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convenable à la position de nos yeux & à celle des objets de notre vision.

Dans d’autres animaux elle est elliptique ou oblongue ; & dans quelques-uns de ceux-là, tels que le cheval, la brebis, le bœuf, &c. elle est transversale, & la fente assez large pour qu’ils puissent voir de côté, & même avec peu de lumiere ; & par-là être en état de ramasser leur mangeaille la nuit, & d’éviter ce qui pourroit leur nuire, soit à droite ou à gauche. Dans d’autres, tels par exemple que le chat, elle est située perpendiculairement, & est capable de s’élargir & de s’étrécir beaucoup ; au moyen de quoi cet animal peut y admettre les plus foibles rayons de lumiere, & par-là voir clair au milieu de la nuit ; ou n’y admettre pour ainsi dire qu’un seul rayon de lumiere, & par-là supporter la lumiere la plus vive, précaution admirable de la nature en faveur de ces animaux, dont l’organe de la vision devoit être ainsi construit afin qu’ils pussent, comme ils le font, guetter leur proie de jour & de nuit, voir en haut & en bas, grimper, descendre, &c. Voyez Oeil.

Pupille, s. f. (Jurisprud.) suivant le droit romain, est un fils ou une fille de famille qui n’a pas encore atteint l’âge de puberté, & qui est en tutelle.

Dans les pays de droit écrit, on distingue conformément au droit romain, les pupilles d’avec les mineurs. On n’entend par ceux-ci que les enfans qui ont passé l’âge de puberté, mais qui n’ont pas encore atteint celui de majorité.

Une autre différence essentielle entre les pupilles & les mineurs en pays de droit écrit, c’est que les pupilles ne pouvant se conduire à cause de la foiblesse de leur âge, sont nécessairement sous la puissance d’un tuteur qui a autorité sur leur personne & sur leurs biens ; au lieu que les mineurs puberes n’ont point de tuteurs ; la tutelle en pays de droit écrit finissant à l’âge de puberté, on leur donne seulement un curateur pour gérer & administrer leurs biens, encore faut-il qu’ils le demandent, car ils peuvent gérer leurs biens eux-mêmes, & n’ont besoin de curateur que pour ester en jugement, ou lorsqu’il s’agit de faire quelque acte qui excede la simple administration, & qui touche le fond.

En pays coutumier on confond les pupilles avec les mineurs ; & les uns & les autres sont ordinairement désignés sous le nom de mineurs, & sont en tutelle jusqu’à l’âge de majorité, à-moins qu’ils soient émancipés plûtôt.

Le tuteur ne peut pas épouser sa pupille, ni la faire épouser à son fils, si ce n’est du consentement du pere de la pupille ; cette prohibition faite par rapport au mariage des pupilles, s’entend aussi du mariage des mineures.

Au surplus toutes les incapacités de s’obliger, de vendre ou aliéner qui se trouvent en la personne des mineurs, à cause de la foiblesse de leur âge, ont lieu à plus forte raison en la personne des pupilles, puisqu’ils sont dans un âge encore plus tendre que les mineurs. Voyez les lois citées dans le tresor de Brederode, au mot pupilla & pupillus, & les mots Curateur, Emancipation, Mineur, Tuteur. (A)

PUPINIA, (Géogr. anc.) contrée d’Italie, dont M. Varron, l. I. de Agricultura, parle en ces termes : In pupinia neque arbores prolixas, neque vites feraces, neque ftramenta crassa, videre poteris. Valere Maxime, l. IV. c. iv. qui appelle ce canton Pupiniæ solum, dit qu’il étoit stérile & brûlant, & que le bien de campagne de Q. Fabius y étoit situé. Tite-Live met Pupiniensis ager dans le Latium ; & Festus nous laisse entrevoir qu’il étoit au voisinage de Tusculum.

PUPITRE, s. m. (terme de Menuisier.) petit meuble de bois fait d’un ais incliné sur un rebord qui l’arrête pas le bas ; il est propre à écrire ou à soutenir un livre. Il y a des pupitres portatifs, d’autres qui sont

fixes, & d’autres qui tournent sur un pivot, & qui peuvent porter plusieurs volumes. Les lutrins d’église sont proprement de grands pupitres. Le mot vient du latin pulpitum. (D. J.)

PUPUT, voyez Hupe.

PUR, adj. (Phys.) se dit de ce qui n’est point altéré par le mélange d’une matiere étrangere & hétérogene.

Hyperbole pure se dit d’une hyperbole, ou plûtôt d’une courbe de genre hyperbolique, qui n’a ni ovale conjugue, ni point conjugué, ni point de rebroussement. Voyez Courbe.

Mathématiques pures se dit des parties des Mathématiques qui considerent en général les propriétés de la grandeur, sans aucune application, au moins nécessaire, à quelque sujet ou substance particuliere, comme l’Algebre, l’Arithmétique, la Géométrie, &c. dont la premiere enseigne le calcul de toutes sortes de grandeurs ; la seconde le calcul de toutes les grandeurs qui peuvent se compter ; la troisieme les propriétés de la grandeur étendue. Voyez Mathématiques. (O)

Pur, Pureté, (Critiq. sacrée.) les mots pur, pureté, impur, impureté, ne regardent d’ordinaire que l’extérieur dans le vieux Testament. Il faut savoir que Moïse après avoir réglé le culte de la religion, se proposa sérieusement de pourvoir par d’autres ordonnances au maintien de la santé du peuple hébreu, qui habitoit un petit pays très-mal sain & très-peuplé ; c’est par ces considérations que le législateur des Juifs fit des lois détaillées sur la pureté & l’impureté par rapport aux hommes, aux animaux, aux maisons, aux habits, jusqu’aux ustensiles de ménage ; & pour remédier efficacement aux fautes qui pourroient se commettre à ces divers égards, il prescrivit différentes sortes de purifications ; c’étoit un plan bien ingénieux que d’employer pour peine, ce qui directement & par soi-même, étoit le seul remede à la transgression de la loi. Mais les chrétiens qui ont le bonheur de vivre sous des climats plus heureux que n’étoit la Judée, & d’être affranchis du joug de toute impureté légale, font consister la pureté dans l’innocence du cœur, & ne comptent pour souillures que celles qui tachent l’ame.

Pur, (Jurisprud.) signifie absolu & sans restriction, comme un billet pur & simple ; c’est-à-dire celui dont l’obligation ne dépend d’aucun événement ni condition ; de même une quittance pure & simple, est celle qui est donnée sans reserve ni protestation. Une mainlevée pure & simple est celle qui est accordée sans aucune condition. Une chose qui demeure en pure perte pour quelqu’un, c’est lorsqu’il n’en retire rien & qu’il n’a point de recours. Voyez Billet, Main-levée, Quittance, &c. (A)

Pur, (Jardinage.) se dit pour exprimer parmi les fleurs, une couleur unie, qui n’a ni panaches, ni raies. On dit fort bien cet œillet est devenu pur. Il y a des fleurs qui sont moitié pures & moitié panachées, & qui à la fin deviennent toutes pures.

PURAN, POURAN, ou POURANUM, subst. m. (Hist. mod. superstit.) ce mot dans la langue des idolâtres de l’Indostan, signifie les poëmes ; ce sont des livres qui contiennent l’explication du livre appellé shaster, qui n’est lui-même qu’un commentaire du vedam, c’est-à-dire du livre sacré qui contient les dogmes de la religion des Bramines. Le puran comprend dix-huit livres qui renferment l’histoire sacrée & profane des anciens Indiens ou habitans de l’Indostan & du Malabar. C’est dans cet ouvrage que l’on trouve les légendes des rois, des héros, des prophetes & des pénitens, ainsi que celles des divinités inférieures. Il renferme le système de religion que les Bramines ont bien voulu communiquer au vulgaire, & est rempli de fictions absurdes & d’une mythologie