Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/458

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce changement que M. d’Andilli a travaillé. Il semble en effet, que la riviere Sabbatique ne marqueroit pas bien le repos du sabbat, si elle ne couloit que ce jour là ; pour bien faire, observe D. Calmet, elle devoit cesser de couler pour imiter le repos des Juifs.

Mais une autre remarque plus importante, c’est que Josephe est le seul & premier auteur du fleuve Sabbatique, qui vraisemblablement n’a jamais existé ; du moins on n’en connoit point aujourd’hui, & aucun voyageur ni géographe n’en a jamais fait mention : car pour Pline, il est évident qu’il a tiré de Josephe ce qu’il en dit, & même selon les apparences, il n’en croyoit rien. (D. J.)

SABBATIQUE jour et année, (Critiq. sacrée) le jour sabbatique étoit le jour du sabbat, qui se célébroit une fois chaque semaine ; l’année sabbatique étoit celle qui se célébroit de sept ans en sept ans, & dans laquelle on laissoit la terre sans la labourer & sans la moissonner ; tout ce qui venoit à la campagne étoit commun cette année. Dans l’année du sabbat, dit le Lévitique, xxv. 4. vous ne semerez point votre champ, vous ne taillerez point votre vigne, vous ne moissonnerez point ce qui vient de soi-même ; vous ne vendangerez point, car c’est l’année du repos de la terre ; cette année commençoit & finissoit au mois de Septembre. (D. J.)

SABBATUS, ou Sabatus, (Géog. anc.) riviere d’Italie, au royaume de Naples ; elle coule à Bénévent, & se jette dans le Vulturne. Cette riviere à Bénévent en reçoit une autre nommée Calor, & qui s’appelle encore Calore. Le sabbatus s’appelle sabato.

Sabbatus ou sabatus, est aussi le nom d’une autre riviere d’Italie, selon Antonin, à 18 mille pas au-delà de Consentiæ, en allant vers la colomne, le dernier terme de l’Italie pour passer en Sicile. (D. J.)

SABDARIFFA, s. f. (Hist. nat. Bot. exot.) espece de ketmia des Indes, nommée ketmia indica vitis folio ampliore, I. R. H. elle pousse une tige à la hauteur de trois ou quatre piés, droite, cannelée, purpurine, rameuse, garnie de feuilles amples comme celles de la vigne, partagées en plusieurs parties dentelées. Ses fleurs sont grandes, & semblables à celles de la mauve, d’un blanc pâle, & d’un purpurin noirâtre ; il leur succede des fruits oblongs, pointus, remplis de semences rondes, que l’on mange comme un légume, ce qui fait qu’on la cultive aux Indes. (D. J.)

SABÉ, (Géog. anc.) nom de deux villes d’Arabie, selon Ptolomée, l. VI. c. vij. il appelle l’une, Sabé regia, dont la longitude est selon lui, 76. lat. 13. Long. de l’autre Sabé, 73. 40. latit. 16. 56. (D. J.)

SABECH, s. m. (Faucon.) est la cinquieme espece d’autour ; le sabech ressemble à l’épervier.

SABAENS, Sabans, ou Sabéens, s. m. pl. (Hist. anc.) sectateurs du sabaïsme, ou sabiisme. Voyez l’article Sabiisme.

Sabéens, les, Sabœi, (Géog. anc.) ancien peuple de l’Arabie heureuse. Pline, l. VI. c. xxviij en parle ainsi : Les Sabéens, dit-il, sont les plus célebres d’entre les Arabes, à cause de l’encens ; ce peuple s’étend d’une mer à l’autre. Diodore de Sicile, après avoir parlé des Sabéens, l. III. c. iv. ajoute, la métropole de ce peuple, appellée Saba, est située sur une montagne. Virgile dit dans ses Géorgiques,

India mittit ebur, molles sua thura Sabœi.

Pline met la métropole sur une montagne remplie d’arbres, & lui donne un roi qui en avoit d’autres sous lui. Les Atramites étoient une des dépendances du royaume des Sabéens. C’est de ces Sabéens que bien des critiques prétendent qu’étoit souveraine la reine de Saba, qui alla voir Salomon.

Il y avoit encore un ancien peuple au voisinage de

l’Idumée, qui portoit le nom de Sabéen. (D. J.)

SABELLI, (Géog. anc.) diminutif de Sabini, & qui signifie, des petits Sabins, ou plutôt des descendans des Sabins. Horace, l. II. sat. j. v. 35. dit :

Nam Venusinus arat finem sub utrumque colonus,
Missus ad hoc pulsis, vetus est ut sama, Sabellis,
Quo ne per vacuum Romano incurreret hostis :
Sive quod Appula gens, seu quod Lucania bellum
Incuteret violenta.

« Si je voulois copier Lucile, je vous dirois dans son style, que je ne sais pas trop si je suis de la Lucanie, ou de la Pouille, parce que Vénuse, ma patrie, est sur la frontiere de ces deux provinces. J’ajouterois qu’il y a une vieille tradition que les Romains, après en avoir chassé les Samnites, y envoyerent une colonie, de peur que si le pays étoit dépourvû de garnisons, il ne prît envie aux Apuliens & aux Lucaniens, deux nations belliqueuses, de nous faire la guerre, & de passer au-travers pour entrer sur les terres de la république ».

Je suis ici la traduction du P. Sanadon, qui rend le Sabelli d’Horace par les Samnites & non par les Sabins. Plusieurs savans s’y sont trompés ; M. Dacier prétend aussi que ce sont les Samnites ; & Desprez, dans son Horace à l’usage du Dauphin, a ouvert le même sentiment.

Par ces Sabelli ou Samnites, il faut entendre ceux que l’on appelloit Hirpini, qui touchoient la Pouille au nord, & la Lucanie à l’est. Tous ces peuples descendoient originairement des Ausones, qui depuis prirent le nom d’Osques, & ensuite celui de Sabins ; ceux-ci formerent différentes peuplades, qui farent les Aurunces, les Fidicins, les Samnites, les Picentins, les Vestins, les Marrucins, les Pélignes, les Marses, les Eques, & les Herniques ; les Samnites produisirent les Trentaniens, les Lucaniens, les Campaniens, & les Hirpins ; enfin les Lucaniens donnerent naissance aux Bruttiens.

Il est bien vrai que les Samnites étant descendus des Sabins, on a dit quelquefois Sabelli pour Sabini, par une variation de dialecte ; mais ici il ne peut signifier que les Samnites, parce que ces derniers étant dans le voisinage de Vénuse, étoient aussi beaucoup plus à portée de s’en rendre les maîtres, que les Sabins, qui en étoient fort éloignés. (D. J.)

SABELLIENS, s. m. pl. (Hist. ecclés.) secte d’hérétiques qui parurent en Orient dans le iij. siecle ; ils réduisoient les trois personnes de la sainte Trinité, à trois relations, ou plutôt ils les confondoient, reduisant la Trinité à la seule personne du Pere, dont ils disoient que le Fils & le S. Esprit n’étoient que les vertus, les émanations, ou les fonctions. Voyez Trinité & Personne.

Sabellius, leur chef, natif de Ptolémaïde ville de Lybie, y sema ses erreurs vers l’an 260, confondant la trinité des personnes ; il enseignoit qu’il n’y avoit point de distinction entr’elles, mais qu’elles étoient une, comme le corps, l’ame & l’esprit ne font qu’un homme ; il ajoutoit que le pere de toutes choses étoit dans les cieux, que c’étoit lui qui étoit descendu dans le sein de la vierge, qu’il en étoit né, & qu’ayant accompli le mystere de notre rédemption, il s’étoit lui-même répandu sur les apôtres en forme de langues de feu, d’où on l’avoit appellé le Saint-Esprit.

S. Epiphane dit que le dieu des Sabelliens, qu’ils appelloient le Pere, ressembloit selon eux, au soleil, & étoit un pur substratum, dont le Fils étoit la vertu, ou la qualité illuminative, & le S. Esprit, la vertu échauffante ; que le Verbe en avoit été tiré ou dardé comme un rayon divin, pour accomplir l’ouvrage de la rédemption, & qu’étant remonté aux cieux, comme un rayon remonte à sa source, la vertu