Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/540

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jetton blanc, ψῆφον λευκὴν, sur lequel sera écrit un nom nouveau, que nul ne connoît que celui qui le reçoit.

Ces petites pierres, nommées par les Grecs ψῆφοι, furent appellées calculi par les Romains ; & ce qui porte à croire que ceux-ci s’en servirent long-tems, c’est que parmi eux le mot lapillus se trouve quelquefois synonyme avec celui de calculus. Lorsque le luxe s’introduisit à Rome, on commença à employer des jettons d’yvoire, ce qui fait dire à Juvenal :

Adeo nulla uncia nobis
Est eboris, nec tessellæ nec calculus ex hac
Materiâ.

Il est vrai qu’il ne reste aujourd’hui dans les cabinets d’antiques aucune piece qu’on puisse soupçonner d’avoir servi de ψῆφοι ; mais cent expressions, qui tenoient lieu de proverbes, prouvent que parmi les Romains la maniere de compter ainsi étoit très-ordinaire. Voyez Jettons, Littérat. (D. J.)

PSETITES, (Hist. nat.) nom donné par quelques auteurs à des pierres, sur lesquelles ils ont vu l’empreinte d’un turbot.

PSEUDOACACIA, s. f. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur papilionacée ; il sort du calice un pistil enveloppé d’une membrane frangée, qui devient dans la suite une silique applatie, & qui s’ouvre en deux parties ; cette silique renferme des semences faites en forme de rein. Ajoutez aux caracteres de ce genre que les feuilles sont placées par paires le long d’une côte qui est terminée par une seule feuille. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Tournefort n’en connoissoit que trois especes, la commune, & deux autres d’Amérique ; mais nous verrons ailleurs qu’il y en a huit especes fort cultivées en Angleterre outre leurs variétés, & nous indiquerons en même tems leur culture ; actuellement il nous suffira d’observer que l’espece commune de Tournefort, pseudoacacia vulgaris, I. R. H. 649, est l’arbor siliquosa virginiensis, spinosa, lolus nostratibus dicta de Parkinson.

C’est un grand arbre qui, bien soigné, a fait & feroit encore, si nous le voulions, l’ornement de nos jardins par l’étendue de ses branches, & par l’odeur agréable de ses fleurs. Le premier de ces arbres en France a été planté, par les soins de M. Robin, au jardin du roi à Paris, où il réussit à merveille ; c’est le pere de tous les autres acacia qu’on a vus dans le royaume ; la nouvauté fit qu’on en éleva beaucoup dans d’autres jardins, & la légereté de notre nation a fait qu’on s’en est dégouté.

On est convenu qu’il croissoit fort vîte, qu’on en pouvoit former des berceaux, & qu’il produisoit de belles fleurs, très-odorantes ; mais on lui a reproché d’être sujet à se verser, d’avoir l’écorce raboteuse, & le feuillage trop petit. Il ne s’agit pas ici de prendre sa défense, c’est assez de dire que ses feuilles sont oblongues, rangées par paire sur une côte terminée par une seule feuille. Ses fleurs sont très-belles, longues, légumineuses, blanches, admirables par leur odeur qui répand au printems son parfum de toutes parts. Lorsqu’elles sont passées, il leur succede des gousses applaties, contenant des graines formées en petit rein. (D. J.)

M. Bohadsch, professeur de Médecine & d’Histoire naturelle à Prague, dans un mémoire allemand publié en 1758, a fait voir l’utilité que l’on pouvoit retirer de cet arbre. Des expériences réitérées lui ont fait connoître que sa feuille, tant fraiche que séchée, étoit une nourriture excellente pour les chevaux, les vaches, & tous les bestiaux qui en sont très-avides. Elle est plus nourrissante que le trefle, le sainfoin, & les autres plantes qu’on leur donne ordinairement : M. Bohadsch ayant nourri avec de la feuille du faux

acacia des vaches qui fournissoient très-peu de lait, les a mis en trois ou quatre jours en état d’en donner une quantité beaucoup plus grande que celles qui en donnoient le plus par la nourriture ordinaire. D’ailleurs les bestiaux sont très-friands de cette feuille ; ainsi M. Bohadsch propose de multiplier la plantation des faux acacias ; par ce moyen on pourra remédier aux inconvéniens qui résultent de la disette de foins, dans les années ou trop pluvieuses ou trop seches. Cet arbre est très-facile à faire provigner ; il vient de semence aussi-bien que de boutures, & croît avec beaucoup de promptitude & de facilité. Il se plaît dans les endroits arides, sablonneux & montueux ; d’où l’on voit que l’on pourroit en garnir les champs en friche & les terreins qui sont entierement perdus pour la société ; il faut seulement éviter de le planter dans le voisinage des terres labourables, parce que ses racines courent & s’étendent au loin, ainsi que celles des ormes. Pour en faire la récolte, on n’aura qu’à se servir de croissans, afin d’en couper les feuilles qui reviendront promptement, & l’on pourra en faire facilement deux récoltes par année. Comme les rameaux de cet arbre sont garnis de piquans, il faudra ne donner aux bestiaux que les feuilles détachées des branches qui pourroient leur faire du mal. (—)

PSEUDO-ARGYRON, (Hist. nat.) nom donné par Aristote à une composition métallique blanche, & semblable à de l’argent, qui se faisoit suivant lui, en faisant fondre du cuivre avec une terre.

On sait que l’arsenic a la propriété de blanchir le cuivre.

D’autres ont cru que le pseudo-argiron de Strabon étoit la pyrite arsénicale qui est blanche comme de l’argent.

PSEUDODICTAMNUS, s. m. (Hist. nat. Botan.) genre de plante à fleur monopétale & labiée, dont la levre supérieure est voûtée & découpée ordinairement en deux parties, & l’inférieure en trois. Le calice a la forme d’un entonnoir ; le pistil sort de ce calice ; il est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, & entouré de quatre embryons qui deviennent dans la suite autant de semences oblongues renfermées dans une capsule en forme d’entonnoir, qui a servi de calice à la fleur. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

C’est un genre de plante qui pousse de petites tiges menues, nouées, velues & blanchâtres. Ses feuilles sont presque rondes, revêtues d’une laine blanche. Ses fleurs sont en gueule, verticillées & disposées par anneaux autour des tiges ; chacune d’elles est un tuyau découpé par le haut en deux levres. Il leur succede après qu’elles sont tombées des semences oblongues. Sa racine est menue, ligneuse & fibreuse. Son calice est orbiculaire, ouvert, & contient des semences mûres sous un couvercle, comme dans une espece de capsule. On cultive cette plante dans les jardins ; elle fleurit au mois de Juillet, & n’a aucune des propriétés du vrai dictamne. Miller distingue cinq especes de pseudo-dictamnus, & dit qu’il se rencontre plusieurs autres variétés de ce même genre de plante qu’on multiplie fort aisément. (D. J.)

PSEUDODIPTERE, s. m. (Architect. anc.) temple des anciens ; il avoit huit colonnes à la face de devant, autant à celle de derriere, & quinze à chaque côté, en comptant celles des coins. Ce mot vient du grec ψευδὲς, faux, δὶς, deux, & πτερὸν, aile, parce que ce temple n’avoit point le second rang de colonnes en-dedans.

Pseudopériptere, (Archit. anc.) temple où les colonnes des côtés étoient engagées dans les murs. Ce mot vient du grec ψευδὲς, faux, περὶ, à l’entour, & πτερὸν, aîle, fausse aîle à l’entour.

PSEUDORÉXIE, s. f. (Médecine.) 1°. lorsqu’une personne a une faim demesurée produite par une cause