Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/842

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


REBRAS, s. m. (Lang. franç.) vieux mot qui signifioit le rebord, le repli de quelque ajustement ; le rebras des manches, le rebras d’un manteau, désignoit ce qui se retourne sur l’épaule, sur le bras, & où l’on met d’ordinaire des paremens. Richelet. (D. J.)

REBRASSER, v. act. terme de Grammaire, brasser de rechef. Voyez l’article Brasser.

REBRECHER ou REBRICHER, (Jurisprud.) signifie quelquefois répéter, récoler. On trouve dans quelques anciennes coutumes, rebrecher une enquête, c’est-à-dire, en faire le récollement. Voyez le ch. xl. des anciennes coutumes de Bourges, publiées par la Thaumassiere, p. 265.

Quelquefois rebrecher, signifie débattre ou repliquer ; dans quelques provinces les rebreches sont des repliques aux soutenemens d’un compte.

On entend quelquefois par rebreches, toutes sortes d’écritures, ce qui paroît venir de ce que le titre de ces écritures étoit écrit en lettres rouges, ce qui les faisoit appeller rubriches ou rubriques, & par corruption, rebriches, d’où l’on a fait rebrecher & rebricher. Voyez Beaumanoir en ses coutumes de Beauvoisis, ch. vj. & le gloss. de M. de Lauriere. (A)

REBRIDER, v. act. terme de Grammaire ; brider de-rechef. Voyez l’article Brider.

REBRODER, v. act. terme de Grammaire, réparer la broderie d’un ouvrage, ou la doubler, ou y ajouter quelque travail. Voyez l’article Broderie.

REBROUILLER, v. act. terme de Grammaire, brouiller de nouveau. Voyez l’article Brouiller.

REBROUSSE, s. f. (Lainage.) c’est un instrument de fer en forme de petit peigne rond par le dos : il y en a de deux sortes, l’un qui a des dents pointues, & l’autre qui n’en a point. La rebrousse sert aux tondeurs de draps pour rebrousser, ou relever le poil ou la laine sur la superficie de l’étoffe, afin de la pouvoir tondre plus facilement. Il y a bien des endroits où l’on ne se sert point de rebrousses dentées, parce que l’on prétend qu’elles peuvent énerver ou altérer le fond des étoffes. Savary. (D. J.)

REBROUSSEMENT, s. m. (Géometrie.) est la même chose que ce que l’on appelle en latin flexus contrarius, flexion contraire. On peut concevoir le rebroussement des courbes de la maniere suivante. Supposons une ligne courbe AFK, (Pl. géométr. fig. 82.) partie concave, & partie convexe, par rapport à la ligne droite AB, ou au point déterminé B. Le point F, qui sépare la partie concave de la courbe, de la convexe, ou qui termine l’une, & sert de commencement à l’autre, est appellé le point d’inflexion, lorsque la courbe est continuée du point F, vers le même endroit qu’auparavant. Quand elle retourne en arriere vers A, F est le point de rebroussement. Voyez Inflexion.

La regle pour trouver les points de rebroussement, est la même en général, que pour trouver les points d’inflexion ; c’est faire , ou à l’infini ; ce qui distingue d’ailleurs le point de rebroussement du point d’inflexion, c’est qu’au point d’inflexion l’ordonnée n’a qu’une seule valeur, à moins qu’elle ne soit tangente de la courbe ; au lieu qu’au point de rebroussement, elle en a deux, ou même davantage. Voyez le traité des courbes de M. Cramer, où vous trouverez sur cette matiere un plus grand détail.

Rebroussement de la seconde espece est un point A (fig. 7. Analys.), où les deux branches PM, pm, du rebroussement ne sont pas convexes l’une vers l’autre comme dans le rebroussement ordinaire, mais placées de maniere que la concavité de l’une regarde la convexité de l’autre. Soit une courbe qui ait pour équation . (). Cette courbe aura à son origine en A un

point de rebroussement de la seconde espece ; car on aura  ; d’où l’on voit 1°. que x positive donne deux valeurs de y, lesquelles lorsque x est infiniment petite, sont toutes deux positives : 2°.  ; d’où l’on voit que dans les deux branches, lorsque , & qu’ainsi les deux branches AM, Am, tournent toutes deux à leur origine leur convexité vers l’axe AP ; 3°. que x négative donne y imaginaire, & qu’ainsi la courbe n’a que les deux branches AM, Am, & par conséquent doit avoir en A un point de rebroussement de la seconde espece, puisque ces deux branches à l’origine A, tournent toutes deux leurs convexités vers le même côté. Voyez à ce sujet les recherches sur le calcul intégral, imprimées dans le second volume en françois des mém. de l’acad. des Sciences de Prusse.

Je suis le premier qui ait démontré invinciblement l’existence de ces points, que d’habiles géometres avoient attaquée, comme le savant M. Euler l’a reconnu dans les mém. de l’acad. de Berlin de 1750, pag. 112.

REBROUSSER, v. act. (Gramm.) ne se dit guere que des cheveux, du poil ; c’est les renverser en sens contraire à celui qu’ils ont pris naturellement ou artificiellement. On rebrousse le poil du drap. On rebrousse chemin.

Rebrousser le cuir, (Courroyerie.) C’est après qu’on a coupé le grain du cuir qu’on a étendu sur la table du côté de la chair, & qu’on a tiré à la moyenne pommelle, le retourner de l’autre côté, c’est-à-dire du côté de la fleur, pour lui donner la même façon.

Rebrousser, parmi les Tondeurs de drap, c’est relever la laine d’une étoffe pour la prendre & la couper avec les forces. Voyez Rebrousse.

REBROYER, v. act. terme de Grammaire, broyer de nouveau. Voyez Broyer.

REBRUNIR, v. act. terme de Grammaire, brunir une seconde fois. Voyez Brunir.

REBUBE, f. f. (Luth.) c’est le même instrument qu’on appelle trompe ou guimbarde, ou rebute. Voyez Rebute.

REBUFFADE, s. f. (Langue franç.) action par laquelle un supérieur repousse avec mépris ou injure un inférieur qui lui demande quelque chose. Borel dérive rebuffade de re & du vieux mot buffe, qui signifioit un soufflet. Chartier, dans son histoire de Charles VII. dit : « En icelui an, environ huit heures de nuit, battit messire Jean de Graville, messire Geoffroi Bouciquault en la rue S. Merry, parce que ledit Bouciquault avoit donné une buffe audit Graville, par jalousie d’une demoiselle ». Ménage croit que rebuffade vient de rebouffer, qui n’est plus en usage, mais qui vouloit dire autrefois chasser avec mépris.

REBUS, s. m. (Littér.) jeu d’esprit assez insipide qui consiste à employer, pour exprimer des mots, des images des choses & des syllabes détachées, ou des portions de mots. Telle est la devise de l’écu de la maison de Savoie Raconis, qui porte dans ses armes des choux, cabus, & pour mot ceux-ci tout n’est, ce qui joint avec les choux, signifie tout n’est qu’abus ; ou celui-ci ainsi figuré :

Deus gratiam denegat
nus nam bis

qui en ajoutant à chaque mot de la premiere ligne super, pour exprimer qu’ils sont au-dessus des monosyllabes de la seconde, signifie, Deus supernus, gratiam supernam denegat superbis.

On fait honneur de l’invention des rebus aux Picards, c’est pourquoi l’on dit communément rebus de Picardie.