Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/567

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que autre matiere solide, & qui sert à soutenir un livre ; ils sont sur-tout en usage dans les églises, où les plus grands s’appellent lutrins. Voyez Lutrin.

PULPO, s. m. (Hist. nat. du Chily.) nom que les habitans du Chily donnent à un animal de la mer du Sud. Quand cet animal ne se meut pas, on le prendroit pour un petit morceau de branche d’arbre couvert de son écorce. Il est de la grosseur du petit doigt, long de six à sept pouces, & divisé en quatre ou cinq articulations qui vont en diminuant du côté de la queue. Lorsqu’il déploie ses six jambes, & qu’il les tient rassemblées vers la tête, on le prendroit pour autant de racines, & la tête pour un pivot rompu. M. Frésier croit que cet animal est l’arumazia brasiliana de Marggrave, lib. VII.

PULQUE ou PULCRE, s. m. (Hist. nat. Diete.) c’est le nom qu’on donne au Mexique à une espece de vin qui se tire d’une plante appellée metl ou maghey, voyez Metl. Dans le commencement cette liqueur est douce comme du miel, mais les Indiens y mettent une racine qui la fait fermenter comme du vin, & qui lui donne beaucoup de force. L’usage immodéré que les Indiens & les Espagnols faisoient du pulpe, engagea le gouvernement à le défendre en 1692, quoique les droits fussent d’un produit très considérable ; mais quelques années ensuite la défense fut levée, & les droits rétablis. Cette liqueur fournit par la distillation une eau-de-vie ou liqueur spiritueuse très-forte.

PULSATILLE, s. f. (Botan.) La pulsatille à grande fleur, pulsatilla folio crassiore, & majore folio, I. R. H. 284, est, entre quinze especes de ce genre de plante, celle qu’il suffira de décrire.

Sa racine est longue, & quelquefois grosse comme le doigt ; tantôt elle est simple, tantôt divisée en plusieurs têtes chevelues, soit dans sa partie supérieure ou au collet : elle est noire, d’un goût un peu amer, qui à la fin picotte la langue par son acrimonie. Elle pousse des feuilles découpées, menues, velues, approchantes de celles du panais sauvage par leurs découpures & par leurs poils ; elles sont âcres & brûlantes au goût, attachées à des côtes longues, velues, & rougeâtres en-bas près de la terre.

Il s’éleve d’entre ces feuilles une petite tige à la hauteur d’environ un pié, ronde, creuse, couverte d’un duvet épais & mollet ; son sommet soutient une seule fleur à six grands pétales ; ces fleurs sont oblongues, pointues, disposées en rose, de couleur purpurine, velues en-dehors, glabres & sans poils en-dedans, ayant en leur milieu un pistil entouré d’étamines jaunes, d’une odeur foible qui n’est point désagréable. Après que cette fleur est tombée, le pistil devient un fruit formé en maniere de tête arrondie, chevelue, composée de plusieurs semences qui finissent par une queue barbue comme une plume.

Cette plante croît aux lieux pierreux, incultes, secs, montagneux ; mais comme sa fleur est belle, on la cultive dans les jardins. Elle fleurit au printems, vers Pâques, d’où vient que les Anglois l’appellent the pasque-flower, la fleur de Pâques. Sa fleur est d’une couleur plus ou moins foncée, suivant les lieux où elle croît. Dans les bois ombrageux elle est d’un pourpre clair, presque blanche, au lieu qu’elle est plus colorée, & d’une couleur violette dans les endroits exposés au soleil. C’est-là l’origine de plusieurs variétés de cette plante. (D. J.)

Pulsatille, (Matiere médic.) voyez Coque-lourde.

PULSATION, s. f. (Physique.) Les Physiciens se servent de ce mot pour signifier cette impression dont un milieu est affecté par le mouvement de la lumiere, du son, &c. M. Newton démontre dans ses principes phil. nat. princ. math. prop. 48, que les vîtesses des pulsations dans un fluide quelconque, sont en raison

composée de la sous-doublée de la force élastique directement, & de la sous-doublée de la densité réciproquement ; ensorte que dans un milieu dont l’élasticité est égale à la densité, toutes les pulsations auroient une égale vîtesse. (D. J.)

Pulsation, (Médec.) Toute agitation ordinaire du cœur & des arteres si violente, que quoiqu’elle réponde au pouls naturel, on puisse la sentir facilement dans les endroits où le pouls naturel est insensible au toucher dans les sujets sains, s’appelle pulsation.

Elle est produite, 1°. par l’augmentation du mouvement musculaire, sur-tout si elle est favorisée par la ténacité des humeurs, leur épaississement, la pituite, la lenteur de la circulation, elle cesse dès que le corps demeure en repos. 2°. Elle est l’effet d’un stimulant appliqué à quelque partie interne qu’il faut éloigner ou rectifier. 3°. Elle est causée par l’inflammation ou l’érésipelle de quelque partie. 4°. Par un mouvement de circulation trop rapide dans tout le corps, ou dans quelque ramification d’artere ; elle est souvent suivie d’hémorrhagie qui la dissipe, & qui indique la phlébotonie, comme dans les fievres aiguës & ardentes. 5°. Elle doit encore son existence à l’embarras des humeurs dans les extrémités des arteres. 6°. Enfin elle doit sa naissance à la dégénération de ces mêmes humeurs, qui annonce une métastase dans les maladies aiguës, ainsi qu’une diminution de douleur dans une partie attaquée de la goutte.

De-là naissent différens accidens, 1°. suivant la différence des causes, 2°. suivant celle des lieux où la pulsation se fait sentir.

Il faut dans la guérison avoir égard aux causes & à la partie affectée. (D. J.)

Pulsation, (Horlogerie.) Ce terme signifie l’avantage d’un levier pour en faire mouvoir un autre. Une roue qui engrene près du centre d’un pignon, a moins de pulsation que si elle agissoit sur un pignon d’un plus grand diametre. (D. J.)

PULSILOGE, s. m. (Médecine.) mot formé du latin pulsus, pouls, & du grec λόγος, discours, représentation, &c. par lequel on a désigné un instrument propre à représenter les différentes modifications du pouls ; Sanctorius s’est vanté de posséder un pareil instrument qui donnoit une idée très-exacte, non seulement de la vîtesse des pulsations, mais de tous les autres caracteres, de toutes les inégalités quelque compliquées qu’elles fussent, qu’on pouvoit y trouver, ou y concevoir ; on ne voit dans aucun de ses ouvrages la description de ce pulsiloge, qui devoit être s’il a existé, une piece curieuse & en même tems très-utile, puisqu’elle mettoit les yeux & les oreilles en état de vérifier & de saisir les objets qui se présentoient sous le doigt, ou même ceux qui lui échappoient ; un pulsiloge fait d’après les nouvelles observations sur les pouls par rapport aux crises, & qui pût retracer les caracteres qu’on a plus solidement & plus utilement établi, seroit d’autant plus interessant & préférable à celui de Sanctorius, que cette nouvelle doctrine l’emporte en certitude & en avantage sur l’autre. Un pareil ouvrage seroit bien digne d’attirer l’attention & les soins d’un habile méchanicien ; il seroit à souhaiter que le célebre artiste qui a déja si bien réussi à imiter l’homme & les animaux, essayât de représenter une de leurs principales fonctions ; il seroit sûr de réunir dans ce travail, l’utile à l’agréable, & de s’attirer la reconnoissance de tous les Médecins zélés pour l’avancement de leur profession. On peut prendre une légere idée de quelques inégalités du pouls dans les battemens qui expriment les quarts & les demi dans une montre à répétition : un pendule proportionné peut servir de pulsiloge assez exact pour mesurer & représenter les différens degrés de vîtesse du pouls ; on n’a qu’à en