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fondemens est appuyée l’hypothèse de Whiston ? Car enfin à qui persuadera-t-il que l’ancien Testament ait été ainsi corrompu ; que les églises chrétiennes n’aient pas reclamé ; que la supercherie des Juifs ait eu un succès universel, & que les Chrétiens aient été pour ainsi dire d’accord avec eux afin de l’accréditer ? Car il faut supposer tout cela pour donner quelque lueur de vraissemblance à ce système. Un exemplaire altéré du tems d’Origene, prouveroit-il que tous l’eussent été ? D’ailleurs on pense généralement que les différences du texte hébreu & des septante existoient déja du tems des Apôtres. Enfin sur quel texte original veut-il qu’on corrige & l’hébreu & les septante, puisque, selon lui, tous les exemplaires sont altérés ? Le remede qu’il propose est aussi impraticable que ridicule.

Avouons que cet auteur s’est laissé écraser par une difficulté qu’on évite, en disant qu’il y a des prophéties & en très-grand nombre, qui dans leur sens littéral ne peuvent s’entendre que de Jesus-Christ, & qui n’ont jamais été accomplies que dans sa personne ; telles sont celles de Jacob, de Daniel, un grand nombre tirées des Pseaumes & d’Isaïe ; celles d’Aggée & de Malachie. Mais en convenant aussi qu’il y a dans l’Ecriture plusieurs prophéties typiques qui ont deux objets, l’un prochain & immédiat sous l’ancienne loi, l’autre éloigné mais principal dans la nouvelle, savoir Jesus-Christ, en qui elles se sont accomplies d’une maniere plus sublime & plus parfaite, telles que celles d’Osée, xj. 1, de Jérémie, xxxj. 15 ; citées dans S. Matth. ij. 15 & 18 ; de l’Exode, xij. 46, citée en saint Jean, xjx. 36. du pseaume 108, citée dans les Actes, j. 6. du II. liv. des Rois, vij, & citée par saint Paul aux Hébreux, j. 6 ; qui toutes ont été accomplies en Jesus-Christ, ou à son occasion.

On convient qu’il n’est pas facile de discerner les prophéties qui se sont accomplies dans le sens littéral en Jesus-Christ, d’avec celles qui ne s’y sont accomplies que dans le sens mystique ; mais malgré cette difficulté, on en a toujours un assez grand nombre qui déposent en faveur de la divinité & de la vérité de sa religion, pour ne pas craindre que la preuve qu’on tire des prophéties puisse jamais être énervée. On peut consulter sur cette matiere Maldonat, M. Bossuet, & le P. Baltus, jésuite, dans son ouvrage intitulé, défense des prophéties.

PROPHÉTISER, (Critiq. sacrée.) προφητεύειν, signifie 1°. annoncer les choses futures. Platon dit que la faculté de prophétiser est au-dessus de nous, qu’il est besoin d’être hors de nous quand nous la traitons ; il faut, continue-t-il, que notre prudence soit offusquée ou par le sommeil, ou par quelque maladie, ou enlevée de sa place par un enthousiasme, un ravissement céleste ; οὐδεὶς γὰρ ἔννους ἐφάπτεται μαντικῆς ἐνθέου καὶ ἀληθοῦς, ἀλλ’ ἢ καθ’ ὕπνον τὴν τῆς φρονήσεως πεδηθεὶς δύναμιν, ἢ διὰ νόσον ἢ διὰ τίνα ἐνθουσιασμὸν, παραλλάξας, in Timæo, p. 543. G. 2°. Prophétiser veut dire simplement donner des avis, des instructions sur le sujet de la conduite, & par rapport à Dieu. Holopherne dit à Achior, vous nous avez bien prophétisé aujourd’hui, Judith, 6. 5. Il avoit conseillé à Holopherne de ne point attaquer les Juifs, parce que ce peuple étoit invincible quand il étoit fidele à Dieu. (D. J.)

PROPHILACTIQUE, adj. (Médecine.) les Médecins disent indication prophilactique ; c’est-à-dire intention de conserver le malade en détruisant la cause de la maladie, en le préservant de l’influence de la cause morbifique. Voyez Indication. Curation prophilactique, c’est-à-dire traitement dirigé au même objet.

On appelle aussi prophilactique la partie de la Médecine qui s’occupe en conservant la santé présente, à prévenir les maladies. Cette partie de la Médecine

est plus connue sous le nom d’hygienne. Voyez Hygienne.

On dit peu remede prophilactique ; le mot préservatif est plus usité dans ce sens. Voyez Préservatif. (b)

PROPICE, adj. (Gramm.) favorable ; mais il ne se dit guere que de Dieu, des génies, des astres, du sort, de la fortune, du hasard, & de toutes les choses qui disposent de nous, & qui font notre bonheur ou notre malheur ; malgré nous, & par conséquent de la justice, des lois, des tribunaux & des juges. Il faut que l’orateur se rende ses auditeurs propices. Il se dit aussi du tems, de la circonstance, du lieu, de l’occasion. Il fut troublé au moment que tout lui étoit propice. Multaque inviderunt tam pulchrè apparere sibi rem.

PROPICIATION, s. f. (Théologie.) sacrifice pour se rendre Dieu propice, pour appaiser sa colere. Voyez Sacrifice, Expiation & Lustration.

Il y avoit chez les Juifs des sacrifices d’ordinaire pour les actions de grace & des holocaustes ; d’autres de propiciation qui se faisoient pour des particuliers qui avoient commis quelque faute.

Si c’étoit par ignorance, on offroit un agneau ou un chevreau ; si c’étoit une faute volontaire, on offroit un mouton. Les pauvres offroient une paire de tourterelles.

L’Eglise romaine croit que la messe est un sacrifice de propiciation pour les vivans & pour les morts. Les réformés n’admettent d’autre propiciation que celle que Jesus-Christ a offerte sur la croix.

Propiciation étoit une fête solemnelle des Juifs, que l’on célébroit le 10 du mois de Tisri, qui est leur septieme mois, & qui répond à celui de Septembre.

Elle fut instituée pour conserver la mémoire du pardon qui fut annoncé au peuple d’Israël par Moïse de la part de Dieu, qui leur remit la peine qu’ils avoient méritée pour avoir adoré le veau d’or.

PROPICIATOIRE, (Critiq. sacrée.) table d’or posée sur l’arche d’alliance du premier temple, & lui servant de couvercle.

Le propiciatoire étoit d’or massif d’une épaisseur d’une paume, à ce que disent les rabbins. Il y avoit aux deux bouts deux chérubins tournés en-dedans l’un vers l’autre, les aîles étendues, avec lesquelles embrassant toute la circonférence du propiciatoire, ils se rencontroient des deux côtés précisément au milieu. Les rabbins assurent que tout cela étoit tout d’une piece sans aucune soudure. C’est sur ce propiciatoire (Lev. xvj. 2.) que reposoit le schekina, ou la présence divine, tant dans le tabernacle que dans le temple, & qu’elle s’y rendoit sensible sous la forme d’une nuée.

C’est de-là (Exod. xv. 22. nomb. 7. 89.) que Dieu prononçoit ses oracles de vive voix & par des sons articulés, toutes les fois qu’il étoit consulté en faveur de son peuple. De-là vient que dans l’Ecriture Dieu est dit si souvent habiter entre les chérubins, c’est-à-dire entre les chérubins du propiciatoire, parce qu’il se tenoit là comme sur son trône, & qu’il donnoit des marques sensibles de sa glorieuse présence parmi les Israélites. C’est pour cette raison que le souverain sacrificateur se présentoit devant le propiciatoire une fois l’an, dans le grand jour des expiations, lorsqu’il devoit s’approcher le plus près de la divinité pour intercéder & faire propiciation en faveur d’Israël. Tous ceux aussi de la nation qui servoient Dieu selon la loi mosaïque, en faisoient le centre de leur culte, non-seulement lorsqu’ils venoient adorer dans le temple, mais encore dans quelqu’endroit du monde qu’ils fussent dispersés, se tournant dans leurs prieres du côté où l’arche étoit placée, & dirigeant toutes leurs dévotions de ce côté-là. I. Rois, viij. 48. Dan. vj. 10. Prideaux.

Les Chrétiens ont donné quelquefois le nom de