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REPENTAILLES, s. f. pl. (Jurisprud.) vieux mot qui signifioit l’amende que l’on faisoit payer par celui qui vouloit rompre un mariage contracté, à l’autre conjoint, & aussi l’aumône que l’on faisoit payer en ce cas à l’église. (A)

REPENTANCE, (Théologie.) c’est l’action de se repentir.

Clément d’Alexandrie dit : « La repentance, c’est de ne point retomber, s’il est possible, dans les mêmes péchés, mais d’arracher radicalement du cœur tous ceux que nous connoissons pouvoir nous priver du salut ». Ce Dictionnaire ne souffre pas de plus grands détails. Il n’admet en ce genre que des définitions simples & vraies. (D. J.)

REPENTIR, s. m. (Gram.) chagrin de l’ame qui a la conscience de quelque faute commise & qui se la reproche.

Le repentir est d’une chose passée. On achete bien cher des repentirs. Celui qui aura conservé sa santé, sa fortune & sa probité, n’aura aucun repentir bien cuisant.

REPEPION, terme de Cloutier d’épingle ; sorte de petit poinçon à l’usage des Cloutiers d’épingles.

REPERCER, v. act. (Gram.) percer une seconde fois. Les Bijoutiers entendent par ce mot évuider une plaque de métal selon un dessein donné que l’on trace dessus. On se sert pour repercer, de forets, de limes & des petites scies. Ce mot est synonyme de percer.

RÉPERCUSSIFS, adj. terme de Chirurgie concernant la matiere médicale externe. Ce sont des médicamens qui ont la vertu de repousser les humeurs qui font affluence sur une partie, ou qui s’y seroient déjà engagées. Ils ne peuvent être appliqués avec fruit que dans le commencement des tumeurs inflammatoires pour en empêcher le progrès, ou dans des cas où l’on prévoit une inflammation nécessaire sans l’application de ces médicamens qui la préviennent, ou du moins la moderent.

On peut regarder les répercussifs sous deux classes, qui sont les rafraîchissans & les astringens. Chaque classe contient des genres & des especes, qui different par leur nature & le degré de leur vertu.

Les répercussifs rafraîchissans se tirent des remedes aqueux, tels que la laitue, le pourpier, l’endive, la lentille d’eau, le blanc d’œuf, le frai de grenouille, &c. Voyez Rafraichissans. Les répercussifs astringens sont les roses rouges, les balaustes, le sang de dragon, le bol d’Arménie, l’alun. Voyez Astringens. Les auteurs mettent les narcotiques, tels que le solanum, la belladonna, la mandragore, l’opium. Et dans la seconde toutes les plantes vulnéraires, aromatiques, qui ont la vertu de fortifier & de corroborer les parties.

La doctrine des anciens sur l’usage des répercussifs étoit très-raisonnée, & fait honneur au savoir & au discernement de ces premiers maîtres. Dans le traitement des tumeurs contre nature, ils avoient égard à la matiere antécédente, laquelle étoit l’humeur dont la tumeur se fait, & dans le tems qu’elle est encore en voie de former la fluxion. Dans ce premier tems on employoit, d’après le précepte de Galien, des répercussifs plus ou moins forts, excepté en six cas, très-clairement exposés par Gui-de-Chauliac. 1°. Quand l’humeur est virulente ou venéneuse : 2°. lorsque la tumeur se fait par crise, voyez Crise : 3°. quand le siege de la tumeur est près de quelque partie respectable par l’importance de ses fonctions : 4°. quand l’humeur est épaisse, crasse & visqueuse : 5°. quand la matiere est située profondément ; & 6°. quand elle attaque les parties connues par les anciens sous le nom d’émunctoires. On sent assez, dans ces cas d’exception, quels sont ceux où les répercussifs seroient dangereux, & ceux où ils ne seroient qu’inutiles.

Dans les cas où l’humeur est venéneuse, le danger de repousser au-dedans est manifeste : cependant, en certain cas, comme dans les charbons gangreneux, les répercussifs, défendus par la premiere exception, peuvent être employés utilement, non sur la tumeur, mais au-dessus du mal, pour défendre la partie supérieure du membre, de la contagion des sucs corrompus, & donner aux vaisseaux le ressort nécessaire pour soutenir l’action vitale dans une partie où il y a des semences de mort. Pendant ce tems on administre les remedes généraux qui sont indiqués ; on établit un régime convenable ; on sait usage des remedes intérieurs appropriés pour corriger la mauvaise qualité des liqueurs, & l’on traite le vice local suivant les indications qu’il présente au chirurgien savant & expérimenté. Il y a des cas où l’on peut scarifier la partie pour procurer le dégorgement des sucs putrides ou putrescibles qui sont en stagnation. Dans d’autres cas, on peut, par l’application d’un cautere potentiel, fixer l’humeur sur la partie, & attirer une prompte suppuration. D’autres circonstances peuvent exiger de détruire promptement la partie par le cautere actuel qui desseche puissamment, & fortifie les vaisseaux de la circonférence du mal.

Lorsque la tumeur se fait par crise, les répercussifs seroient dangereux, puisqu’ils agiroient directement contre l’intention de la nature, qu’il faut favoriser par des émolliens & des maturatifs : c’est le cas de la seconde exception.

Il suffit de donner pour le cas de la troisieme exception l’exemple du danger des répercussifs appliqués extérieurement dans les maux de gorge, dont on a vu l’usage suivi de suffocation par la métastase de l’humeur sur la poitrine. Voyez Métastase.

Les répercussifs détermineroient l’induration des tumeurs par congestion faite de sucs lymphatiques, disposés à l’épaississement. C’est le cas de la quatrieme exception.

Quand le siege de la tumeur est profond, on appliqueroit en vain des répercussifs, à l’action desquels l’humeur ne seroit point soumise ; c’est le cas de l’inutilité de ces remedes qui fait l’objet de la cinquieme exception.

Le sixieme cas d’exception présente précisement le même inconvénient que le second ; parce que la matiere morbifique déposée sur certaines parties doit faire regarder les tumeurs qui en sont formées comme critiques, quoiqu’elles ne soient pas la terminaison d’une fievre aiguë.

On applique avec succès les répercussifs dans les premiers momens d’une contusion ; on trempe le pié dans de l’eau très-fraîche, & même dans de l’eau à la glace, dans le cas d’entorse ; ayant toutefois égard aux circonstances où se peuvent trouver d’ailleurs les personnes auxquelles ce remede pourroit convenir ; telle est une femme qui auroit ses regles, un homme fort échauffé par exercice violent. On risqueroit une suppression des menstrues dans le premier cas, & une fluxion de poitrine dans le second.

Les plaies contuses récentes admettent les répercussifs ; jusqu’au quatrieme jour ils appaisent la douleur, & préviennent l’inflammation en procurant la résolution la plus prompte des sucs épanchés dans l’interstice des fibres déchirées & meurtries par la contusion, tels que les cataplasmes des quatre farines avec le vinaigre & un peu d’huile rosat, ou des embrocations avec l’oxirodinum. Les saignées faites à-propos, & réitérées suivant l’exigence, aident & favorisent beaucoup le bon effet des topiques répercussifs.

Bien des praticiens appliquent pour premiere piece d’appareil, dans le premier pansement d’une fracture, un défensif avec le bol d’Arménie, l’alun de roche & le blanc d’œuf. Voyez Défensif.