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L’orbite de la lune souffre plusieurs altérations pendant le cours de chacune de ses révolutions. Son excentricité est la plus grande quand la ligne des apsides est aux sysygies ; & la moindre lorsque cette ligne est aux quadratures. Voyez Excentricité.

Toutes ces inégalités viennent de l’action du soleil sur la lune, comme l’a fait voir M. Newton dans les coroll. de la prop. 66. du premier livre de ses principes de la philosophie naturelle. Voyez Lune. (O)

Quadrature, terme d’Horlogerie, voyez Cadrature.

QUADRATUS, (Mythol.) épithete donnée à Mercure, parce qu’anciennement on le représentoit sous la figure d’une pierre quarrée, ou d’un Hermès. (D. J.)

QUADRE, en Architecture, se dit de bordures ou de chassis quarrés qui entourent un bas-relief, un panneau, une peinture, ou tout autre ouvrage.

On se sert aussi de ce mot abusivement, pour exprimer une bordure qui n’est pas quarrée, telle que la ronde, l’ovale, &c. Voyez Bordure.

QUADRIBURGIUM, (Géog. anc.) ancienne ville des Pays-bas, dont parle Ammien Marcellin, & qui faisoit le commencement du pays des Bataves. (D. J.)

QUADRIENNAL, adj. (Jurisprud.) se dit d’un office qui ne s’exerce que de 4 en 4 ans. Exercice quadriennal, est l’année où s’exerce cet office.

La plupart des offices alternatifs, triennaux & quadriennaux, ont été réunis aux anciens offices, & sont exercés par le même titulaire. (A)

QUADRIGA, s. m. terme de Chirurgie, espece de bandage décrit dans Galien, pour les luxations ou les fractures des côtes, des vertebres, des clavicules, du sternum. Le nom de quadriga signifie un char à quatre chevaux. Les circonvolutions de la bande, se croisent dans ce bandage, comme les brides de ces chevaux. On l’appelle aussi cataphracta, mot qui chez les Grecs signifioit cuirasse, parce que ce bandage couvre la poitrine, comme les lames de fer des anciens soldats armés de toutes pieces. Voyez Cataphracte. (Hist. anc.)

On ne se sert guere de ce bandage dans les cas prescrits par les anciens, car le bandage du corps suffit dans les fractures ou luxations du sternum, des côtes & des vertebres. La capeline ou le spica, pour la fracture ou la luxation des clavicules. Le quadriga se pratique dans le premier appareil de l’amputation d’une mamelle cancéreuse, en faisant des circulaires en doloire au-tour de la poitrine, & quelques croisés sur le sternum, derriere le dos & sur les épaules, & finir par des circulaires. Il faut avoir soin de mettre sous les aisselles des compresses plates & assez épaisses, pour empêcher que les tours de bande n’y fassent des impressions incommodes & douloureuses. (Y)

QUADRIGATI, (Monnoie de Rome.) c’est ainsi qu’on nomma les premiers deniers d’argent qui furent faits à Rome, l’an 485 de sa fondation, qu’on commença d’y fabriquer de la monnoie d’argent. Ces premiers deniers d’argent valoient dix as de cuivre, & furent d’abord du poids d’une once ; leur empreinte étoit une tête de femme coëffée d’un casque, auquel étoit attachée une aîle de chaque côté ; cette tête représentoit la ville de Rome, ou une victoire menant un char attelé de deux ou quatre chevaux de front ; ce qui fit appeller ces pieces lorsqu’il y avoit deux chevaux de front, bigati, & lorsqu’il y en avoit quatre, quadrigati. Sur le revers de ces pieces étoit la figure de Castor & de Pollux.

QUADRIGE, s. m. ou f. (Agonistique.) char à quatre chevaux, avec lequel on disputoit le prix aux jeux de la Grece & de Rome. On trouve la forme des quadriges sur les monumens antiques & sur les médailles. On voit sur un médaillon de Marc Aurele,

un quadrige avec un Jupiter foudroyant, & aux piés des chevaux une figure d’homme à-demi renversé. M. Vaillant pense que c’est le roi des Quades, dont l’armée fut maltraitée par une grande grèle accompagnée de tonnerres. Dans Lucius Verus il y a au revers quatre chevaux qui tirent un char où sont trois figures. Le cachet de Pline représentoit un quadrige. Entrons dans d’autres particularités.

Le quadrige étoit une espece de char en coquille montée sur deux roues, avec un timon fort court, auquel on atteloit quatre chevaux choisis entre tous ceux qui étoient les plus en réputation de vitesse, rangés de front tous quatre ; à la différence de nos attelages, où quatre & six chevaux rangés bout à bout sur deux lignes, se gênent, s’embarrassent, en un mot se nuisent nécessairement les uns aux autres ; au-lieu que de front ils déploient leurs mouvemens avec beaucoup plus d’ardeur & de liberté. La seule vûe de ces quadriges suffit pour faire sentir qu’il n’y avoit rien de si léger, de si mobile, & que quatre chevaux devoient les emporter avec une rapidité prodigieuse. Aussi les Poëtes, quand ils ont voulu nous donner l’idée d’une impétuosité extrème, ont-ils tiré leur comparaison d’un char à quatre chevaux, qui couroit dans la lice.

Ut cum carceribus sese effudêre quadrigæ,
Addunt se in spatium, & frustra retinacula tendens
Fertur equis auriga, neque audit currus habenas.

Une pierre lancée avec une fronde, un trait d’arbalete n’alloit pas plus vite ; ce sont les similitudes qu’emploie Sidonius Apollinaris Et les Romains qui avoient pris des Grecs cet exercice, tout accoutumés qu’ils étoient à voir ces courses insensées, admiroient encore Ericthonius comme un héros plein d’audace & de courage, parce qu’il avoit osé le premier atteler quatre chevaux à ces sortes de chars.

Primus Ericthonius currus & quatuor ausus
Jungere equos, rapidisque rotis insistere victor.

On comprend en effet, que des courses de cette nature ne pouvoient pas manquer d’être périlleuses. Tantôt un cheval s’abattoit, & le char qui avoit peu de volume, peu de poids, recevoit une sécousse capable de faire trébucher l’écuyer, qui tout droit pour l’ordinaire, avoit à peine le dos appuyé. Tantôt les quatre chevaux poussés à toutes brides, s’emportoient & prenoient le mors-aux-dents, avec le risque ordinaire en ces occasions : fertur equis auriga, neque audit currus habenas. Tantôt enfin un essieu rompoit, & le conducteur venant à tomber, se trouvoit heureux s’il n’étoit pas foulé aux piés de ses chevaux. Homere & les tragiques grecs, nous fournissent des exemples de tous ces accidens. Mais c’étoit bien pis encore à la rencontre d’un autre char que l’on vouloit devancer ; car alors on faisoit tout ce que l’on pouvoit pour l’accrocher, pour le renverser, au hasard de tout ce qui en pouvoit arriver. Silius Italicus nous fait une peinture assez vive de cette espece de choc, dont les suites étoient presque toujours funestes à l’un ou à l’autre.

Donec consisus primoevæ flore juventoe
Durius obliquum conversis pronus habenis
Opposuit currum, atque eversum propulit axem
Athlantis senio invalidi.

Voilà l’un des combattans accroché, qu’en arrive-t-il ? vous l’allez voir.

Perfracto volvitur axe
Cernuus, ac pariter fusi, miserabile, campo
Discordes sternuntur equi.

L’écuyer & les chevaux tombent ensemble. La multitude des chars qui couroient en même tems étoit