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Cybele ; & enfin les vestales, &c. Voyez chacun de ces mots.

Les prêtres avoient des ministres pour les servir dans les sacrifices. J’en vais donner une énumération laconique. Ceux & celles qu’on appelloit camilli & camillæ, étoient de jeunes garçons & de jeunes filles libres qui servoient dans ces cérémonies religieuses. Romulus en étoit l’instituteur ; & les prêtres qui n’avoient point d’enfans étoient obligés d’en prendre. Les jeunes garçons devoient servir jusqu’à l’âge de puberté, & les filles jusqu’à ce qu’elles se mariassent. Ceux & celles qu’on nommoit flaminii & flaminiæ, servoient le flamine de Jupiter : ces jeunes gens devoient avoir pere & mere. Les quindecemvirs avoient aussi des ministres qui leur servoient de secrétaires.

Les ministres appellés editui ou editumi, étoient ceux qui avoient soin de tenir les temples en bon état, ce qu’ils appelloient sacra tecta servare. Les joueurs de flûte étoient aussi d’un grand usage chez les Romains, dans les sacrifices, les jeux, les funérailles ; ils couroient masqués aux ides de Juin. On se servoit encore aux sacrifices des gens qui sonnoient de la trompette ; ils purifioient leurs instrumens deux fois l’année : le jour de cette cérémonie se nommoit tubilustria.

Les ministres qu’on nommoit popæ & victimarii, étoient chargés de lier les victimes. Ils se couronnoient de laurier, se mettoient à demi-nuds, & en cet état conduisoient les victimes à l’autel, apprêtoient les couteaux, l’eau, & les choses nécessaires pour les sacrifices ; frappoient les victimes & les égorgeoient.

Il y en avoit d’autres qui s’appelloient fictores, parce qu’ils représentoient les victimes avec du pain & de la cire ; car les sacrifices en apparence passoient pour de vrais sacrifices.

Il y avoit outre cela les ministres du flamine de Jupiter, qui se nommoient præclamitores, les licteurs des vestales, les scribes des pontifes & des quindecemvirs, les aides des aruspices : ajoutez-leur ceux qui avoient soin des poulets, pullarii ; enfin les prêtres avoient des hérauts qu’on nommoit kalatores.

Les femmes appellées præficæ étoient celles qu’on louoit dans les funérailles pour pleurer & pour chanter les louanges du mort. Les désignateurs, de signatores, étoient ceux qui arrangeoient la place ; les licteurs les aidoient aussi dans cet arrangement. Les gens qui avoient soin de transporter le soir les cadavres des pauvres, se nommoient vespæ ou vespillones : on les mettoit au nombre de ceux qui servoient dans les sacrifices, parce que les mânes avoient aussi leurs sacrifices particuliers dont ces derniers étoient les ministres. (D. J.)

Pretre des Juifs, (Hist. des anc. Hébr.) Dans l’ancien Testament le nom de prêtre exprimé par le latin pontifex, désigne ceux qui furent honorés du sacerdoce depuis la loi de Moïse ; car au commencement les premiers nés des maisons, les peres de famille, les princes & les rois étoient des prêtres nés dans leurs villes & leurs maisons. Ils offroient eux-mêmes leurs sacrifices par-tout où ils se trouvoient ; mais depuis l’érection du tabernacle, qui fut le premier temple de Dieu parmi les Hébreux, la famille d’Aaron fut nommée pour exercer exclusivement les fonctions du sacerdoce, & pour offrir les sacrifices. Exod. xxviij. 1.

La consécration d’Aaron & de ses fils, se fit par Moïse dans le desert avec une grande solemnité. La fonction qui leur fut prescrite à eux & à leurs successeurs, étoit de faire seuls les sacrifices, d’entretenir les lampes & le feu qui devoit toujours brûler sur l’autel, de composer les parfums, de démonter le tabernacle quand le peuple avoit ordre de décamper, & de le dresser quand on étoit arrivé au lieu du campement.

Outre le service du tabernacle, dans lequel les seuls sacrificateurs avoient le privilege d’entrer jusqu’au sanctuaire ; ils étoient chargés d’étudier la loi, de l’expliquer au peuple, de juger de la lépre, des causes de divorce, & de tout ce qui étoit pur & impur. Ils portoient à la guerre l’arche d’alliance, sonnoient des trompettes, & exhortoient les troupes à bien faire dans le combat. Nomb. xviij. 8. De plus, afin de relever l’éclat du ministere sacerdotal aux yeux des foibles mêmes, Moïse ordonna de n’admettre dans cet ordre aucun homme en qui se trouveroit quelque difformité du corps, ou quelque infirmité persévérante. D’un autre côté, pour qu’ils ne fussent point distraits des devoirs de leur ministere par les embarras du ménage, la loi pourvut à leur entretien. Ils vivoient, ainsi que les lévites, des dixmes, des prémices, des offrandes qu’on présentoit au temple, & de certaines parts de victimes. On leur donna un logement fixe dans quarante-huit villes, & dans l’étendue de mille coudées au-delà de ces villes ; enfin ils avoient à leur tête un chef nommé le grand-prêtre, en qui résidoit le principal honneur de la sacrificature. Voyez donc Grand-prêtre. (D. J.)

Prêtre, le grand, (Hist. des anc. Hébreux.) Le chef des prêtres, ou le souverain sacrificateur des Juifs. C’étoit la dignité la plus éminente du sacerdoce : il n’y avoit que lui qui pût entrer dans le saint des saints ; cependant il n’y pouvoit entrer qu’un seul jour de l’année, qui étoit le jour de l’expiation solemnelle. Du reste la loi de Moïse n’oublia rien jusque dans les vétemens, pour lui procurer le plus grand respect de la nation. Outre la robe de fin lin, la ceinture & le bonnet de lin, qui étoient les habits ordinaires des autres prêtres, celui-ci portoit une robe de couleur d’hyacinthe, au bas de laquelle pendoient de petites sonnettes d’or, entremêlées de grenades ; & par-dessus cette robe un vétement court & sans manches, appellé ephod, enrichi de pierres précieuses enchâssées dans de l’or. Sur ses épaules il y avoit d’autres pierres précieuses où étoient gravés les noms des douze tribus d’Israël. Sur sa poitrine étoit le rational avec ces mots, urim & thummim, qui veulent dire, à ce qu’on croit, lumiere & perfection. Sa tiarre, dont on ignore la forme, étoit aussi plus ornée & plus précieuse que celle des autres prêtres ; ce qui la distinguoit principalement, étoit une lame d’or sur laquelle on lisoit ces mots gravés, la sainteté est au Seigneur.

La liste des grands-prêtres jusqu’à la captivité, est énoncée dans le premier livre des Paralipomenes ; & ceux qui l’ont été depuis le retour de la captivité jusqu’à Alexandre le grand, sont nommés dans le second livre d’Esdras. Josephe de son côté a donné la liste des grands-prêtres des Hébreux depuis Alexandre jusqu’à Jesus-Christ ; mais sa liste n’est pas conforme à celle de l’Ecriture, & cette derniere même n’est pas facile à arranger. Quoi qu’il en soit, selon l’historien prophane, le nombre total des grands-prêtres monte à 81 ; savoir 28 depuis Aaron jusqu’à Josué, qui revint de la captivité, & 53 depuis Josué jusqu’à Pharnias, établi l’an 70 de l’ere vulgaire, qui est l’année de la ruine du temple de Jérusalem par les Romains, & de l’abolition du sacerdoce.

Il ne faut pas croire cependant que cette charge de souverain sacrificateur ait toujours subsisté avec le même éclat, ni telle qu’elle avoit été établie, je veux dire héréditairement & à vie ; car dans les derniers tems ce n’étoit plus qu’une charge annuelle dénuée de considération. Les gouverneurs romains créoient, déposoient à leur gré les grands-prêtres, & vendoient cette dignité au plus offrant. Valerius Graccus seul en déposa & en investit plusieurs, comme Josephe le reconnoît lui-même dans ses antiq. judaïq. liv. XVIII. ch. j. Hérode avoit montré l’exemple. (D. J.)