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forment le son, se répandent en tout sens ; car le son d’une cloche ou d’un canon peut être entendu derriere une montagne qui cache l’objet sonore à notre vue ; & le son se répand aussi aisément par des tuyaux courbes que par des tuyaux droits.

Mais on ne remarque point que la lumiere s’étende autrement qu’en ligne droite, ni qu’elle se brise vers l’ombre : car les étoiles fixes disparoissent des qu’il passe devant elles quelque planete ; de même le Soleil, ou une partie de son disque, est caché par l’interposition du corps de la Lune, de Venus ou de Mercure.

Sur la pression de l’air, voyez Air & Atmosphere.

Beaucoup d’effets que les anciens attribuoient à l’horreur du vuide, sont aujourd’hui unanimement attribués à la pression & au poids de l’air.

La pression de l’air sur la surface de la terre est égale à la pression d’une colonne d’eau de même base & d’environ 32 piés de haut, ou d’une colonne de mercure d’environ 28 pouces. Voyez Toricelli, Air, Barometre.

La pression de l’air sur chaque pié quarré de la surface de la terre est d’environ 32 fois 70 livres, ou 2240 livres, parce que le poids d’un pié cube d’eau est d’environ 70 livres.

Sur la pression des fluides, voyez Fluide & Hydrostatique. Chambers. (O)

PRESSOIR D’HEROPHILE, en Anatomie, c’est un sinus de la dure mere, que les anciens regardoient comme le quatrieme.

Aux environs du concours du sinus longitudinal supérieur avec les deux sinus latéraux, on voit une embouchure qui est quelquefois double, c’est l’orifice d’un sinus enfermé tout-au-long dans l’union de la faulx avec la tente.

Ce sinus a été appellé torcular Herophili, c’est-à-dire, pressoir d’Hérophile, parce que cet ancien auteur s’imaginoit que le sang étoit comme en presse dans la rencontre de ces quatie sinus.

Pressoir, s. m. (Critiq. sacrée.) en grec ληνὸς, torcular en latin, machine à presser le raisin ; un pere de famille, dit Jesus-Christ, creusa dans la vigne un pressoir, Matt. xxj. 33. C’est que les anciens creusoient sous le pressoir des fossés pour y recevoir le vin qui en découloit, & on le gardoit dans ces fossés jusqu’à ce qu’on le mît en tonneaux ; de-là le terme fodere torcular ; de-là cette autre expression figurée, plenum est torcular ; Joël, iij. 13. pour marquer que les méchans méritent d’être foulés aux piés, comme les raisins le sont dans les pressoirs.

Ce mot se prend encore pour le lieu même où est la machine à presser, Jud. vj. 11. pour le vin, dans Osée, ix. 2. & pour les raisins qui sont foulés dans le pressoir, dans II. Esdr. xiij. 15. De-là l’expression métaphorique de saint Jean, il foulera la cuve du vin de la colere de Dieu ; Apocal. xix. 15.

Pro torcularibus, dénote le tems de la vendange : c’est le titre de plusieurs pseaumes que David composa pour être chantés dans ce tems-là ; mais il y a des critiques qui pensent que le terme hébreu gitthilh, est le nom d’un instrument de musique de la ville de Geth, & que les pseaumes qui portent ce titre, s’adressent au maître de musique de la bande géthéenne, pour en accompagner le chant de ces pseaumes. (D. J.)

Pressoir, en Architecture, est un bâtiment qui renferme une machine qui sert à pressurer les fruits pour en tirer la liqueur. Cette machine se nomme en latin torcular.

Pressoir, terme de Chaircuitier, c’est une espece de grand saloir dans lequel ils font la salaison de leurs lards.

Pressoir, terme d’Eventailliste ; les maîtres Even-

taillistes appellent ainsi une pelote de linge fin remplie

de coton, dont ils se servent à appliquer l’or ou l’argent en feuilles sur les papiers dont ils font leurs éventails. (D. J.)

Pressoir, grand, à double coffre, représenté en deux Planches. Ce pressoir est préférable à tous autres à cause de la facilité de son emplacement, qui ne demande que trente piés de longueur sur douze de largeur, & environ dix-huit d’élévation ; & encore parce qu’il n’exige pas de fondation : huit bouquets de pierre, chacun d’un pié & demi quarré en tout sens, suffisent pour le porter.

On a nouvellement perfectionné ce pressoir à coffre, & on l’a rendu d’une grande utilité. C’est à quoi s’est appliqué M. le Gros, prêtre, curé de Marfaux, homme né pour les Mathématiques : cet habile homme a su d’un pressoir lent dans ses opérations, & de la plus foible compression, en faire un qui, par la multiplication de trois roues, comme la premiere Planche le fait voir, dont la plus grande n’ayant que huit piés de diametre, abrege l’ouvrage beaucoup plus que les plus forts pressoirs, & dont la compression donnée par un seul homme l’emporte sur celle des pressoirs à cage & à tessons, serrés par dix hommes qui font tourner la roue horisontale, & sur celle des étiquets serrés par quatre hommes, montant sur une roue verticale de douze piés de diametre. Mais il lui restoit encore un défaut, qui étoit de ne presser que cinq parties de son cube ; de façon que le vin remontoit vers la partie supérieure du cube, & rentroit dans le marc chaque fois qu’on desserroit le pressoir, ce qui donnoit un goût de sécheresse au vin, & obligeoit de donner beaucoup plus de serres qu’à-présent pour le bien dessécher, beaucoup plus même que sous toutes autres especes de pressoir, & sans pouvoir y parvenir parfaitement.

La pression de ce pressoir se faisant verticalement, il étoit difficile de remédier à cet inconvénient ; c’est cependant à quoi j’ai obvié d’une façon bien simple, en employant plusieurs planches faites & taillées en forme de lames à couteaux GG, fig. 3. qui se glissant les unes sur les autres à mesure que la vis serre, contenues par de petites pieces de bois 10 faites à coulisse, arrêtées par d’autres r qui les traversent, font la pression de la partie supérieure, sixieme & derniere du cube. Par le moyen de la seule premiere serre, on tire tout le vin qui doit composer la cuvée ; & en donnant encore trois ou quatre autres serres au plus, on vient tellement à bout de dessécher le marc, qu’on ne le peut tirer du pressoir qu’avec le secours d’un pic & de fortes griffes de fer.

On peut faire sur ce pressoir dix à douze pieces de vin rouge & paillé, jauge de Reims, & six à sept pieces de vin blanc (trois pieces de vin de cette jauge font deux muids de Paris). Je vais donner ici le détail de toutes les pieces qui composent ce pressoir, le calcul de sa force & la façon d’y manœuvrer, pour mettre les personnes curieuses d’être en état de les faire construire correctement, de s’en servir avec avantage, & de lui donner une force convenable à la grandeur qu’ils voudront lui donner. Ils pourront, par le moyen de ce calcul, en construire de plus petits qui ne rendront que six ou huit pieces de vin rouge, qui par conséquent pourront aisément se transporter d’une place à une autre, sans démonter autre chose que les roues, & se placer dans une chambre & cabinet ; ou de plus grands qui rendront depuis dix-huit jusqu’à vingt pieces de vin, & pour la manœuvre desquels on ne sera pas obligé d’employer plus d’hommes que pour les plus petits. Deux hommes seuls suffisent, l’un pour serrer le pressoir, même un enfant de douze ans ; & l’autre pour travailler le marc & placer les bois qui servent à la pression.

On suppose les deux coffres remplis chacun de