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parmi les especes de cochlearia, & l’a nommé cochlearia folio cubitali, I. R. H. 215.

Sa racine est longue, grosse, rampante, d’un goût fort âcre & brûlant ; elle pousse des grandes feuilles, longues, larges, pointues, d’un beau verd, ressemblantes à celles de la rhubarbe des moines, mais plus amples & plus rudes. Il s’éleve d’entre ces feuilles une tige à la hauteur d’un pié & demi, droite, ferme, creuse, cannelée, garnie de feuilles longues d’une palme, larges d’environ un pouce, découpées profondément des deux côtés, & d’un goût moins brûlant que la racine.

Cette tige porte à sa sommité de petites fleurs composées chacune de quatre feuilles blanches, disposées en croix ; lorsque les fleurs sont passées, il leur succede des silicules ou petits fruits presque ronds & enflés, séparés par une cloison mitoyenne en deux loges, qui renferment quelques semences arrondies, lisses & rougeâtres.

Cette plante fleurit au printems, & croît naturellement aux bords des ruisseaux, des rivieres & dans les prairies humides ; on la cultive dans les jardins aux lieux ombrageux à cause de sa racine. On l’emploie aujourd’hui dans quelques ragoûts ; on rape cette racine, & l’on en fait une espece de moutarde pour assaisonner les viandes, & réveiller l’appétit ; car la gourmandise n’est que trop alerte à multiplier ses faux besoins & les maladies.

Le grand raifort se multiplie de même fort aisément ; car outre qu’il rampe beaucoup, si l’on coupe des rouelles de sa racine nouvellement tirée de terre, à l’épaisseur de quelques lignes, pendant qu’elle est dans sa vigueur, & qu’on les mette aussi-tôt dans la terre, il en naîtra de chaque rouelle une racine & une plante nouvelle, comme si on avoit planté une racine entiere. On sait que plusieurs autres racines coupées de la même maniere par tranches, produisent le même effet ; tant il est vrai qu’une même plante contient beaucoup de germes dans sa substance, indépendamment des graines ! (D. J.)

RAPHIA, (Géog. anc.) ville de la Méditerranée, entre Gaza & Rhinocorure. Elle est célebre par la victoire que Philopator roi d’Egypte gagna dans son territoire sur Antiochus le grand, roi de Syrie, l’an du monde 3787, avant l’ere vulgaire 217 ; c’est ce qu’on lit dans le III. des Macc. j. 11. Joseph de Bell. liv. V. ch. xiv. & Polybe, Hist. liv. V. mettent Raphia pour la premiere ville de Syrie que l’on rencontre en venant d’Egypte. On connoît quelques anciennes médailles frappées à Raphia, & quelques évêques de cette ville dans les conciles d’Orient. Voyez Relandi, Palæst. l. p. 967. & 963. (D. J.)

RAPHIDIM, (Géog. sacrée.) station ou campement des Israëlites dans le désert, Exod. xvij. 2. Ce lieu, dit dom Calmet, ne devoit pas être éloigné d’Horeb, puisque Dieu ordonne à Moïse d’aller au rocher d’Horeb pour en tirer de l’eau. C’est cette même eau qui servit aux Israëlites, non-seulement dans le campement de Raphidim, & dans celui du mont Sinai, mais aussi dans les autres campemens, & peut-être jusqu’à Cadès-Barné.

Saint Paul, I. Cor. x. 4. dit que ce rocher les suivoit dans leurs voyages, & qu’il étoit la figure de Jesus-Christ : bibebant de spirituali consequente eos petrâ ; petra autem erat Christus. Soit que l’eau les suivît ou qu’ils suivissent le courant de l’eau ; soit qu’ils portassent toujours de cette eau dans leur marche, comme Elien, Var. Hist. liv. XII. c. xl. dit que l’eau du Choaspe suivoit toujours le roi de Perse, c’est-à-dire qu’on en portoit toujours à sa suite, parce qu’il n’en buvoit point d’autre ; soit enfin qu’on trainât le rocher d’Horeb sur un chariot, à la maniere d’un gros muid toujours plein, & toujours ouvert à quiconque en vouloit boire. Ce dernier sentiment est

suivi par les rabbins, & par quelques anciens peres, comme Tertullien, S. Ambroise, S. Chrysostome, S. Thomas, & Cantacuzene.

Le rocher de Raphidim est décrit dans les nouveaux mémoires des missions des jésuites, tom. VII. mais le rocher qu’ils ont décrit n’est point le même que celui dont il est parlé dans l’Exode, car ils disent que c’est une roche d’un granit rouge, haute de 12 piés, percée de vingt-quatre trous, longs d’un pié & larges d’un pouce ; toutes circonstances qui ne se trouvent point dans l’Ecriture-sainte, au sujet de la station des Israëlites au désert.

RAPHTI, (Géog. mod.) port de la Livadie, sur la côte orientale de cette province, à l’entrée du détroit de Négrepont. C’est le Potamos des anciens, & c’est aujourd’hui un bon port, & l’un des plus assuré de tous ces quartiers ; on y mouille sur sept à huit brasses d’eau, fond de vase mêlé d’herbes marines, & de bonne tenue. (D. J.)

RAPIDE, adj. (Gram.) épithete qu’on donne à quelques fleuves ou à certains lieux, où l’eau descend avec telle vîtesse qu’on est obligé d’y faire portage lorsqu’on remonte. Voyez à l’article Portage, Faire portage.

Il se dit au simple & au figuré ; l’éloquence est rapide ; la prononciation est rapide ; on a le cours des idées lent ou rapide.

RAPIECER, v. act. (Gram.) c’est mettre des pieces à un vieil habit, à du vieux linge. Il n’y a guere aujourd’hui que les ouvriers aux jours de travail, & les pauvres, qui osent porter un habit rapiecé ou rapieceté.

RAPINE, s. f. (Gram.) ce mot marque le vol & & l’avidité de celui qui l’a fait. Les oiseaux de proie, les usuriers, &c. vivent de rapine.

RAPISTRUM, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur en croix, composée de quatre pétales. Le pistil sort du calice de cette fleur, & devient dans la suite un fruit ou une coque presque ronde, qui n’a qu’une seule capsule, & qui pour l’ordinaire ne renferme qu’une seule semence. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

L’enveloppe de ce genre de plante est presque sphérique, & forme une capsule qui ne contient ordinairement qu’une semence, d’où vient qu’on l’appelle rapistrum monospermum. Tournefort en compte trois especes, & Boerhaave six. (D. J.)

RAPOE ou RAPHOE, (Géog. mod.) petite ville d’Irlande, presque abandonnée, dans la province d’Ulster, au comté de Dunnegal, à 8 milles, au sud de Saint-John’s-Town. Elle a eu autrefois un évêché, dont le siége a été réuni à celui de Londonderry. Long. 10. lat. 54. 58.

RAPOLESTEIN, (Géog. mod.) en françois Ribaupierre, petite ville de France, dans la haute Alsace, proche la riviere de Stenbach, au-dessus de Schelestat, avec titre de baronie, connu depuis plus de 700 ans. Le seigneur de cette baronie a un droit fort singulier. Tous les violons d’Alsace dépendent de lui, ou du-moins lui doivent une redevance annuelle de cinq livres par chaque bande de violons. Long. 25. 6. lat. 48. 14.

RAPOLLA, (Géog. mod.) petite ville d’Italie, au royaume de Naples, dans la Basilicate, avec titre de duché, sur les confins de la principauté ultérieure, & de la Capitanate, à 3 milles au midi de Nelfi. Son évêché fut uni en 1528 à celui de Nelsi, & la ville est presque aujourd’hui ruinée. Long. 33. 10. latit. 40. 48. (D. J.)

RAPPES, s. f. (Commerce.) petite monnoie qui a cours en Suisse, dans les cantons de Bâle & de Fribourg ; dix rappes font un batz. Voyez Batz.

RAPPEL, s. m. (Jurisprud.) ce terme a dans cette