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Rado ; petite ville de Lorraine, au diocèse de Toal, dans le comté de Salmes, au pié du mont de Vosge, à l’endroit où la riviere d’Etape se décharge dans la Meurte ; ce qui l’a fait appeller Raon l’Etape, pour la distinguer de Raon sur-Plaine, bourg de la même contrée, situé à la source de la riviere de Plaine. La ville de Raon & celle de Saint-Dié ou Saint-Diey, sont chef-lieux d’une prevôté, qui s’étend jusqu’aux confins de l’Alsace. Long. 24. 30. lat. 44. 20. (D. J.)

RAPACE, adj. (Gramm.) qui se saisit avec avidité de sa proie ; il se dit des oiseaux voraces, de certains avares plus avides encore que leurs semblables, & de quelques substances employées dans la métallurgie. Voyez l’article suivant.

Rapace, (Métallurgie.) c’est ainsi qu’on nomme dans la métallurgie les substances, qui non-seulement ont la propriété de se dissiper & de se volatiliser par l’action du feu, mais encore qui sont en état d’entraîner avec elles une portion de la partie métallique, à qui elles donnent, pour ainsi dire, des aîles pour s’envoler. Les mines chargées d’arsenic & de soufre sont des mines rapaces.

RAPAKIVI, (Hist. nat.) nom que les Suédois donnent à une pierre qui se trouve en Finlande, près des villes de Lovis & de Degerby ; M. Wallerius dans sa Minéralogie, lui donne le nom de saxum mixtum spathosum. Cette pierre a la propriété de se décomposer à l’air ; elle est composée de particules de quartz, de particules de mica, & de particules spathiques qui sont rouges. Lorsque cette pierre commence à se détruire, il s’y forme d’abord des cercles blanchâtres qui ressemblent à une pierre calcaire, mais qui cependant n’en sont point, vû que ces parties ne font point effervescence avec les acides ; on y découvre encore des particules de mica à l’aide du microscope ; ensuite ces cercles forment des spheres ou globules, qui renferment un noyau de pierre sphérique, ou de la forme d’un rein, de la même nature que la pierre, & de la grosseur d’un pouce ; alors la pierre totale est toute composée de cercles blancs. Les spheres ou noyaux se séparent difficilement de la pierre dans laquelle ils se sont formés ; mais à la fin ils se détruisent comme le reste de la pierre, & se réduisent en petits fragmens anguleux.

M. Wallerius dit que quelques-uns de ces globules, qui ont le même œil que le reste de la pierre à leur extérieur, font effervescence avec les acides, mais cela n’arrive point à toutes. En lavant cette pierre dans de l’eau, on a obtenu du nitre & du sel marin. Voyez les notes de M. Wallerius, sur les acta chemica holmiensia urbani Hiærn. tom. II. pag. 168. & suiv.

RAPALLO, (Géog. mod.) petite ville d’Italie, dans l’état de Gènes, sur le golfe auquel elle communique son nom. Long. 26. 54. lat. 44. 20.

Liceti (Fortienius) médecin, naquit à Rapallo en 1577, & à ce qu’on dit avant le septieme mois de la grossesse de sa mere. Il mourut à Padoue en 1656 à soixante-dix-sept ans. On a de lui plusieurs traités, dont les principaux sont de monstris, de gemmis, de annulis, de lucernis antiquis, &c. Il soutient dans ce dernier ouvrage, que les anciens avoient des lampes sépulcrales qui ne s’éteignoient point ; mais c’est une erreur qu’il soutient : ces sortes de lampes éternelles n’ont jamais existé, & tout ce qu’on a vû en ce genre n’offre que des phosphores, qui se sont allumés pour un peu de tems après avoir été exposés à l’air. (D. J.)

RAPATELLE, s. f. terme de Crainiers ; nom que l’on donne à une espece de toile claire faite de crin de cheval, qui sert à faire des tamis ou sas pour passer l’amidon, le plâtre, & autres choses semblables que l’on veut mettre en poudre fine, ce qui fait qu’on

l’appelle quelquefois toile à tamis ou à sas. Cette toile qui se fabrique par morceaux presque quarrés, depuis un quart jusqu’à environ trois quarts d’aune de Paris, quelquefois suivant la longueur du crin, se vend par paquets de douze morceaux chacun, dont les plus grands sont appellés amidonniers, du nom des ouvriers qui s’en servent le plus. Savari. (D. J.)

RAPE, s. f. terme d’ouvriers ; outil de fer, trempé en forme de lime, qui est parsemé de plusieurs dents ou pointes de fer, & qui est monté par un bout d’un morceau de bois arrondi qui lui sert de manche. Les rapes sont ordinairement plates d’un côté, & d’une figure sphérique de l’autre. Il y a encore une sorte de rapes qui ont des dents ou rainures tranchantes ; celles-ci s’appellent des écouannes, si elles sont grandes ; & des écouannettes, si elles sont petites. Ce sont les ouvriers des monnoies & les Peigniers-tabletiers qui se servent de ces derniers ; les autres sont des outils de Cordonniers, Tourneurs, Menuisiers, Serruriers, Sculpteurs, Plombiers, Ébénistes, Arquebusiers, Fourbisseurs, &c. (D. J.)

Rape, de Tailleur de pierre, est ordinairement un morceau de tole ou fer plat, piqué comme une grille de rape, qui sert à passer sur la pierre.

Rapes, outil d’Arquebusier, ce sont des limes piquées à grain d’orge, comme celles des Menuisiers, &c. & servent aux Arquebusiers pour diminuer les bois de fusil.

Rape, en terme de Bottier ; c’est une lime taillée fort rude, dont ils se servent pour ébaucher leurs tiges avant de les dresser. Voyez Dresser.

Rape, Cordonnier ; elle sert à raper les semelles & les talons, & elle est demie ronde, & en tout semblable à celle des Menuisiers.

Rape, s. f. (ustensile de Cuisine.) c’est un morceau de fer-blanc courbé en voûte, percé de plusieurs trous dans les endroits où le fer blanc est relevé ; il est monté sur du bois, & la partie éminente des pointes sert à raper le sucre, la muscade, la croûte de pain, & autres choses dures propres à être rapées.

Rapes, (outil de Ferblantier.) c’est une lime à grain d’orge faite comme les rapes des autres ouvriers, & sert aux ferblantiers pour diminuer les manches de bois des caffetieres, &c.

Rape, s. f. pl. outil de Fontainier, voyez l’article Fontainier.

Rape, en terme de Formier, c’est un instrument en forme de lime, mais qui a des dents beaucoup plus grosses & plus écartées l’une de l’autre qu’une lime ordinaire. Voyez la Planche du Formier.

Rapes, outil de Guainier, ce sont des limes qui sont piquées à grains d’orge enlevés, fort aigus. Les guaîniers en ont de plusieurs grandeur, & s’en servent pour raper les bois qu’ils emploient.

Rape, ou Lime en bois, (Menuiserie.) elle sert aux menuisiers à arrondir ou ceintrer des parties ou endroits où les autres outils ne peuvent atteindre. Voyez l’article & les Planches de Menuiserie.

Rape, (Sculpture.) espece de lime dont les sculpteurs en marbre & en pierre se servent en plusieurs occasions en finissant leurs ouvrages. Il y a des rapes droites, coudées, piquées, de différente grosseur.

Les sculpteurs en bois s’en servent aussi ; ils en ont de grosses, de petites, de plates, de quarrées, de rondes, de demi-rondes, de courbées & de non courbées. Voyez les Planches du Sculpteur.

RAPÉ, s. m. (Œcon. rustique.) raisin nouveau dont on emplit le tiers d’une futaille, afin d’y faire passer dessus du vin gâté ou affoibli, pour lui donner de nouvelles forces.

On prend un tonneau bien relié, dans le fond duquel on met un lit de sarment, à la hauteur de deux pouces ; on choisit ensuite de beaux raisins noirs bien mûrs ; on en coupe toutes les queues près des grains