L’Encyclopédie/1re édition/PRÊTRES
PRÊTRES, s. m. pl. (Religion & Politique.) on désigne sous ce nom tous ceux qui remplissent les fonctions des cultes religieux établis chez les différens peuples de la terre.
Le culte extérieur suppose des cérémonies, dont le but est de frapper les sens des hommes, & de leur imprimer de la vénération pour la divinité à qui ils rendent leurs hommages. Voyez Culte. La superstition ayant multiplié les cérémonies des différens cultes, les personnes destinées à les remplir ne tarderent point à former un ordre séparé, qui fut uniquement destiné au service des autels ; on crut que ceux qui étoient chargés de soins si importans se devoient tout entiers à la divinité ; dès-lors ils partagerent avec elle le respect des humains ; les occupations du vulgaire parurent au-dessous d’eux, & les peuples se crurent obligés de pourvoir à la subsistance de ceux qui étoient revêtus du plus saint & du plus important des ministeres ; ces derniers renfermés dans l’enceinte de leurs temples, se communiquerent peu ; cela dut augmenter encore le respect qu’on avoit pour ces hommes isolés ; on s’accoûtuma à les regarder comme des favoris des dieux, comme les dépositaires & les interpretes de leurs volontés, comme des médiateurs entre eux & les mortels.
Il est doux de dominer sur ses semblables ; les prêtres surent mettre à profit la haute opinion qu’ils avoient fait naître dans l’esprit de leurs concitoyens ; ils prétendirent que les dieux se manifestoient à eux ; ils annoncerent leurs decrets ; ils enseignerent des dogmes ; ils prescrivirent ce qu’il falloit croire & ce qu’il falloit rejetter ; ils fixerent ce qui plaisoit ou déplaisoit à la divinité ; ils rendirent des oracles ; ils prédirent l’avenir à l’homme inquiet & curieux, ils le firent trembler par la crainte des châtimens dont les dieux irrités menaçoient les téméraires qui oseroient douter de leur mission, ou discuter leur doctrine.
Pour établir plus surement leur empire, ils peignirent les dieux comme cruels, vindicatifs, implacables ; ils introduisirent des cérémonies, des initiations, des mysteres, dont l’atrocité pût nourrir dans les hommes cette sombre mélancolie, si favorable à l’empire du fanatisme ; alors le sang humain coula à grands flots sur les autels ; les peuples subjugués par la crainte, & enivrés de superstition, ne crurent jamais payer trop cherement la bienveillance céleste : les meres livrerent d’un œil sec leurs tendres enfans aux flammes dévorantes ; des milliers de victimes humaines tomberent sous le couteau des sacrificateurs ; on se soumit à une multitude de pratiques frivoles & révoltantes, mais utiles pour les prêtres, & les superstitions les plus absurdes acheverent d’étendre & d’affermir leur puissance.
Exempts de soins & assurés de leur empire, ces prêtres, dans la vûe de charmer les ennuis de leur solitude, étudierent les secrets de la nature, mysteres inconnus au commun des hommes ; de-là les connoissances si vantées des prêtres égyptiens. On remarque en général que chez presque tous les peuples sauvages & ignorans, la Médecine & le sacerdoce ont été exercés par les mêmes hommes. L’utilité dont les prêtres étoient au peuple ne put manquer d’affermir leur pouvoir. Quelques-uns d’entre eux allerent plus loin encore ; l’étude de la physique leur fournit des moyens de frapper les yeux par des œuvres éclatantes ; on les regarda comme surnaturelles, parce qu’on en ignoroit les causes ; de-là cette foule de prodiges, de prestiges, de miracles ; les humains étonnés crurent que leurs sacrificateurs commandoient aux élémens, disposoient à leur gré des vengeances & des faveurs du ciel, & devoient partager avec les dieux la vénération & la crainte des mortels.
Il étoit difficile à des hommes si révérés de se tenir long-tems dans les bornes de la subordination nécessaire au bon ordre de la société : le sacerdoce enorgueilli de son pouvoir, disputa souvent les droits de la royauté ; les souverains soumis eux-mêmes, ainsi que leurs sujets, aux lois de la religion, ne furent point assez forts pour reclamer contre les usurpations & la tyrannie de ses ministres ; le fanatisme & la superstition tinrent le couteau suspendu sur la tête des monarques ; leur trône s’ébranla aussi-tôt qu’ils voulurent réprimer ou punir des hommes sacrés, dont les intérêts étoient confondus avec ceux de la divinité ; leur résister fut une révolte contre le ciel ; toucher à leurs droits fut un sacrilege ; vouloir borner leur pouvoir, ce fut saper les fondemens de la religion.
Tels ont été les degrés par lesquels les prêtres du paganisme ont élevé leur puissance. Chez les Egyptiens les rois étoient soumis aux censures du sacerdoce ; ceux des monarques qui avoient déplu aux dieux recevoient de leurs ministres l’ordre de se tuer, & telle étoit la force de la superstition, que le souverain n’osoit désobéir à cet ordre. Les druides chez les Gaulois exerçoient sur les peuples l’empire le plus absolu ; non contens d’être les ministres de leur culte, ils étoient les arbitres des différends qui survenoient entre eux. Les Mexicains gémissoient en silence des cruautés que leurs prêtres barbares leur faisoient exercer à l’ombre du nom des dieux ; les rois ne pouvoient refuser d’entreprendre les guerres les plus injustes lorsque le pontife leur annonçoit les volontés du ciel ; le dieu a faim, disoit-il ; aussi-tôt les empereurs s’armoient contre leurs voisins, & chacun s’empressoit de faire des captifs pour les immoler à l’idole, ou plutôt à la superstition atroce & tyrannique de ses ministres.
Les peuples eussent été trop heureux, si les prêtres de l’imposture eussent seuls abusé du pouvoir que leur ministere leur donnoit sur les hommes ; malgré la soumission & la douceur, si recommandée par l’Evangile, dans des siecles de ténebres, on a vû des prêtres du Dieu de paix arborer l’étendart de la révolte ; armer les mains des sujets contre leurs souverains ; ordonner insolemment aux rois de descendre du trône ; s’arroger le droit de rompre les liens sacrés qui unissent les peuples à leurs maîtres ; traiter de tyrans les princes qui s’opposoient à leurs entreprises audacieuses ; prétendre pour eux-mêmes une indépendance chimérique des lois, faites pour obliger également tous les citoyens. Ces vaines prétentions ont été cimentées quelquefois par des flots de sang : elles se sont établies en raison de l’ignorance des peuples, de la foiblesse des souverains, & de l’adresse des prêtres ; ces derniers sont souvent parvenus à se maintenir dans leurs droits usurpés ; dans les pays où l’affreuse inquisition est établie, elle fournit des exemples fréquens de sacrifices humains, qui ne le cedent en rien à la barbarie de ceux des prêtres mexicains. Il n’en est point ainsi des contrées éclairées par les lumieres de la raison & de la philosophie, le prêtre n’y oublie jamais qu’il est homme, sujet, & citoyen. Voyez Théocratie.
Prêtres, (Hist. rom.) ministres de la religion. Les prêtres chez les Romains n’étoient point d’un ordre différent des citoyens. On les choisissoit indifféremment pour administrer les affaires civiles & celles de la religion. Il y avoit bien de la prudence dans cette conduite ; elle obvioit à beaucoup de troubles qui auroient pu naître sous prétexte de religion. Les prêtres des dieux, même de ceux d’un ordre inférieur, étoient pour l’ordinaire élus d’entre les plus distingués, par leurs emplois & leurs dignités. On accordoit quelquefois cet honneur à de jeunes gens d’illustre famille, dès qu’ils avoient pris la robe virile.
Il faut distinguer les prêtres en deux classes. Les uns n’étoient attachés à aucun dieu en particulier, mais ils étoient pour offrir des sacrifices à tous les dieux ; tels étoient les pontifes, les augures, les quindecemvirs, qu’on nommoit sacris faciundis ; les auspices, ceux qu’on appelloit fratres arvales ; les curions, les septemvirs, nommés epulones, les féciaux ; d’autres à qui on donnoit le nom de sodales titienses, & le roi des sacrifices, appellé rex sacrificulus. Les autres prêtres avoient chacun leurs divinités particulieres : ceux-là étoient les flamines, les saliens ; ceux qui étoient appellés luperci, pinarii, potitii, pour Hercule ; d’autres nommés aussi galli, pour la déesse Cybele ; & enfin les vestales, &c. Voyez chacun de ces mots.
Les prêtres avoient des ministres pour les servir dans les sacrifices. J’en vais donner une énumération laconique. Ceux & celles qu’on appelloit camilli & camillæ, étoient de jeunes garçons & de jeunes filles libres qui servoient dans ces cérémonies religieuses. Romulus en étoit l’instituteur ; & les prêtres qui n’avoient point d’enfans étoient obligés d’en prendre. Les jeunes garçons devoient servir jusqu’à l’âge de puberté, & les filles jusqu’à ce qu’elles se mariassent. Ceux & celles qu’on nommoit flaminii & flaminiæ, servoient le flamine de Jupiter : ces jeunes gens devoient avoir pere & mere. Les quindecemvirs avoient aussi des ministres qui leur servoient de secrétaires.
Les ministres appellés editui ou editumi, étoient ceux qui avoient soin de tenir les temples en bon état, ce qu’ils appelloient sacra tecta servare. Les joueurs de flûte étoient aussi d’un grand usage chez les Romains, dans les sacrifices, les jeux, les funérailles ; ils couroient masqués aux ides de Juin. On se servoit encore aux sacrifices des gens qui sonnoient de la trompette ; ils purifioient leurs instrumens deux fois l’année : le jour de cette cérémonie se nommoit tubilustria.
Les ministres qu’on nommoit popæ & victimarii, étoient chargés de lier les victimes. Ils se couronnoient de laurier, se mettoient à demi-nuds, & en cet état conduisoient les victimes à l’autel, apprêtoient les couteaux, l’eau, & les choses nécessaires pour les sacrifices ; frappoient les victimes & les égorgeoient.
Il y en avoit d’autres qui s’appelloient fictores, parce qu’ils représentoient les victimes avec du pain & de la cire ; car les sacrifices en apparence passoient pour de vrais sacrifices.
Il y avoit outre cela les ministres du flamine de Jupiter, qui se nommoient præclamitores, les licteurs des vestales, les scribes des pontifes & des quindecemvirs, les aides des aruspices : ajoutez-leur ceux qui avoient soin des poulets, pullarii ; enfin les prêtres avoient des hérauts qu’on nommoit kalatores.
Les femmes appellées præficæ étoient celles qu’on louoit dans les funérailles pour pleurer & pour chanter les louanges du mort. Les désignateurs, de signatores, étoient ceux qui arrangeoient la place ; les licteurs les aidoient aussi dans cet arrangement. Les gens qui avoient soin de transporter le soir les cadavres des pauvres, se nommoient vespæ ou vespillones : on les mettoit au nombre de ceux qui servoient dans les sacrifices, parce que les mânes avoient aussi leurs sacrifices particuliers dont ces derniers étoient les ministres. (D. J.)
Pretre des Juifs, (Hist. des anc. Hébr.) Dans l’ancien Testament le nom de prêtre exprimé par le latin pontifex, désigne ceux qui furent honorés du sacerdoce depuis la loi de Moïse ; car au commencement les premiers nés des maisons, les peres de famille, les princes & les rois étoient des prêtres nés dans leurs villes & leurs maisons. Ils offroient eux-mêmes leurs sacrifices par-tout où ils se trouvoient ; mais depuis l’érection du tabernacle, qui fut le premier temple de Dieu parmi les Hébreux, la famille d’Aaron fut nommée pour exercer exclusivement les fonctions du sacerdoce, & pour offrir les sacrifices. Exod. xxviij. 1.
La consécration d’Aaron & de ses fils, se fit par Moïse dans le desert avec une grande solemnité. La fonction qui leur fut prescrite à eux & à leurs successeurs, étoit de faire seuls les sacrifices, d’entretenir les lampes & le feu qui devoit toujours brûler sur l’autel, de composer les parfums, de démonter le tabernacle quand le peuple avoit ordre de décamper, & de le dresser quand on étoit arrivé au lieu du campement.
Outre le service du tabernacle, dans lequel les seuls sacrificateurs avoient le privilege d’entrer jusqu’au sanctuaire ; ils étoient chargés d’étudier la loi, de l’expliquer au peuple, de juger de la lépre, des causes de divorce, & de tout ce qui étoit pur & impur. Ils portoient à la guerre l’arche d’alliance, sonnoient des trompettes, & exhortoient les troupes à bien faire dans le combat. Nomb. xviij. 8. De plus, afin de relever l’éclat du ministere sacerdotal aux yeux des foibles mêmes, Moïse ordonna de n’admettre dans cet ordre aucun homme en qui se trouveroit quelque difformité du corps, ou quelque infirmité persévérante. D’un autre côté, pour qu’ils ne fussent point distraits des devoirs de leur ministere par les embarras du ménage, la loi pourvut à leur entretien. Ils vivoient, ainsi que les lévites, des dixmes, des prémices, des offrandes qu’on présentoit au temple, & de certaines parts de victimes. On leur donna un logement fixe dans quarante-huit villes, & dans l’étendue de mille coudées au-delà de ces villes ; enfin ils avoient à leur tête un chef nommé le grand-prêtre, en qui résidoit le principal honneur de la sacrificature. Voyez donc Grand-prêtre. (D. J.)
Prêtre, le grand, (Hist. des anc. Hébreux.) Le chef des prêtres, ou le souverain sacrificateur des Juifs. C’étoit la dignité la plus éminente du sacerdoce : il n’y avoit que lui qui pût entrer dans le saint des saints ; cependant il n’y pouvoit entrer qu’un seul jour de l’année, qui étoit le jour de l’expiation solemnelle. Du reste la loi de Moïse n’oublia rien jusque dans les vétemens, pour lui procurer le plus grand respect de la nation. Outre la robe de fin lin, la ceinture & le bonnet de lin, qui étoient les habits ordinaires des autres prêtres, celui-ci portoit une robe de couleur d’hyacinthe, au bas de laquelle pendoient de petites sonnettes d’or, entremêlées de grenades ; & par-dessus cette robe un vétement court & sans manches, appellé ephod, enrichi de pierres précieuses enchâssées dans de l’or. Sur ses épaules il y avoit d’autres pierres précieuses où étoient gravés les noms des douze tribus d’Israël. Sur sa poitrine étoit le rational avec ces mots, urim & thummim, qui veulent dire, à ce qu’on croit, lumiere & perfection. Sa tiarre, dont on ignore la forme, étoit aussi plus ornée & plus précieuse que celle des autres prêtres ; ce qui la distinguoit principalement, étoit une lame d’or sur laquelle on lisoit ces mots gravés, la sainteté est au Seigneur.
La liste des grands-prêtres jusqu’à la captivité, est énoncée dans le premier livre des Paralipomenes ; & ceux qui l’ont été depuis le retour de la captivité jusqu’à Alexandre le grand, sont nommés dans le second livre d’Esdras. Josephe de son côté a donné la liste des grands-prêtres des Hébreux depuis Alexandre jusqu’à Jesus-Christ ; mais sa liste n’est pas conforme à celle de l’Ecriture, & cette derniere même n’est pas facile à arranger. Quoi qu’il en soit, selon l’historien prophane, le nombre total des grands-prêtres monte à 81 ; savoir 28 depuis Aaron jusqu’à Josué, qui revint de la captivité, & 53 depuis Josué jusqu’à Pharnias, établi l’an 70 de l’ere vulgaire, qui est l’année de la ruine du temple de Jérusalem par les Romains, & de l’abolition du sacerdoce.
Il ne faut pas croire cependant que cette charge de souverain sacrificateur ait toujours subsisté avec le même éclat, ni telle qu’elle avoit été établie, je veux dire héréditairement & à vie ; car dans les derniers tems ce n’étoit plus qu’une charge annuelle dénuée de considération. Les gouverneurs romains créoient, déposoient à leur gré les grands-prêtres, & vendoient cette dignité au plus offrant. Valerius Graccus seul en déposa & en investit plusieurs, comme Josephe le reconnoît lui-même dans ses antiq. judaïq. liv. XVIII. ch. j. Hérode avoit montré l’exemple. (D. J.)
Prêtres d’Achaïe, (Hist. ecclés.) L’histoire ecclésiastique a nommé prêtres d’Achaie ceux qu’on dit avoir été présens au martyre de l’apôtre S. André, en l’an 59, & qui en rédigerent des actes adressés à toutes les églises du monde. Cette piece se trouve en latin dans Lipoman & Surius, histoire des Saints, ad diem 30 Novembris. Quelques savans de l’église romaine, tels que Bellarmin & le P. Labbe, reçoivent ces actes comme légitimes : Baronius au contraire paroît douter de leur autorité ; & MM. Tillemont & Dupin les rejettent absolument, comme le fruit d’une fraude pieuse, & la production peu sensée de quelque moine zélé.
En effet, il s’y trouve plusieurs choses qui ne conviennent en aucune maniere au siecle des apôtres ; le tour du titre même est nouveau & singulier : Ab universis ecclesiis, quæ sunt in oriente & occidente & meridiano, & septentrione ; c’est-à-dire, de toutes les églises d’orient & d’occident, du septentrion & du midi. Outre cela, il est peu croyable que saint André en parlant au proconsul, se soit servi de ces antithèses recherchées, l’arbre de transgression, & l’arbre du paradis, la terre immaculée, dont le premier homme a été formé, & la vierge immaculée, dont Christ est né homme parfait ; ou qu’il ait avancé tant de choses affectées & absurdes sur le sujet de la croix. Peut-on encore raisonnablement supposer que toute une province se soit assemblée pour tuer Egée, & pour tirer un apôtre de prison ? On ne peut guere concevoir aussi que l’apôtre ait parlé à un proconsul séant sur son tribunal en termes si peu mesurés, que de l’avoir appellé fils de la mort, tison d’enfer, filium mortis, & stipulam æternis paratam incendiis ; & qu’il ait osé lui reprocher son imprudence : ce sont-là des traits incompatibles avec la douceur de l’apôtre.
Je n’insisterai point sur les étranges circonstances qui accompagnerent, dit-on, son crucifiement ; je remarquerai seulement que le mystere de la Trinité se trouve expliqué dans cette piece d’une maniere qui donne juste sujet de soupçonner qu’elle a été forgée après le concile de Nicée. L’auteur paroît aussi être dans le sentiment des Grecs modernes au sujet du S. Esprit, qu’il dit procéder du pere & demeurer dans le fils : question à laquelle on ne pensa que plusieurs siecles après les Apôtres. (D. J.)
Prêtre des Chrétiens, (Critiq. sacrée.) pasteur de l’église chrétienne ; en grec πρεσϐύτερ, en latin presbyter, dignité ecclésiastique. Ce mot πρεσϐύτερ signifie également dans le nouveau Testament un prêtre & un évêque ; ensorte que presbyterium qui est dans le grec & dans le latin, se prend pour l’assemblée de ceux qui présidoient aux églises ; cependant il est certain qu’il y avoit un premier prêtre, ἐπίσκοπος, qui présidoit au presbytere sur les autres prêtres ; mais il ne s’appelloit pas évêque à l’exclusion des prêtres ; il n’avoit point une ordination particuliere ; il ne faisoit rien dans l’église qu’avec le conseil de ses prêtres. La premiere place, le premier rang lui appartenoit, & les prêtres avoient le second. Enfin au commencement les titres de pasteurs, conducteurs, prêtres, évêques, étoient synonymes.
Le titre de sacrificateur n’est jamais donné aux prêtres dans l’Ecriture. Quand il est parlé d’un sacerdoce sous le nouveau Testament, il s’agit d’un sacerdoce commun à tous les fideles, parce qu’ils ont tous le droit d’offrir à Dieu par Jesus-Christ des sacrifices d’actions de graces, & de s’approcher de Dieu par lui. Les prêtres de Dieu, dit Clément d’Alexandrie, sont ceux qui vivent saintement. Mais dès le tems de Tertullien, c’est-à-dire vers la fin du second siecle, le nom de sacrificateurs se donnoit aux prêtres, & celui de souverain sacrificateur ou de grand prêtre, à l’évêque, le tout à l’imitation des Juifs, dont on emprunta en même tems les ornemens. (D. J.)
Prêtre égyptien, (Antiq. égypt.) Les antiquaires les ont souvent confondus avec les dieux dont ils étoient les ministres. Dans les monumens qui nous en restent, on rencontre dans leur coëffure & dans leurs autres attributs, des variétés qui marquoient apparemment le rang, la dignité de chacun, & l’espece de culte auquel ils étoient destinés. Les uns sont assis, & dans l’attitude de lire ; d’autres sont à genoux, les mains élevées comme les Musulmans ; d’autres sont debout, & tiennent le bâton fourchu des deux mains. On en voit debout, & ayant une coëffure coupée quarrément ; d’autres sont représentés debout prêts à marcher, ayant les épaules ornées, & les cuisses couvertes depuis la ceinture jusqu’aux genoux d’une étoffe rayée ; quelquefois ils ont la plante persea attachée au bonnet, qui prend exactement toute la tête, depuis les sourcils jusqu’au-dessous des oreilles, qu’il laisse découvertes. Cette coëffure est très-singuliere par sa forme : son sommet sur le haut de la tête est coupé dans sa largeur par une rainure qui servoit peut-être à placer des ornemens, que l’on changeoit selon l’objet des cérémonies religieuses. Voyez M. de Caylus, antiquit. égypt. tome II. (D. J.)
Prêtre, bonnet de, (Fortification.) On nomme bonnet-de prêtre un ouvrage dont la tête est formée de trois angles saillans, qui dans leur prolongation du côté de la place se rapprochent l’un de l’autre.