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le chemin ou rivage doit être de vingt-quatre piés de large ou de , comme dit cette ordonnance ; en d’autres endroits il ne doit être que de dix-huit piés. Dictionn. de Comm. & de Trév.

RIVERAGE, s. m. (Comm.) droit domanial & quelquefois seulement seigneurial, qui se paye pour chaque courbe de chevaux qui tirent les bateaux soit en montant soit en descendant la riviere. Ce droit est établi pour entretenir les chemins qui sont reservés le long des rivages pour le tirage de ces bateaux. En 1708, par déclaration du roi du 29 Décembre il fut ordonnée une levée par doublement au profit de Sa Majesté, de tous les droits de péages, pontenages, riverages, &c. dans toute l’étendue du royaume. Dictionn. de Comm.

RIVAL, s. m. (Gram.) terme de relation qui s’applique à deux personnes qui ont la même prétention.

Le mot rival se dit proprement d’un compétiteur en amour. Les intrigues des comédies & des romans sont assez souvent fondées sur la jalousie de deux rivaux qui se disputent une maîtresse. On applique aussi ce terme à un antagoniste dans d’autres poursuites.

Les Jurisconsultes font venir ce mot de rivus, ruisseau commun à plusieurs personnes qui viennent y puiser de l’eau, quòd ab eodem rivo aquam hauriant : & Donat prétend que rival a été formé de rivus, parce que les animaux prennent souvent querelle, lorsqu’ils viennent boire en même tems au même ruisseau. Mais Cœlius Rhodiginus dit (& cette étymologie est beaucoup plus sensée) qu’anciennement on appelloit rivaux, rivales, ceux dont les terres étoient séparées par une fontaine ou un ruisseau, dont le cours étant sujet à être détourné suivant différentes routes, occasionnoit entre les voisins des disputes & des procès fréquens. C’est ce qu’on voit tous les jours à Paris entre les porteurs d’eau qui viennent pour remplir leurs seaux à la même fontaine. Cette coutume de séparer les terres par de petits canaux ou ruisseaux, a lieu dans les prairies voisines d’un gros ruisseau ou d’une riviere dont on fait entrer l’eau dans les prés, ensorte qu’il n’est permis aux particuliers ni d’en retenir ni d’en détourner le cours au détriment de leurs voisins.

Horace dit qu’un auteur trop amoureux de ses ouvrages, court risque d’en être amoureux tout seul & sans avoir de rival :

Quin sine rivali teque & tua solus amares. Art. poét.


& la Fontaine a dit d’un homme laid, & cependant épris de lui-même,

Un homme qui s’aimoit sans avoir de rivaux.

RIVALITÉ, s. f. (Bell. lettr.) concurrence de deux personnes à une même chose sur laquelle elles ont des prétentions. Voyez Rival.

RIVALLO, (Géog. mod.) petite ville d’Italie au royaume de Naples, dans les terres de Labour, à huit lieues de la capitale. (D. J.)

RIVE, s. f. (Gram.) bord en général. On dit la rive ou les rives d’un fleuve. La rive d’un bois.

RIVES, (Com.) Les mesureurs de grains appellent ainsi les deux bords du côté de la radoire ou racloire dont ils se servent pour rader les grains de dessus les mesures. Voyez Radoire.

Rive, (Soirie.) bord de la chaîne tendue soit à droite, soit à gauche. On dit aussi rive de l’étoffe.

RIVER, v. act. (terme de Serrur. Coutel. Tailland. & autres Arts méchan.) c’est rabattre la pointe

d’un clou, & y faire une nouvelle tête pour l’affermir.

River, en terme d’Eventailliste, c’est rassembler toutes les fleches d’un éventail vers le centre, par le moyen d’un clou qui traverse tous les brins. Voyez la figure qui représente un clou à vis, c’est-à dire, dont une des têtes est taraudée, & se visse sur la tige du clou qui est faite en vis de ce côté : l’autre tête est rivée.

River, en terme de Fourbisseur, c’est rabattre l’extrémité de la soie sur le bouton du pommeau, ensorte que cette extrémité soit faite en forme de tête de clou qui retient sur la soie le pommeau & toutes les pieces qui y sont enfilées.

River, en Horlogerie, c’est rabattre à coups de marteau, & quelquefois par le moyen d’un poinçon, les parties d’une piece de métal sur une autre piece, pour les faire tenir ensemble. Voyez Rivure, Poinçon à river, Poinçon à couper.

River, en terme d’Orfevre en grosserie, c’est arrêter une piece sur une autre à laquelle on a pratiqué une espece de clou qu’on écrase, & qu’on lime imperceptiblement sur le trou chamfré ou fraisé. Voyez Chamfrer.

RIVERAINS, s. m. pl. (Jurisprud.) sont ceux qui ont des héritages ou quelque droit de seigneurie & de justice au bord d’un fleuve, d’une riviere ou ruisseau, ou même sur la rive d’une forêt. Voyez l’Ordonnance des eaux & forêts. (A)

RIVET, s. m. terme de Manege, c’est l’extrémité du clou qui est rivé ou retroussé sur la corne, & qui paroît quand on a ferré les chevaux. Richelet. (D. J.)

Rivet, (Serrur. Tailland. Coutel.) clous rivés pour arrêter quelques pieces avec d’autres. Voyez Rivet.

Rivet, (Cordonn.) couture interieure du soulier. Voyez Tranche-fil.

RIVETIER, s. m. terme & outil de Ceinturier, qui leur sert pour faire des petits yeux d’étain pour river & attacher plusieurs pieces de cuir ensemble.

Cet outil est une espece de petit poinçon rond, de la longueur d’un pouce ou deux, dont un des bouts est tranchant tout-autour & creux en-dedans, au milieu duquel creux est encore une petite pointe pour faire le trou du milieu de l’œil qu’il vient de former. Voyez la fig. Pl. du Ceinturier, qui représente une coupe dudit poinçon.

RJUGAN, ou DJUGAN, vulgairement DJUGANNUKI, (Hist. nat. Bot.) c’est un arbrisseau du Japon, d’origine chinoise, dont les branches sont minces, les feuilles partagées en cinq lobes, la fleur en forme de rose & d’une parfaite blancheur. Son fruit qui est ramassé en grappes, est de la grosseur d’une noix, & contient une pulpe noire, molle, douce, avec un noyau de couleur cendré, dur & d’un goût fade. La pulpe que les Japonnois trouvent délicieuse, a le goût d’une cerise seche, qu’on auroit fait cuire au vin & au sucre.

On distingue deux autres especes du même arbre, qui se nomment roganna & ritsji.

RIVIERE, s. f. (Gramm.) masse d’eau courante dans un lit, la plus grande après le fleuve. Les pluies forment les fontaines ; les fontaines forment les ruisseaux ; les ruisseaux forment les rivieres. Les rivieres grossies, & se rendant à la mer sans perdre leur nom, s’appellent fleuves.

On dit que la riviere est marchande, quand elle n’a ni trop ni trop peu d’eau, ensorte que les bateaux qu’elle porte, peuvent arriver à leur destination.

Riviere, (Géogr. mod.) ce mot synonyme à ce-