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rationabiliter ordinante dispensentur arcæ quæ in Ravennati urbe ad recondenda funera distrahantur : quarum beneficio cadavera in supernis humœra sunt, lugentium non parva consolatio. C’est d’un sarcophage qui étoit sur la voie appienne, qu’on a tiré l’inscription suivante.

D. M. S.

C. Cærellio. C. F. Fab. Pulcheriano sabino
vix. An. LXXI. M. IIII. D. VIII. H. VII. C.
Cærellius. Raneus. Sabinus. sarcophagum fecit
marmoreum V I nonas Maii
M. Junio Sullano, & L. Norbano Balbo
Coss. H. M. D. M. A.

(D. J.)

SARCOPHAGUS, lapis, (Hist. nat. Lithol.) C’est la même pierre que celle qu’on appelle pierre assienne. Voyez Assienne. M. Henckel croit que cette pierre n’étoit autre chose qu’une substance remplie de pyrithes qui se vitriolisent, à cause de la propriété que le vitriol a de ronger les chairs. Voyez Pyrithologie.

SARCOTIQUES, adject. (Médec. & Chirurg.) Ce sont des remedes propres à renouveller les chairs des ulceres & des plaies. De cette nature sont la sarcocole, le sang-de-dragon, &c. voyez Incarnatifs & Epulotiques. Ce mot vient du grec σαρξ, chair.

Sarcotique, s. m. & adj. terme de Chirurg. concernant la matiere médicale externe. C’est un remede qu’on suppose propre à faire revenir la chair dans les ulceres & dans les plaies avec perte de substance. Ce mot est grec, & s’exprime en françois par celui d’incarnatif. Nous avons prouvé, au mot incarnation, qu’il ne se faisoit aucune réparation ni regénération de chairs dans le vuide d’une plaie & d’un ulcere. Aussi voit-on que toutes les especes de médicamens que les auteurs ont mis dans la classe des sarcotiques, se trouvent exactement dans celle des détersifs ou des dessicatifs. Voyez Détersif & Dessicatifs. La raison en est simple. Comment les livres qui traitent de la matiere médicale pourroient-ils exposer la vertu des remedes autrement que d’une maniere vague ? Le remede qui est suppuratif dans un cas, est résolutif dans un autre cas. Il n’y en a aucun qui puisse être résolutif dans tous les cas où il faut résoudre. C’est une réflexion que fait M. Quesnay dans son traité de la suppuration, à l’occasion même des sarcotiques dont il décrit la maniere d’agir, suivant leurs genres & leurs especes dans des circonstances différentes. Il ajoute que l’énumération des vertus des remedes que donnent les livres de Pharmacie, nous instruit peu, & qu’il faut que les praticiens découvrent eux-mêmes dans la nature de chaque remede, les rapports qu’il peut avoir avec les indications particulieres qu’il a à remplir. (Y)

SARCUM, (Géog. mod.) province d’Asie en Anatolie, dans sa partie occidentale, sur l’Archipel. Elle commence aux Dardanelles, & s’étend jusqu’au golfe de Landrimiti ; mais elle n’a de nos jours aucune place remarquable. C’est cependant la Troade des anciens. (D. J.)

SARDA, SARDIUS, ou SARDION, (Hist. nat.) nom sous lequel Wallerius & plusieurs naturalistes ont cru que les anciens avoient désigné la cornaline (carneolus) ; mais il y a plus d’apparence qu’ils ont eu en vue la sardoine, qui est jaune, au lieu que la cornaline est rouge. Voyez Cornaline & Sardoine.

SARDACHATE, (Hist. nat.) nom donné par les anciens à une agate mêlée de cornaline, ou plûtôt de sardoine. Elle est blanchâtre & remplie de veines & de taches jaunes ou rougeâtres.

M. Hill dit que le fond de cette pierre est d’un blanc pâle, qu’on y voit plusieurs amas de petites taches rouges, & que cette pierre, qui se trouve sur les bords de quelques rivieres des Indes, est fort dure & prend un très-beau poli. Voyez Hills, natural history of fossils.

SARDAIGNE, la, (Géog. mod.) en latin Sardinia, grande île de la Méditerranée, entre l’Afrique & l’Italie, au midi de l’île de Corse, dont elle n’est séparée que par un bras de mer de neuf à dix milles de large, & au nord-ouest de la Sicile. On lui donne environ 170 milles de longueur, 90 milles dans sa plus grande largeur, & 500 milles de circuit. Cluvier lui donne 45 milles d’Allemagne de long, depuis Cagliari sa capitale, jusqu’au bras de mer qui la sépare de la Corse, & 26 milles de largeur, depuis le cap Montefalcone jusqu’au cap de Sarda. On peut voir dans l’itinéraire d’Antonin les anciennes routes de la Sardaigne, avec leurs distances en milles romains. On peut aussi lire la description de ce royaume, publié à la Haye en 1725, in-8°.

Cette île, selon Ptolomée, est depuis 29 degrés 50′ de longitude, jusqu’à 32 degrés 25′ ; & depuis 35 degrés 50′ de latitude, jusqu’à 39 degrés 30′.

Le. P. Coronelli dans son isolario, lui donne depuis le 31 degré 10′ de longitude, jusqu’au 32 degré 19′ 30″ ; & depuis le 37 degré 14′ de latitude, jusqu’au 40 degré 50′.

Selon M. de Lisle, qui a eu des observations plus sûres, la longitude de la Sardaigne est depuis les 25 degré 40′ jusqu’au 27 degré 20′ ; & sa latitude est entre les 38 degré 42′ 30″ & le 41 degré 11′.

Les Italiens nomment cette grande île Sardegna ; les Espagnols, Sardena. Les Grecs ont dit Σαρδω, Σαρδος, Σαρδων ; & pour les habitans, Σαρδωοι, Σαρδωνιοι, Sardoni.

Presque tous les auteurs disent que la Sardaigne a été ainsi nommée de Sardus fils d’Hercule, qui y conduisit une colonie greque ; mais Bochart lui donne une étymologie phénicienne. Sans nous arrêter à ces sortes de recherches, nous savons que les Carthaginois s’emparerent de cette île, dont ils furent les maîtres jusqu’à la premiere guerre punique qui les en chassa. Les Romains s’y établirent l’an de Rome 521, sous la conduite de M. Pomponius ; & comme ils conquirent la Corse l’année suivante, ces deux îles furent soumises à un même préteur.

Les Sarasins ayant étendu leurs conquêtes en Afrique & en Espagne, dominerent en Sardaigne dans le vij. siecle. Les Pisans & les Génois les en chasserent. Ensuite dans les guerres qui regnerent entre ces deux nations, Jacques II. roi d’Aragon, s’empara de la Sardaigne en 1330. Cette île est restée annexée à l’Espagne jusqu’à 1708, que les Anglois s’en rendirent les maîtres en faveur de l’archiduc. Enfin, par le traité de Londres, le duc de Savoie, roi de Sicile, céda ce royaume à l’empereur pour celui de Sardaigne ; & cette couronne a passé à son fils qui regne aujourd’hui.

La Sardaigne a été vantée pour sa fertilité par les anciens, Polybe, Cicéron, Pausanias, Pomponius Mela & Silius Italicus ; mais ils s’accordent tous à déclarer qu’autant que la terre y est féconde, autant l’air y est empesté. Martial, liv. IV. épigr. 60. dit, quand l’heure de la mort est venue, on trouve la Sardaigne au milieu de Tivoli.

. . . . . . . cum mors
Venerit, in medio Tibure Sardinia est
.

Ciceron dans une de ses lettres à son frere Quintus, le prie de se ménager, & de songer que malgré la saison de l’hiver, le lieu où il se trouvoit alors étoit la Sardaigne. Et ailleurs parlant de Tigellius, il se félicite de n’avoir pas à souffrir un sarde plus empesté