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Gassendistes, les Newtoniens, tiennent que quelques corps sont moins denses ou plus rares que d’autres, parce qu’ils contiennent plus de vuide dans leurs pores. Les Cartésiens au contraire y logent une plus grande quantité de matiere subtile. Voyez Matiere subtile, Vuide, Cartésianisme, &c. Tous les corps que nous connoissons, sont extrèmement rares ; c’est-à-dire, contiennent très-peu de matiere sous un fort grand volume. Prenons, par exemple l’or : c’est le plus pesant de tous les corps, & par conséquent celui qui contient le plus de parties. Cependant, si on réduit l’or en feuilles, il laisse passer la lumiere, & devient transparent dans toute son étendue : ce qui ne se peut faire à moins qu’il n’ait un grand nombre de pores. L’eau est 19 fois moins pesante que l’or ; par conséquent les parties d’eau qui sont dans un pié cube d’eau, étant resserrées & réunies sans laisser de vuide entr’elles, occuperoient beaucoup moins que la 19 partie de ce pié cube. (O)

RARÉFACTION, (Chimie.) propriété de dilatation & d’expansibilité que donne le feu à tous les corps solides & liquides.

Tous les corps sur lesquels on fait des expériences, sans en excepter aucun, augmentent en volume dès qu’on les expose au feu, ils se raréfient, sans que cependant on apperçoive aucune différence dans leur poids. Il n’importe pas s’ils sont solides ou liquides, durs ou mols, légers ou pesans ; tous ceux qui sont connus jusqu’à présent, sont soumis à la même loi. Si cependant vous prenez deux corps égaux en pesanteur & en volume, mais dont l’un soit dur & l’autre liquide, vous trouverez entr’eux cette différence ; c’est que le même degré de feu dilate plus le fluide que le solide.

Pour s’assurer de la présence du feu par cet effet, il sera donc plus à-propos pour les expériences, de se servir de corps fluides, plutot que de solides. On a observé que les liqueurs qui sont moins denses, & plus légeres que les autres, sont aussi plus raréfiées, par le même degré de feu. Ainsi leur raréfaction étant plus sensible, elles sont par conséquent très-propres à indiquer les plus petites augmentations du feu, c’est ce qu’on confirme par l’expérience suivante.

Qu’on prenne une phiole chimique, dont la partie sphérique se termine en un cou cylindrique & étroit, qu’elle soit pleine d’eau jusqu’à un endroit du cou qu’on doit marquer ; qu’on la plonge dans de l’eau chaude contenue dans un vase découvert ; aussi-tôt l’eau baissera un peu au-dessous de la marque ; puis on l’appercevra monter dans le cou de la phiole au-dessus de la marque, & cela dure pendant tout le tems qu’elle acquiert de nouveaux degrés de chaleur. Si l’on retire cette phiole, & qu’on la plonge dans une autre eau plus chaude, on voit que l’eau monte encore plus haut.

Enfin, plus on l’approche du feu, & plus l’on voit que l’eau se dilate ; mais dès qu’on l’éloigne du feu, on remarque que l’eau descend peu-à-peu. Cette expérience prouve clairement que l’eau est dilatée par le feu, & qu’étant chaude, elle occupe plus d’espace que quand elle est froide, sans que son poids augmente sensiblement. Elle nous apprend encore que le verre, qui est corps solide, ne se dilate pas comme l’eau ; car quoique la phiole s’échauffe également, & même plutôt que l’eau, elle ne peut cependant pas la contenir comme auparavant, il faut que cette eau monte dans son cou. Qu’on plonge ensuite dans la même eau chaude une autre phiole de même espece, où l’on ait mis de l’alcohol, ou l’esprit-de-de-vin rectifié ; cet alcohol monte avec plus de vîtesse, & sort quelquefois par l’ouverture de la phiole. Concluons de-là que l’alcohol qui est plus léger que l’eau, est aussi dilaté davantage, & plus promptement. Boerhaave, Chimie. (D. J.)

RARÉFIANS, adj. terme de Chimie concernant la matiere médicale externe ; ce sont des médicamens qui ont la vertu d’ouvrir les pores de la peau, par la ténuité & la chaleur de leurs parties. Les vapeurs aqueuses ou fumigations humides ; les douches d’eaux thermales ; les fumigations seches, avec le karabé ; les poudres des plantes aromatiques, &c. sont les remedes raréfians. Voyez Douches, Fumigations. La décoction des fleurs de sureau, de camomille, ou leurs eaux distillées sont des remedes raréfians, surtout lorsqu’on les applique à un degré de chaleur moderé. Les diaphoretiques dans l’usage intérieur sont ainsi dénommés par rapport à leur action. Les raréfians extérieurs se tirent de la classe des remedes incisifs, discussifs & carminatifs. La vapeur du vinaigre jetté sur des cailloux ardens peut passer pour un raréfiant. Samuel Formi, chirurgien de Montpellier, dit avoir guéri, suivant le précepte de Galien, par ce remede une petite fille qui avoit des tumeurs considérables aux doigts. (Y)

RAS, adj. (Gram.) qui est uni, plein, de niveau : rase campagne, mesure rase. Qui n’a point de poil, ou qui l’a très-court ; les chiens de Barbarie sont ras ; les moines ont la tête rase. Qui n’a point de duvet ; un velours ras, un ras de S. Maur, de Sicile, &c.

Ras, (Marine.) épithete qu’on donne à un bâtiment qui n’est point ponté. Le brigantin, la barque longue & la chaloupe sont des bâtimens ras.

Ras a l’eau, (Marine.) on appelle ainsi un bâtiment qui, étant ponté, est bas de bordage, & qui a sa ligne d’eau proche du plat-bord, ou du moins proche du feuillet des sabords de la batterie basse.

Ras de courant, (Marine.) Voyez Rat.

Ras, (Mesure de longueur.) le ras de Piémont, est semblable à la brasse de Luques, qui contient un pié, neuf pouces, dix lignes, ce qui fait une demi-aune de Paris ; ensorte que deux ras de Piémont, font une aune de Paris, & une aune de Paris fait deux ras de Piémont. Diction. de commerce. (D. J.)

Ras, (Manufact. en soie.) ce sont des especes de serges unies. Il y en a qu’on appelle de S. Maur, d’autres de S. Cyr & de Sicile.

Les ras de S. Maur & de S. Cyr ont quatre lisses, & sont armés comme on voit ci-dessous ; avec cette différence, que le ras de S. Maur est tramé de pure & fine soie, & le ras de S. Cyr seulement de fleuret.

Armure d’un ras de saint Maur & de saint Cyr, ou d’une serge à quatre lisses.

On appelle ras de S. Maur simple, ceux qui n’ont que 60 portées simples en demi-aune de long ; & ras de S. Maur double, ceux qui ont 120 portées sur la même largeur.

Les chaînes dont on fabrique aujourd’hui les ras de