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qui sont d’un goût âpre & austere que l’on nomme pommes sûres, font un cidre qui a plus de force, & qui se garde long-tems. On peut encore, avec ces différens cidres, faire du vinaigre & de l’eau-de-vie. La Médecine tire quelque service des pommes de bonne qualité, comme la reinette, dont on fait différens usages dans la Pharmacie.

Le bois du pommier sauvage est pesant & compacte, fort doux & très-liant, mais moins dur & moins coloré que celui du poirier. Il est recherché par les Ebénistes, les Tourneurs, les Luthiers, les Graveurs en bois, & les Charpentiers, pour les menues pieces des moulins, & il est bon à brûler. Le bois du pommier franc est plus propre que le sauvage à tout ce qui concerne la menuiserie.

Nos jardiniers françois font mention de près de trois cens variétés de pommes, dont il y en a au-plus une douzaine de bonne qualité, peut-être de quinze sortes qui peuvent passer pour médiocres, toutes les autres ne méritent pas qu’on les cultive. La nature de cet ouvrage ne permet pas d’entrer dans le détail des qualités particulieres de ces différens fruits. Voyez à ce sujet les Calologuis des RR. PP. Chartreux de Paris, & de M. l’abbé Nolin.

Il y a quelques pommiers qui peuvent être intéressans pour l’agrément, comme le pommier sauvage à feuilles panachées de blanc, le pommier franc à feuilles tachées ; ce dernier a plus d’agrément que l’autre ; le pommier à fleur double, qui est plus rare que beau, & le pommier sauvage de Virginie, à fleurs odorantes ; celui-ci peut exciter la curiosité par rapport à l’odeur très-suave qu’il répand, mais son fruit n’est pas d’excellente qualité. Art. de M. d’Aubenton. le subdelégué.

Pommier d’adam, (Jardinage.) est une espece de limonnier ou de citronnier, qui porte un fruit plus gros qu’une orange & dont les feuilles sont plus larges. Il est d’un jaune plus foncé & d’une odeur moins forte, son écorce est peu épaisse, ayant plusieurs crevasses, sa chair est semblable à celle du citron, rempli d’un suc comme celui de l’orange, mais peu agréable. On prétend que notre premier pere mangea du fruit de cet arbre ; sa culture est celle de l’oranger.

Pommier d’Inde, (Hist. nat. Botar.) petit arbre des Indes orientales, dont les feuilles sont très-petites, & qui porte un fruit de la grosseur d’une noix, avec un noyau fort dur & d’un goût très-révoltant.

Pommier, (Ferblanterie & Poterie.) c’est un petit ustensile de ménage, qui sert à faire cuire des pommes, des poires, & autres fruits, devant le feu. Les Ferblantiers en font de fer-blanc, en forme de demi-cylindre, qui se soutiennent avec de gros fil-de-fer. Les Potiers de terre en fabriquent aussi de terre. Ils sont les uns & les autres du nombre des ouvrages qu’il leur est permis de faire par leurs statuts. Savary. (D. J.)

POMMIFERE, adj. qui porte des pommes, c’est un nom, en Botanique, que l’on donne à ces plantes qui portent les fruits les plus larges, qui sont couverts d’une écorce dure & épaisse ; ce qui les distingue des bacciferes dont le fruit n’a qu’une peau mince. Voyez Plante & Baccifere. Ce mot vient de pomum, pomme, & fero, je porte.

Les especes pommiferes ont une fleur nue, monopétale, divisée en cinq partitions ; elle croît sur l’extrémité du fruit qui doit venir. Elles sont divisées :

1°. En capréolées, c’est-à-dire, qui rampent le long de la terre, &c. par le moyen de leurs jeunes branches ; comme la cucurbite, le melon, le concombre, le cepo, la balsamine, l’angurie & la coloquinte. Voyez Capréoli ou Tendrons.

2°. Sans tendrons ; comme la cucurbita clypeata, ou le melo-cepo-clypeiformis. Voyez Arbre, Fruit,&c.

POMŒRIUM ou PROSIMURIUM, (Littérat.) étoit un terrein sacré qui se trouvoit au pié des murs de la ville. Les critiques sont fort partagés sur sa situation. Les uns prétendent qu’il ne s’étendoit point à la partie voisine des murailles qui étoit du côté de la campagne, & le réduisent à cet espace qui étoit laissé entre la muraille & les bâtimens intérieurs de la ville. Les autres au contraire le réduisent au terrein qui étoit au pié du mur du côté de la campagne, où il n’étoit point permis de bâtir ni de labourer, de peur d’ébranler les fondemens de la muraille. Une troisieme opinion a situé le Pomœrium tant au-dedans que dehors les murs.

Tacite semble insinuer que le terrein jusqu’où s’étendoit le Pomœrium de Rome, étoit marqué par des especes de bornes qui avoient été posées au pié du mont Palatin par l’ordre de Romulus ; & c’étoit près de ces bornes qu’étoient posés les autels sur lesquels on faisoit divers sacrifices : il n’étoit permis à aucun particulier de faire entrer sa charrue dans l’enceinte comprise sous le nom de Pomœrium Personne au reste ne pouvoit transplanter ces bornes dans la vûe d’agrandir la ville, s’il n’avoit étendu celles de l’empire par ses conquêtes. Il avoit alors la liberté de le faire sous le prétexte de contribuer au bonheur & à l’ornement de la ville, en y recevant de nouveaux citoyens qui y apportoient leurs talens, & qui pouvoient y perfectionner les Arts & les Sciences. Tacite & Aulugelle ont marqué les tems dans lesquels on a étendu l’enceinte de la ville de Rome, & par conséquent reculé le Pomœrium. Hist. de l’acad. des Insc. tom. III. in-4°. (D. J.)

POMONA ou MAINLAND, (Géog. mod.) île la plus grande & la plus considérable entre les Orcades. Elle a environ neuf lieues de long du levant au couchant, sur cinq de large du midi au nord. On y trouve la ville de Kirkvall, la seule qui soit dans ces îles. (D. J.)

POMONE, s. f. (Mythol.) aimable nymphe, dont tous les dieux champêtres disputoient la conquête. Son adresse à cultiver les jardins autant que sa beauté, leur inspira ces tendres sentimens : mais Vertumne sur-tout cherchoit à lui plaire, & pour avoir occasion de la voir davantage, il prenoit toutes sortes de figures. Enfin, s’étant un jour métamorphosé en une vieille femme, il trouva le moyen de lier conversation avec Pomone ; & après lui avoir donné mille louanges sur ses charmes, & sur son goût pour la vie champêtre, il lui raconta tant d’avantures fatales, arrivées à celles qui comme elle se refusoient à la tendresse, qu’il la rendit sensible, & devint son époux.

Cette Pomone, disent les Mythologues, étoit sans doute quelque belle personne qui mérita les honneurs divins par son génie dans la culture des arbres fruitiers ; & comme elle se distingua particulierement dans celle des pommiers, elle en reçut le nom de Pomone, à ce qu’Ovide nous assure.

On la représentoit assise sur un grand panier plein de fruits, tenant de la main gauche un groupe de pommes, & de la droite un bouquet de fleurs. On lui donne un habit qui lui descend jusqu’aux piés, & qu’elle replie par-devant, pour soutenir les branches de pommiers chargées de pommes. Elle eut à Rome un temple & des autels. Son prêtre portoit le nom de flamen pomonal, & lui offroit des sacrifices pour la conservation des fruits de la terre. (D. J.)

POMPE, s. f. est le nom qu’on donne, en Méchanique, à une machine faite en forme de seringue, & dont on se sert pour élever l’eau. Voyez Seringue.

Vitruve attribue la premiere invention des pompes à Ctesebes, athénien : d’où les Latins ont appellé cette machine, machina ctesebiana.

On distingue les pompes en différentes especes, eu