissement & à la régénération des os dans les animaux, au transport des matieres plâtreuses sur les articulations des goutteux, à celles qu’un auteur moderne a observée dans les alvéoles des enfans, pour y servir à la matiere des dents. Vid. l’éducat. médic. des enfans, par M. Brouzet.

En résumant ce que nous venons de dire, on trouve, 1°. que la nutrition est encore une branche de la secrétion ; 2°. que la spontanéité dans la séparation de quelques particules anciennement utiles, peut faire penser qu’un certain mouvement de fermentation sort indéfini, entre pour quelque chose dans l’ouvrage des secrétions ; 3°. que les parties solides même paroissent être soumises à la loi générale de la secrétion.

Toute secrétion supposant un appareil, un travail de la part des organes secrétoires, & quelques humeurs, telles que la plûpart des aqueuses, la graisse, & peut-être une portion des urines, étant le résultat d’une opération moins compliquée, il s’ensuit encore que le mot spécial de secrétion ne sauroit convenir à la séparation proprement dite des fluides, & que les Physiologistes n’ont point assez distingué les modes variés de cette dépuration de la masse commune des liqueurs animales.

La secrétion pourroit donc être regardée plus particulierement comme une action qui spécifie les différentes humours du corps, en les portant du sang aux différens secrétoires, & modifiant leur préparation à-travers ces organes.

La physiologie des anciens n’a pas été si bornée en fait de secrétions, qu’elle n’ait produit quelques opinions sur cette matiere ; mais leurs connoissances sur la variété des humeurs, se réduisent dans leurs écrits à l’énumération des fluides qui sont le plus à la portée des sens. Les découvertes qu’on a faites depuis en Anatomie & en Physique, ont considérablement enflé ce dénombrement, qui n’en est peut-être pas plus utile pour être plus fastueux.