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Supposons, par exemple, que le diametre du larynx soit 5, son orifice sera 0.19. Supposons encore que ces deux lobes des poumons soient deux vessies ou spheres, dont les diametres sont chacun de six pouces, leurs surfaces seront chacune de 113 pouces, & la pression sur le larynx sera à la pression sur toute la surface externe, comme 0.19 à 226, c’est-à-dire, comme 1 à 1189. Si donc la pression sur le larynx, dans la respiration ordinaire, est de deux onces, la même pression sur toute la surface externe des poumons sera de 148 livres ; & la plus grande force, la pression sur le larynx étant de 7 onces, sera égale à 520 liv. Mais les poumons ne sont point comme une vessie vuide, où l’air ne presse que sur la surface, car ils sont remplis de vésicules, sur la surface de chacune desquelles l’air presse comme il le feroit sur une vessie vuide. Il faut donc pour connoître la pression entiere de l’air, déterminer auparavant les surfaces internes des poumons.

Supposons pour cet effet que les branches de la trachée-artere occupent la troisieme partie des poumons, que l’autre tiers soit rempli de vaisseaux, & le restant de vésicules, sur lesquelles nous supposons que se fait la principale pression. Les deux lobes des poumons contiennent 226 pouces cubiques, dont le tiers, savoir 75 pouces cubiques est rempli de vésicules. Que le diametre de chaque vésicule soit un d’un pouce, la surface sera de 00156, & la solidité de 00000 43. Si l’on divise 75 par cette somme, qui est l’espace qu’occupent les vésicules, le quotient donnera 1744 1860 pour le nombre de vésicules contenues dans les deux lobes des poumons. Ce nombre étant multiplié par 001256, qui est la surface d’une vésicule, donnera la somme des surfaces de toutes les vésicules, savoir, 21906, 976 pouces. Il suit donc que la pression sur le larynx sera à la pression sur toute la surface des poumons, come 0.19 à 21606, 976 ; & par conséquent, si dans une expiration ordinaire la pression sur le larynx est équivalente à deux onces, la pression sur toute la surface interne des poumons sera de 14412 livres, & la plus grande force de l’air en respirant, en supposant la pression sur le larynx de sept onces, sera de 50443 livres pesant. Quoique ce poids paroisse prodigieux, il faut faire attention que la pression sur chaque partie de la surface des poumons égale à l’orifice de larynx, n’est pas plus grande qu’elle l’est sur le larynx, & que ces poids immenses naissent de la vaste étendue des surfaces des vésicules sur lesquelles il est nécessaire que le sang se répande dans les plus petits vaisseaux capillaires, afin que chaque globule de sang puisse recevoir, pour ainsi dire, immédiatement toute la force & l’énergie de l’air, & être divisé en autant de particules qu’il est nécessaire pour la secrétion & la circulation.

Cela suffit pour nous faire comprendre la raison méchanique de la structure des poumons ; car, puisqu’il faut que tout le sang du corps y passe pour sentir l’effet de l’air, & que cela ne peut se faire que le sang ne se distribue dans les plus petits vaisseaux capillaires, il faut que les surfaces sur lesquelles ils sont répandus soient proportionnées à leur nombre, & c’est à quoi la nature a admirablement bien pourvu par la structure admirable des poumons.

Si la pesanteur de l’air étoit toujours la même, & que le diametre de la trachée-artere & le tems de chaque expiration fussent égaux en tout, cette pression sur les poumons seroit toujours la même ; mais comme nous trouvons par le barometre qu’il y a trois pouces de différence entre la plus grande & la plus petite pesanteur de l’air, ce qui est la dixieme partie de sa plus grande gravité, il doit y avoir de même la différence d’un dixieme de sa pression sur les poumons en différens tems ; car les forces de tous les corps qui

se meuvent avec la même vîtesse, sont comme leur pesanteur. Voyez Barometre.

Les personnes asthmatiques doivent s’appercevoir visiblement de cette différence, sur-tout si l’on considere qu’elles respirent plus fréquemment, c’est-à-dire que chaque expiration se fait en moins de tems ; car respirant la même quantité d’air dans la moitié moins de tems, la pesanteur de l’air sur les poumons doit être de 57648 livres, dont le dixieme est 5764 : par conséquent les personnes sujettes à l’asthme, lors de la plus grande élévation ou descente du barometre, doivent sentir une différence dans l’air égale à plus d’un tiers de sa pression dans la respiration ordinaire. Voyez Asthme, Tems.

Si la trachée est petite & son orifice étroit, la pression de l’air augmente dans la même proportion que si le tems de l’expiration étoit plus court ; & de-là vient que le ton grêle de la voix passe toujours pour un signe pronostic de consomption : on sent qu’il provient du peu d’étendue du larynx ou de la trachée, qui fait que l’air presse avec plus de force sur les poumons, qu’il frappe à chaque expiration les vaisseaux avec tant de force, qu’ils rompent à la fin, d’où s’ensuit un crachement de sang. Voyez Phthisie.

Respiration, (Médecine séméiotiq. Patholog.) ce n’est pas seulement dans les maladies qui affectent immédiatement quelque partie de la poitrine, que la respiration est altérée ; il en est peu d’autres qui n’entrainent avec elles un dérangement plus ou moins considérable dans l’exercice de cette importante fonction, surtout quand le mal parvenu à son dernier période rapproche sa victime de l’éternelle nuit ; les maladies du bas-ventre ont sur elle une influence plus prompte & plus assurée ; ces effets n’ont pas de quoi surprendre celui qui sait que la respiration, une des fonctions maîtresses du corps humain, & peut-être celle qui donne le branle à toutes les autres, exige, pour être bien exercée, non-seulement l’action constante & bien proportionnée de toutes les parties de la poitrine, mais encore le concours réciproque & simultané de la plûpart des organes du bas-ventre, que son ressort principal est le diaphragme, pivot sur lequel roulent presque tous les mouvemens de la machine, centre où ils viennent se concentrer ; qu’ainsi la correspondance uniforme de toutes les parties du corps est nécessaire pour son intégrité, & qu’enfin il faut pour le mouvement de tous les organes qui y servent, une juste distribution de forces.

1°. Les parties de la poitrine sont immédiatement affectées dans les pleurésies, péripneumonies, phthisies, empyèmes, asthmes, hydropisies de poitrine & du péricarde, vomiques, tubercules, &c. dans les polypes du cœur & des gros vaisseaux, dans les anévrismes qui ont le même siege, dans les palpitations, &c. aussi toutes ces maladies ont-elles pour symptome essentiel une vice quelconque de la respiration.

2°. Parmi les maladies du bas-ventre, celles qui ont pour effet plus ordinaire, & pour symptome plus familier un dérangement dans la respiration, sont l’inflammation du foie, de l’estomac, de la rate, les obstructions considérables de ces visceres, les distensions venteuses ou autres de l’estomac & du colon, les digestions lentes & difficiles, les inquiétudes ou les resserremens, comme on dit de l’orifice de l’estomac, suite fréquente des chagrins, d’une terreur subite, d’une joie imprévue, &c. les blessures du bas-ventre, & surtout des muscles abdominaux, les collections d’humeurs dans cette cavité qui empêchent la diaphragme de s’applanir, &c.

3°. Les maladies particulieres au diaphragme, la paraphrénésie, les blessures de cet organe, & les affections qu’il partage avec les autres parties, alterent