Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/540

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les côtés du filon, comme la lisiere termine une étoffe. Chaque filon réglé a quatre salbandes, c’est à-dire, quatre côtés par lesquels il se distingue de la roche qui l’environne ; savoir, au-dessus & au-dessous de lui, & à ses deux côtés. Dans ces parties le filon est quelquefois tranché net, ou distingué de la roche comme si on lui eût taillé un canal avec le ciseau & le maillet : en un mot, les salbandes sont les parois du conduit dans lequel un filon est renfermé. Quelquefois on trouve entre le filon & la roche qui lui sert d’enveloppe, une terre fine, molle & onctueuse, que les mineurs allemands nomment besteg ou bestieg ; ils la regardent comme un signe favorable qui annonce la présence d’une mine de bonne qualité. On regarde aussi comme un bon signe lorsque les salbandes, ou la pierre qui sert d’écorce & d’enveloppe au filon, est du spath ou du quartz, parce que les pierres sont les matrices, ou les minieres les plus ordinaires des métaux. Voyez Filons, Minieres, Mine, &c. (—)

SALCA, huile de, (Matiere médic. des anc.) salcæ oleum, excellente huile qui se faisoit à Alexandrie avec quantité de plantes aromatiques ; on en composoit de plusieurs especes, dont Ætius Tetrab. I. serm. j. a détaillé les préparations.

SALDAGNA, (Géog. mod.) petite ville d’Espagne, dans la vieille Castille, au couchant d’Aquilar-del-Campo, & au pié de la montagne appellée Pegua de san Roman, sur la riviere de Carrion.

SALDAE, (Géog. anc.) ancienne ville d’Afrique. Ptolomée, liv. IV. c. ij. la nomme ainsi au pluriel, lui donne le titre de colonie, & la met dans la Mauritanie césarienne. Pline, liv. V. c. ij. nous apprend que c’étoit une colonie d’Auguste, & l’appelle Salde ; ce doit être Saldæ au pluriel. Martien écrit de même, & Antonin met Saldis à l’ablatif, à trente-cinq mille pas de Rusazis. La notice épiscopale d’Afrique met entre les évêques de la Mauritanie & Sitifi, Pascase de Salde, Pascasus salditanis. Quelques-uns croient que c’est Bugie, d’autres que c’est Alger. (D. J.)

SALDITS, s. m. (Hist. nat. Botan.) plante en forme d’arbrisseau de l’île de Madagascar ; il porte des fleurs couleur de feu, en forme de panache. Sa graine a la grosseur & le goût du pignon. C’est un vomitif très-violent, & qui peut passer pour un poison. On assure que sa racine prise en poudre en est l’antidote.

SALDUBA, (Géog. anc.) ancienne ville d’Espagne, dans la Bétique, sur la côte. Pline, liv. III. c. j. après avoir dit que Barbesula est accompagnée d’une riviere de même nom, ajoute, item Salduba ; il en est de même de Salduba. On croit qu’aujourd’hui cette ville est Marbella, & que la riviere est Rio-Verde.

SALE, adj. (Gramm.) mal propre, couvert d’ordure. Cette ville est sale. Du linge sale ; un habit sale ; du papier sale ; une couleur sale. Il se dit aussi au figuré. Des paroles sales ; des idées, des images sales ; une parole sale.

SALÉ, adj. (Gramm.) en qui l’on remarque le goût du sel, soit qu’il en contienne ou non. De la viande salée, du pain salé, des eaux salées. Voyez Sel.

Salé, (Géog. mod.) ville d’Afrique en Barbarie, sur la côte occidentale du royaume de Fez, & sous l’autorité du roi de Maroc. Cette ville est remarquable par son antiquité ; mais elle est encore plus connue par ses corsaires nommés Saletins, & par son commerce, quoique son havre ne soit propre que pour de petits bâtimens. Elle a de bonnes forteresses pour sa défense, & est divisée comme Fez, en ville vieille & en ville nouvelle, qui sont seulement séparées par la riviere de Garrou. Le roi de France a un consul à Salé ; mais ce caractere est assez infructueux, parce que celui qui en est revêtu n’est

guere moins exposé qu’un simple marchand aux caprices des habitans. On compte qu’ils sont environ vingt mille. Ils se qualifient Andalous, comme ceux de Tetouan. Salé est situé à environ 45 lieues au couchant de Fez. Long. 11. 6. lat. 34. 2. (D. J.)

SALÉE, la riviere, (Géog. mod.) il y a deux rivieres de ce nom en Amérique, l’une dans la Guadeloupe, qu’elle sépare de la grande terre, l’autre dans la partie la plus méridionale de la Martinique.

SALEM, (Géog. sacrée.) nom commun à quelques villes ou lieux de la Palestine. Il y avoit une Salem qui appartenoit aux Sichémites ; il y avoit un autre lieu de ce nom dans la campagne de Scytopolis, à huit milles de cette ville ; il y avoit une troisieme Salem ou Salim au bord du Jourdain, où S. Jean baptisoit. Les septante ont quelquefois appellé Salem la ville de Silo ; enfin Jérusalem aussi nommée quelquefois par abbréviation Salem dans l’Ecriture : par exemple, on lit au pseaume lxxv. sa demeure est dans Salem, & son temple dans Sion. (D. J.)

SALEME, (Géog. mod.) petite ville de Sicile, dans la vallée de Mazara, sur une montagne, à 18 mides au nord-est de Mazara. Long. 50. 30. lat. 38. 5.

SALENÆ, (Géog. anc.) ancienne ville de l’île d’Albion, au pays des Catyeuchlani, selon Ptolomée, liv. II. ch. iij. Ses interpretes croient que le nom moderne est Saludy.

SALENTIA, ou SALLENTIÆ, (Géog. anc.) ancienne ville de la grande Grece, au pays des Messapiens, selon Etienne le géographe.

SALENTINS, les, (Géog. anc.) Salentini ; ancien peuple de la grande Grece. Leur pays s’appelloit Salentina regio. Ptolomée n’y met au bord de la mer que le promontoire nommé Sapygium & Salentinum promontorium. Léandre croit que le pays des Salentins répond à la terre d’Otrante ; cela n’est pas exactement vrai en tout. (D. J.)

SALEP, SALOP & SULAP, s. m. (Diete & Mat. méd.) racine ou bulbe farineuse, ou, pour mieux dire, gommeuse, dont la substance est entierement soluble dans la salive & dans les liqueurs aqueuses, qui est inodore, qui n’a d’autre saveur que celle des gommes & des mucilages, qui est fort en usage chez les Turcs, & dont on commence à se servir aussi à Paris. Voici ce qu’en dit M. Geoffroi le cadet dans un des mémoires de l’académie royale de Sciences pour l’année 1740.

On a découvert, en examinant avec attention le salep des Turcs, que c’étoit la bulbe d’une espece d’orchis ou satyrion. C’est une racine blanche ou roussâtre, selon qu’elle est plus ou moins récente. Les Orientaux nous l’envoient transparente avec un fil de coton. Elle est en usage pour rétablir les forces épuisées ; c’est un restaurant pour les phtisiques ; & on la donne avec succès dans les dissenteries bilieuses, selon Degnerus, qui a publié deux dissertations sur cette maladie, & qui se servoit du salep des Turcs comme d’un remede, pour ainsi dire, spécifique. Le même académicien a réussi à mettre les bulbes de nos orchis dans le même état que le salep, à imiter parfaitement cette préparation, dont les moyens sont inconnus. Voyez à l’article Satyrion, comme M. Geoffroi s’y est pris.

Quant à la maniere de se servir du salep, voici ce qui en est dit dans une lettre sur cette drogue, que le sieur Andri, droguiste de Paris, a fait mettre au journal de Médecine, Septembre 1759. Suivant Albert Seba, les Chinois & les Persans en prennent la poudre, à la dose d’un gros, deux fois le jour dans du vin ou du chocolat.

Le pere Serici nous apprend que les Indiens en prennent une once le soir à l’eau & avec du sucre ; mais la plus saine partie, ainsi que l’européen, le prend au lait, à la dose d’une demi-once ; on le pulvérise