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Le pund est de quarante livres poids du pays, qui revient à trente-trois livres poids de France, le poids de Moscovie étant près de dix-huit livres par cent plus foible que celui de Paris.

PUNDAGE, s. m. (Comm.) droit qui se leve en Angleterre sur les vaisseaux, à raison de tant de livres sterling, sur les marchandises dont ils sont chargés. Cet impôt se nomme pundage, parce que les Anglois appellent une livre sterling pundt. Voyez Pundt.

Cet impôt fut accordé à Guillaume III. pour sa personne par acte de 1689. Il est différent du droit de tonnage, qui ne se leve que sur la quantité de tonneaux qui peuvent faire la charge de chaque vaisseau. Voyez Tonnage. Dict. du Commerce.

PUNDT, (Commerce.) monnoie de compte d’Angleterre, qu’on appelle autrement livre sterling & piece. Voyez Livre, Monnoie, Sterling.

Pundt est aussi le poids ou livre dont on se sert à Londres. Elle est de neuf par cent moins forte que celle de Paris ; ensorte que cent livres d’Angleterre n’en font que quatre-vingt onze de Paris. Voyez Livre.

Pundt, qu’on nomme plus ordinairement ponde, est un poids dont on se sert à Archangel & dans les autres états du czar de Moscovie. Diction. du Com.

PUNIQUE, adj. (Hist. anc.) Les Romains qui étoient dans l’usage de corrompre les noms de toutes les nations étrangeres, appelloient les Carthaginois Pœni, vraisemblablement parce qu’ils tiroient leur origine de Phœnicie ; & l’on nommoit punicus ou punique ce qui leur appartenoit. C’est ainsi qu’on appelloit bella punica ou guerres puniques, les trois guerres dans la derniere desquelles la république des Carthaginois, ainsi que la ville de Carthage furent totalement détruites & soumises par les Romains.

Les auteurs ont été assez partagés sur la nature de la langue punique, c’est-à-dire de celle que parloient les Carthaginois ; quelques-uns ont cru que la langue punique & la langue arabe étoient les mêmes ; il ne nous en reste que quelques fragmens qui ont été conservés dans la comédie de Plaute, appellée pœnulus ou le petit carthaginois. Les Romains ont eu soin de détruire toutes les archives & les monumens historiques qui pouvoient conserver le souvenir d’une nation qui leur étoit odieuse. Des critiques très-célebres ont fait voir qu’originairement cette langue étoit la même que celle qui se parloit en Phoenicie, c’est-à-dire à Tyr, d’où Didon avoit fui pour fonder sa nouvelle colonie de Carthage. Cependant cette langue s’altéra avec le tems, & ne conserva pas la pureté de la langue hébraïque ou phoenicienne. Malgré ces variations on trouve une très-grande ressemblance entre la plûpart des noms propres des Carthaginois qui ont passé jusqu’à nous, & les noms hébreux ou phoeniciens. C’est ainsi que les noms Carthaginois Sichœus, Machœus, Amilco ou Himilcon, Hamilcar, Hanno, Hannibal, Asdrubal, Mago, Anna, Adherbal &c. ont une très-grande ressemblance avec les noms hébreux & phœniciens Zachœus, Michœus, Amalec, Melchior, Hinnon ou Hanon, Hana-baal, Ezra-baal, Magog, Hannah, Adar-baal &c. Le nom même de Carthage paroît dérivé du mot phoenicien charta, ville, & Aco nom propre, ce qui signifie la ville d’Aco. Il y avoit un port de ce nom près de Tyr.

Saint Augustin qui, étant évêque d’Hippone en Afrique, habitoit le pays occupé par les descendans des Carthaginois, nous apprend que la langue punique avoit de son tems quelque rapport avec le syriaque & le chaldéen. En 1718 M. Majus, professeur dans l’université de Giessen, publia une dissertation, dans laquelle il prouve que la langue que l’on parle aujourd’hui dans l’île de Malte, a beaucoup de rapport avec la langue punique. Les matériaux

dont il s’est servi pour faire cette dissertation, lui avoient été fournis par un jésuite maltois, appellé le P. Ribier ou Riviere de Gattis ; on y voit que les Carthaginois ont été très-long-tems maîtres de l’île de Malte, & que leur langage, qui differe de toutes les autres langues connues, a conservé une très-forte teinture de l’ancienne langue punique. On démontre dans cette dissertation, que les nombres dont les Maltois se servent encore actuellement pour compter, sont les mêmes que dans le chaldéen ou le phœnicien. D’un autre côté Jean Quintinius Heduus, auteur qui vivoit à Malte dans le milieu du seizieme siecle, dit que l’on y parloit de son tems la langue africaine ou punique, que l’on voyoit encore dans l’île des piliers avec des inscriptions puniques, & que les Maltois entendoient très-bien les mots carthaginois qui se trouvent dans Plaute & dans Avicenne. Les Maltois ont encore dans leur langue un proverbe carthaginois, qui nous a été conservé par S. Augustin ; la peste a besoin d’une piece d’argent, donnez-lui en deux, elle vous quittera d’elle-même.

On voit par ce qui précede, que la langue punique avoit du rapport avec le phoenicien, l’hébreu & le chaldéen ; langues qui ont beaucoup d’affinité entre elles. On a trouvé des monnoies carthaginoises en Espagne & en Sicile ; les caracteres que l’on y voit ont assez de ressemblance avec ceux des Phoeniciens & même des Hébreux & des Assyriens. Voyez l’hist. univ. d’une société de gens de Lettres, publiée en anglois, à l’article des Carthaginois. (—)

Punique guerre. Les guerres puniques font la partie la plus intéressante de l’histoire des Romains. Ils n’eurent pas plutôt soumis les Latins, les Toscans, les Samnites & leurs alliés, qu’ils songerent à passer la mer. Le secours donné par les Carthaginois aux Tarentins en fut le prétexte, & la conquête de la Sicile le véritable sujet. Rome & Carthage s’acharnerent l’une contre l’autre ; le voisinage & la jalousie de ces deux grandes républiques, firent naître ces guerres sanglantes que tout le monde sait par cœur. La seconde fut la plus célebre.

Quand on examine bien cette foule d’obstacles qui se présenterent devant Annibal, & que cet homme extraordinaire les surmonta tous, on a le plus beau spectacle que nous ait fourni l’antiquité. Ce fut dans cette guerre que ce grand capitaine fit éclater ses talens supérieurs qui lui donnerent tant d’avantage sur les généraux romains : toujours juste dans ses projets, des vues immenses, le génie admirable pour distribuer dans le tems l’exécution de ses desseins, toute l’adresse pour agir sans se laisser appercevoir ; infini dans les expédiens, aussi habile à se tirer du péril qu’à y jetter les autres ; du reste sans foi, sans religion, sans humanité, & cependant ayant su se donner tous les dehors de ces vertus autant qu’il convenoit à ses intérêts.

Tel étoit le fameux Annibal lorsqu’il forma le plus hardi projet que jamais aucun capitaine eut osé concevoir, & que l’événement justifia. Du fond de l’Espagne il résolut de porter la guerre en Italie & d’attaquer les Romains jusque dans le centre de leur domination, sans y avoir ni places, ni magasins, ni secours assurés, ni espérance de retraite ; il traverse l’Espagne & les Gaules, passe les Alpes, & vient camper fierement jusques sur les bords du Thésin, où se donna la premiere bataille l’an de Rome 535, & où les Romains furent défaits. On sait qu’ils le furent une seconde, près de la riviere de Trébie. La perte qu’essuya Flaminius près du lac de Trasymene fut encore plus grande ; & la déroute de Cannes, l’an 537, mit Rome à deux doigts de sa ruine. Elle fut un prodige de constance dans cette occasion ; car abandonnée de presque tous les peuples d’Italie, elle ne demanda point la paix. Il ne fut pas même permis