L’Encyclopédie/1re édition/MINIERE

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MINIERE, s. f. (Hist. nat.) c’est ainsi qu’on nomme dans l’Histoire naturelle la terre, la pierre, ou le sable dans lesquels on trouve une mine ou un métal. C’est ainsi qu’on dit que le sable est la miniere de l’or, parce que l’on trouve souvent ce métal en paillettes répandues dans le sable d’un grand nombre de rivieres. On dit aussi que le quartz sert ordinairement de miniere à l’or, parce qu’on trouve ce métal communément attaché à cette sorte de pierre. Le spath & le quartz sont les minieres les plus ordinaires des métaux, c’est-à-dire, on trouve les métaux & leurs mines communément attachés ou formés sur ces sortes de pierres, d’où l’on voit qu’en ce sens le mot miniere est synonyme de gangue ou de matrice. Voyez ces deux mots.

On voit donc qu’il ne faut point confondre la miniere d’un métal avec le métal même, ou avec sa mine. Cette miniere n’est autre chose qu’une retraite dans laquelle le métal ou la mine sont reçus ; elle sert à les conserver, à les élaborer, à recueillir les molécules métalliques & minéralisantes qui leur sont portées peu-à-peu par les vapeurs souterreines. L’expérience a fait connoitre que certaines substances sont plus propres à devenir des minieres que d’autres ; il y a des minieres si dures, que les métaux ne peuvent s’attacher qu’à leurs surfaces ; d’autres sont plus tendres & plus spongieuses, & par conséquent plus propres à être entierement pénétrées par les vapeurs minérales. Des métaux & des mines déja formés peuvent servir de miniere à d’autres métaux & à d’autres mines. D’un autre côté une même pierre peut servir de miniere à plusieurs métaux & à plusieurs mines à la fois ; c’est ainsi que l’on rencontre des filons qui contiennent à la fois de la mine de cuivre, de la mine d’argent, de la mine de fer, &c. en un mot les minieres méritent toute l’attention du naturaliste ; & elles peuvent lui faire découvrir un grand nombre de phénomenes du regne minéral. Cette matiere a été amplement & savamment traitée par M. Lehmann, de l’academie de Berlin, dans son Traité de la formation des métaux, & de leurs matrices ou minieres, qui fait le second volume de ses œuvres de physique & d’histoire naturelle, dont j’ai donné la traduction françoise en 1759. (—)