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SACILÉ, (Géog. mod.) petite ville de l’état de Venise, dans la Marche trévisane, à 10 milles de Ceneda. Elle est peuplée & à son aise. Quelques auteurs croient que c’étoit autrefois un siege épiscopal suffragant d’Aquilée ; mais d’autres savans pretendent que ce siege étoit à Sacileto, bourg du Frioul. Long. 29. 55. lat. 46. 3. (D. J.)

SACILIS, (Géog. anc.) ou Sacili martialium, ville ancienne d’Espagne, en Bétique, au pays des Turdules dans les terres. On croit que c’est présentement Alcorrucen.

SACLÉS, s. m. (Gramm.) nom que l’hérésiarque Manès donnoit au mauvais principe.

SACOCHE, s. f. (Gramm.) partie de l’équipage du cavalier ; c’est un sac de cuir qui est pendu à l’arçon de la selle.

SACODION, (Hist. nat. Minéralog.) nom donné par Pline & les anciens naturalistes à l’améthyste lorsqu’elle a un œil jaunâtre.

SACOME, s. m. (Archit.) c’est le profil de tout marbre & moulure d’architecture. Quelques architectes donnent ce nom à la moulure même. Ce terme vient de l’italien sacoma. (D. J.)

SACOUAGE, ou SACCAGE, s. m. (Comm.) on nomme ainsi dans quelques coutumes, ce qu’on appelle dans d’autres minage ; c’est-à-dire le droit que les seigneurs ont de prendre en nature une certaine quantité de grains ou de légumes sur chaque sachée de ces marchandises qu’on expose en vente dans les marchés. Voyez Minage. Dict. de Commerce & de Trévoux.

SACQUEBUTE, s. f. (Musique instrum.) instrument de musique qui est à vent, & une espece de trompette harmonique, qui differe de la militaire en figure & en grandeur. Elle a son embouchure ou son bocal & son pavillon semblables ; mais elle a quatre branches qui se démontent, se brisent à l’endroit des nœuds, & souvent au tortil, qui est le même tuyau qui se tortille deux fois, ou qui fait deux cercles au milieu de l’instrument ; ce qui le fait descendre d’une quarte plus bas que son ton naturel. Elle contient aussi deux branches intérieures, qui ne paroissent que quand on les tire par le moyen d’une barre qu’on pousse jusque vers la potence, & qui l’alonge comme on veut, pour faire toutes sortes de tons ; les branches visibles servent d’étui aux invisibles. La sacquebute ordinairement a huit piés, lorsqu’elle n’est point alongée, & qu’on n’y comprend point son tortil. Quand elle est tirée de toute sa longueur, elle va jusque à quinze piés. Son tortil est de deux piés neuf pouces ; elle sert de base dans toutes sortes de concerts d’instrumens à vent, comme font le serpent & le fagot ou basson, & elle sert de basse-taille aux hautbois. (D. J.)

SACQUIERS, s. m. pl. (Comm.) mesureurs de sel. On appelle ainsi à Livourne de petits officiers nommés par la ville au nombre de vingt-quatre, pour faire la mesure de tous les sels qui y arrivent. On leur donne ce nom à cause des sacs qu’ils fournissent pour le transport de ces sels. Leur droit de mesurage consiste en une mine de sel comble & deux pellées pour chaque barque qu’ils mesurent. Ils donnent à ces deux pellées surabondantes le nom de sainte-goute. Ce droit en total produit environ cinq cens écus par an. Id. ib.

SACRA, (Hist. anc.) nom que les Romains donnoient en général à toutes les cérémonies religieuses tant publiques que particulieres. Pour celles de la premiere espece. Voyez Fête.

Quant aux autres, outre celles qui étoient propres à chaque curie, il n’y avoit point de famille un peu considérable qui n’eût ses fêtes domestiques & annuelles qu’on nommoit sacra gentilitia, qui se célébroient dans chaque maison, & devoient être régulierement observées, même en tems de guerre &

de calamités, sous peine de la vengeance céleste. On célébroit aussi le jour de l’anniversaire de sa naissance, qu’on appelloit sacra natalitia ; celui où l’on prenoit la robe virile, sacra liberalia, & plusieurs autres où l’on invitoit ses parens & ses amis à un grand festin en signe de réjouissance.

Sacra gentilitia, (Hist. rom.) On nommoit ainsi chez les Romains les fêtes de famille, qu’ils célébroient régulierement dans chaque maison, dans la crainte de s’attirer la colere des dieux, s’ils y manquoient.

Il n’y avoit point de famille un peu considérable qui n’eût de ces sortes de fêtes annuelles & domestiques, indépendamment de celles de la naissance, qu’ils appelloient natalitia ; & des jours de la prise de la toge qu’ils nommoient liberalia, & auxquels les amis étoient invités comme à une noce.

Tous les anciens écrivains font mention des sacra gentilitia ; mais nous avons là-dessus deux exemples éclatans de l’observation & de l’inobservation de ces fêtes de famille : le premier est tiré du livre sept de la premiere décade de Tite-Live. Le jeune Fabius, dit cet historien, étant dans le capitole, pendant qu’il étoit assiégé par les Gaulois, en descendit chargé de vases & des ornemens sacrés, traversa l’armée ennemie ; & au grand étonnement des assiégeans & des assiégés, alla sur le mont Quirinal faire le sacrifice annuel, auquel sa famille étoit obligée. Le second est du même auteur, livre neuf de la même décade. La famille Potilia étoit très-nombreuse, elle étoit divisée en douze branches, & comptoit plus de trente personnes en âge de puberté, sans les enfans : tout cela périt dans la même année, pour avoir fait faire par des esclaves, les sacrifices qu’ils devoient faire eux-mêmes à Hercule. Ce n’est pas tout, il en couta la vue au censeur Appius, par les conseils duquel ils avoient cru pouvoir s’affranchir de cette sujettion. C’est Tite-Live qui parle ainsi. « De tout tems les hommes ont attribué aux dieux les événemens qui dépendent des causes naturelles ». (D. J.)

1. Sacra via, (Géog. anc.) ou le chemin sacré, chemin de Grece dans l’Attique, par où l’on alloit d’Athènes à Éleusine.

2. Sacra via, autre chemin dans le Pelopponèse, par où l’on alloit d’Élide à Olympie.

3. Sacra via, la rue sacrée ; c’étoit une des rues de Rome, qui est nommée dans ce vers d’Horace, l. I. sat. 9.

Ibam fortè viâ sacrâ, sicut meus est mos. (D. J.)


SACRAMACOU, (Diete.) nom que les habitans de la Martinique donnent au phitolacca, dont ils apprêtent & mangent fort communément les feuilles comme on mange les épinars en Europe. Voyez Phitolacca. (b)

SACRAMARON, s. m. (Botan. exot.) nom qu’on donne, aux îles françoises, à une herbe potagere haute de quatre à cinq piés ; sa feuille qui est la seule partie de la plante, bonne à manger, en la mettant dans le potage avec d’autres herbes, est longue d’environ six pouces, assez épaisse, fort verte, & bien nourrie. Ses fleurs sont à plusieurs pétales, panachées de verd, de rouge, de violet & de pourpre. (D. J.)

SACRAMENTAIRE, s. m. (Hist. ecclés.) nom d’un ancien livre d’église dans lequel étoient renfermées les cérémonies de la liturgie & de l’administration des sacremens. Voyez Liturgie & Sacrement.

Le pape Gelase fut le premier auteur du sacramentaire, dont Saint Gregoire retrancha plusieurs choses, en changea quelques-unes & en ajouta d’autres. Il recueillit le tout en un volume qu’on nomme le sacramentaire de S. Gregoire.

C’est la même chose quant au fond, que nos ri-