L’Encyclopédie/1re édition/METL

METL, s. m. (Hist. nat. Botan.) plante de la nouvelle Espagne, qui croît sur-tout très-abondamment au Mexique. C’est un arbrisseau que l’on plante & cultive à-peu-près de la même maniere que la vigne ; ses feuilles different les unes des autres, & servent à différens usages : dans leur jeunesse, on en fait des confitures, du papier, des étoffes, des nattes, des ceintures, des souliers, des cordages, du vin, du vinaigre & de l’eau-de-vie. Elles sont armées d’épines si fortes & si aiguës, qu’on en fait des especes de scies propres à scier du bois. L’écorce brûlée est excellente pour les blessures, & la résine ou gomme qui en sort est, dit-on, un remede contre toute sorte de poison. Quelques auteurs croient que cette plante est la même que celle que quelques voyageurs ont décrite sous le nom de maghey, & qu’on dit être semblable à la joubarbe, & non un arbrisseau. Carreri dit que ses feuilles donnent un fil dont on fait une espece de dentelle & d’autres ouvrages très-délicats. Lorsque cette plante est âgée de six ans, on en ôte les feuilles du milieu pour y former un creux, dans lequel se rassemble une liqueur que l’on recueille chaque jour de grand matin ; cette liqueur est aussi douce que du miel, mais elle acquiert de la force. Les Indiens y mettent une racine qui la fait fermenter comme du vin, & qui la rend très-propre à enivrer : c’est cette espece de vin qu’on nomme pulque ou pouleré. On peut en distiller une eau de vie très forte. Les Indiens buvoient le pulque avec tant d’excès, que l’usage en fut défendu par les Espagnols en 1692, quoique les droits qu’ils en retiroient montassent jusqu’à cent-dix mille piastres par année ; mais l’inutilité de la défense l’a fait lever en 1697.