L’Encyclopédie/1re édition/ASTHME

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 776-777).

ASTHME, s. m. (Med.) difficulté de respirer, maladie de poitrine, accompagnée d’une espece de sifflement. On lui a aussi donné les noms de dyspnée & d’orthopnée, mots tirés du Grec, & que l’on doit rendre en François, par ceux de respiration difficile, ou respiration debout ; situation favorable au malade, lorsqu’il est dans un accès d’asthme.

Les causes générales de l’asthme, sont toutes les maladies qui ont affecté ou affectent quelques parties contenues dans la poitrine, & ont occasionné quelque délabrement dans les organes de la respiration ; telles sont l’érésipele du poûmon, ou l’inflammation de cette partie ou de quelqu’autre, dont la fonction est nécessaire à la respiration, sur-tout lorsque cette inflammation a dégénéré en suppuration, & qu’il se rencontre quelque adhérence à la pleure ou au diaphragme. On peut encore mettre au nombre de ces causes, le vice de conformation de la poitrine, tant dans les parties intérieures que dans les extérieures.

1°. Les causes prochaines ou particulieres de l’asthme, sont la trop grande abondance de sang provenant des causes de la pléthore universelle, comme la suppression des pertes de sang ordinaires, le changement subit d’un air chaud en un froid, l’usage immodéré d’alimens succulens ; & alors cette espece d’asthme s’appelle sec, & selon Willis convulsif. 2°. La surabondance d’humeurs séreuses, qui refluant du côté des poumons, abreuvent le tissu de leurs fibres, & le rendent trop lâche & peu propre à recevoir & chasser l’air qui y est apporté, & par le moyen duquel s’exécute la respiration ; c’est particulierement à cette espece d’asthme que sont sujets les vieillards ; on l’appelle asthme humide ou humoral.

Il suffit pour expliquer le retour périodique de cette maladie, de faire attention à ce que je viens de dire sur sa cause ; dès qu’il se rencontrera quelque révolution qui la déterminera, elle occasionnera un acces d’asthme ; les changemens de tems, de saison, le moindre excès dans l’usage des choses non-naturelles, sont autant de causes déterminantes d’un accès d’asthme.

Cette maladie est ordinairement de longue durée, & aussi dangereuse qu’elle est fâcheuse ; en effet, un malade sujet à l’asthme, croit à chaque accès dont il est attaqué, que ce sera le dernier de sa vie ; rien n’étant plus nécessaire pour la conservation que la respiration, la crainte qu’il a de ne pouvoir plus respirer est certainement bien légitime.

La suite ordinaire de l’asthme, sur-tout de celui que nous avons nommé humide, est l’hydropisie de poitrine, il est donc question de faire tous ses efforts pour prévenir cette funeste fin dans ceux qui en sont menacés ; pour cet effet, on usera de remedes qui pourront diminuer la trop grande quantité de sérosités, & en même tems donner du ressort aux fibres des poumons, & les mettre en état de résister à cette affluence de liqueurs nuisibles. La saignée est un remede très-indiqué dans l’asthme sec ou convulsif, qui est ordinairement accompagné d’ardeur & de fievre ; les délayans, la diete, & tout ce qui peut diminuer la quantité & l’effervescence du sang, sort aussi d’un très-grand secours. (N)