Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/848

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la chaleur à ce qui s’est refroidi, on en donner à ce qui est froid. Il se prend au simple & au figuré, faites rechauffer ce potage ; il s’est un peu rechauffé sur la fin de son rôle ou de son discours.

Rechauffer carreau, terme d’ancien monnoyage, c’étoit donner une seconde recuite aux carreaux ; ce procédé suivoit celui de recuire carreau. Voyez Recuire carreau.

Rechauffer, Rechauffement, (Jardinage.) c’est mettre de nouveau fumier dans les sentiers entre les couches trop froides pour les rechauffer & leur donner de la vigueur. On dit rechauffer un planche d’asperges.

Rechauffer un cheval, en termes de Manege, c’est se servir des aides un peu vigoureusement, pour rendre plus actif un cheval paresseux.

RECHAUFFOIR, s. m. (Archit.) petit potager près de la salle à manger, où l’on fait rechauffer les viandes lorsque la cuisine en est trop éloignée. Daviler. (D. J.)

RECHAUSSER, v. act. & pass. c’est remettre sa chaussure ; rechaussez-vous, j’ai vu vos jambes. Se rechausser, voyez les articles suivans.

Rechausser, v. act. (Charpent.) c’est remettre des dents aux roues & aux machines dentées comme à celle des moulins. (D. J.)

Rechausser, (Jardinage.) est apporter de la terre le long des arbres dont le pié est trop dégarni. On rechausse ainsi de terre les asperges & les palissades pour les faire repousser.

Rechausser, à la monnoie, c’est diminuer un flanc & le rendre du poids prescrit par les ordonnances. On ne se sert plus de ce terme ; cette manutention s’appelle ajuster.

Dans l’ancien monnoyage rechausser, c’étoit abattre les pointes ou angles des flancs quarrés ; & c’étoit la cinquieme façon qu’on suivoit en fabriquant au marteau.

RECHAUSSOIR, s. m. terme de Carreleur, marteau léger dont les ouvriers ou tailleresses se servent pour rechausser les carreaux.

Rechaussoir, terme d’ancien monnoyage, étoit une espece de marteau long & recourbé, à-peu-près comme celui dont se servent continuellement les Tonneliers : il servoit pour arrondir & abattre les angles ou pointes des quarreaux.

RECHBERG, (Géog. mod.) comté d’Allemagne dans la Suabe, le long de la riviere de Rems, entre le Wirtenberg & le pays d’Œtlingen. Il a ses seigneurs particuliers, & il fut érigé en comté par l’empereur Ferdinand II.

RECHERCHE, (Lang. franç.) ce mot signifie en général perquisition ; mais il ne se dit pas indifféremment de toutes choses. Ce ne seroit pas parler correctement que de dire, faire la recherche d’une chose perdue ; cependant on dit faire la recherche de l’auteur d’un meurtre, des secrets de la nature, &c.

On dit aussi faire la recherche d’une fille, pour dire la faire demander en mariage.

On ne diroit pas dans le propre, la recherche des perles, la recherche des trésors que la terre & la mer renferment dans leurs abysmes ; mais on diroit bien au figuré, la recherche des biens de la terre & la recherche des trésors.

Quand on dit d’une chose égarée, quelque recherche que j’en aie faite, je n’ai pu en rien apprendre, alors recherche se prend au figuré, & c’est comme si l’on disoit, quelque soin que j’aie pris pour en apprendre des nouvelles.

Non-seulement on ne dit pas recherche au propre à l’égard d’une chose perdue, mais on ne dit pas même rechercher, à-moins que par ce verbe on n’entende chercher une seconde fois ; par exemple, on n’a pas bien cherché par-tout, il faut rechercher.

Recherche se dit en termes de Jurisprudence pour enquête ; la recherche des faux-monnoyeurs, des faux-nobles.

Enfin recherche se dit au figuré des choses curieusement recherchées. Un livre plein de belles recherches. Les Anglois sont les hommes qui dans les sciences font les recherches les plus profondes. (D. J.)

Recherche, (Jurisprud.) signifie perquisition, & quelquefois poursuite.

Recherche d’une personne pour crime, c’est lorsque la justice pour suit quelqu’un prévenu de quelque délit.

Recherche de la noblesse, c’est lorsque le roi commet des juges pour faire des perquisitions contre ceux qui usurpent le titre de noble.

Recherche de procès, & instance en la répétition que l’on en fait contre ceux qui en sont chargés. Voyez Juges, Avocats, Procureurs.

Recherche d’un acte est la perquisition que l’on en fait dans un greffe ou dans l’étude d’un notaire, lorsque l’on ne sait pas au juste la date de cet acte, on paye en ce cas un droit de recherche, c’est-à-dire pour la recherche. (A)

Recherches perpétuelles, (Jurisprudence romaine.) c’étoit des perquisitions que le sénat ordonnoit de faire suivant les conjonctures pour les crimes capitaux & d’état ; ces perquisitions & le jugement en étoit commis par le peuple à des magistrats particuliers, à des préteurs, qu’on nommoit questeurs du parricide.

Les perquisitions ou recherches qu’ils faisoient à cette occasion furent appellées quæstiones perpetuæ, soit parce qu’elles avoient une forme prescrite qui étoit certaine & invariable, ensorte qu’elles n’avoient pas besoin d’une nouvelle loi comme autrefois, soit parce que les préteurs faisoient ces recherches perpétuellement & durant toute l’année de leur exercice, & que le peuple, comme ci-devant, ne nommoit plus des édiles pour faire ces sortes d’informations.

L’objet des premieres recherches perpétuelles furent les concussions, les crimes d’ambition, ceux d’état & de péculat. Sylla y joignit le crime de faux, ce qui renfermoit le crime de fabrication de fausse monnoie, le parricide, l’assassinat, l’empoisonnement, on y ajouta encore comme une suite la prévarication des juges & les violences publiques & particulieres. Cependant le peuple & même le sénat connoissoient quelquefois par extraordinaire de ces crimes, & nommoient des commissaires pour informer ; ainsi qu’il arriva dans le procès de Silanus, accusé de concussion dans l’affaire de Milon, touchant le meurtre de Clodius, & dans celle de ce Clodius même qui avoit profané le culte de la bonne déesse. On ordonnoit alors une information de pollutis sacris, sur-tout lorsqu’il s’agissoit d’une vestale accusée d’avoir eu commerce avec un homme, & d’autres crimes semblables ; à l’égard de l’assassinat, le peuple faisoit le procès aux coupables dans des comices assemblés par centuries.

Lorsque le sénat avoit ordonné les recherches ou informations, les préteurs tiroient entr’eux au sort le procès qui devoit leur échoir, car les comices ne fixoient point l’attribution des causes. Quelquefois les deux préteurs travailloient au même procès, surtout quand il s’agissoit d’un grand nombre de complices. Quelquefois un seul préteur connoissoit de deux affaires. Le préteur étranger connut pendant un certain tems du crime de concussion ; & même le préteur de la ville, par un decret du sénat, informoit sur les affaires de l’état : cependant cela est douteux, puisque Verrès contrevint aux lois, lorsque dans sa préture il voulut juger d’un crime d’état. Enfin on vit quelquefois les deux préteurs joints ensem-