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Il dépend de la prudence du juge d’avoir tel égard que de raison aux présomptions.

Voyez au digeste & au code le titre de probationibus, & le traité de Mascardus de probat. & les traités de prœsomptionibus par Barthole, Guypape, Alciat, &c. Voyez aussi les mots & Preuve. (A)

PRÉSOMPTUEUX, adj. (Gramm.) celui qui se connoît mal, qui n’a pas une idée juste de son crédit, de ses forces, de son esprit, de son talent, en un mot qui s’est surfait à lui-même toutes les ressources naturelles ou artificielles, à l’aide desquelles on réussit dans une entreprise ; & qui ajoute à cette ignorance funeste le ridicule de la vanité mal fondée. La présomption qui ne doute de rien est le vice des jeunes gens ; & la méfiance qui doute de tout, celui des hommes expérimentés.

PRÉSQU’ISLE, s. f. (Géogr.) est la même chose que péninsule. Voyez Péninsule.

Presqu’isle, (Géogr. mod.) Presqu’isle, que les Grecs appelloient Chersonese, est une partie de terre jointe à une autre par une gorge étroite, & environnée de mer de tous les autres côtés ; cette gorge ou passage étroit, par où un pays communique avec un autre par terre, s’appelle isthme. Nous devons aussi observer ici ces parties de terre qui s’avancent dans la mer, & qui sont jointes au reste du continent par un trajet plus large ; car ces parties étendues forment une espece de Presqu’isle, & peuvent en quelque sorte être appellées de ce nom.

Telles sont l’Italie, l’Espagne, une partie de l’Angleterre, la Grece & l’Achaïe proprement dite, l’Asie mineure, la Norvege avec la Suede & le Lapland, l’Indolstan, la nouvelle Guinée dans le continent méridional, la nouvelle Hollande, la nouvelle Bretagne & la nouvelle Ecosse en Amérique ; Cambodie, Patagon, les extrémités de l’Afrique, &c.

Table des principales Presqu’isles.
En Europe Jutland contiguë à L’Allemagne.
La Morée Le Grece
La Taurique Chersonese. La petite Tartarie.
En Asie La Presqu’isle de l’Inde, au-dedans & au-dehors du Gange, Le contin. d’Asie,
Malaca, Chersonese d’or. La Presqu’isle de l’Inde au-dedans du Gange.
En Afrique. L’Afrique n’en a point d’autre que l’Afrique elle-même. L’ouest de l’Asie.
En Amérique Le Méxique, ou Amérique septentrionale, Amérique méridionale.
Le Pérou, ou Amérique méridionale. Amérique septentrionale.

Voyez aussi Peninsule, Peninsula, & Quersonese. (D. J.)

Presqu’isle en-deçà du Gange, (Géog. mod.) La presqu’ile en-deçà du Gange est cette longue terre qui s’avance vers le midi, & finit au cap Comorin. Sa côte occidentale est nommée côte de Malabar, & sa côte orientale est appellée côte de Coromandel. En allant du nord-nord-ouest de cette presqu’ile vers le sud-sud-est, on trouve le pays de Concan, les royaumes de Visapour & de Canara, les états de Samorin & de Travançor : delà en retournant vers le nord occidental, on côtoie le royaume de Maduré, le Marava, les royaumes de Tanjaour, de Guingi, de Carnate, de Golconde, de Cicocicol, & le pays de Jagrenat. Le petit royaume de Maissour est dans l’intérieur du pays. Le grand-mogol a conquis une grande partie de cette presqu’ile, & plusieurs rois n’y sont en quelque maniere que ses fermiers. (D. J.)

Presqu’isle au-delà du Gange, (Géog. mod.) La presqu’île au-delà du Gange comprend les royaumes

d’Ava, de Leos, de Cochinchine, de Siam, & la presqu’île de Malaca. Voyez ces articles en particulier.

PRESSANT, adj. (Gram.) qui ne permet aucun délai, qui exige de la diligence, &c. Un besoin pressant, un devoir pressant, une affaire pressante, un homme pressant.

PRESSE, s. f. (Méchanique.) machine de fer, de bois, ou de quelqu’autre matiere, qui sert à serrer étroitement quelque chose.

Les presses ordinaires sont composées de six pieces ; savoir de deux ais ou planches plates & unies, entre lesquelles on met les choses qu’on veut presser ; de deux vis qui sont attachées à la planche de dessous, & passent par deux trous dont la planche de dessus est percée, & de deux écrous taillés en forme d’S qui servent à presser la planche de dessus qui est mobile, contre celle de dessous, qui est stable & sans mouvement. (D. J.)

Presse pour les liqueurs, (Outil de divers artisans.) Les presses pour exprimer les liqueurs sont de plusieurs sortes : les unes ont presque les mêmes parties des presses communes, à la réserve que la planche de dessous est percée de quantité de trous, pour faciliter l’écoulement des sucs qu’on exprime, & qu’il y a au-dessous une espece de cuvette pour les recevoir ; d’autres n’ont qu’une vis ou arbre au lieu auquel est attachée la planche mobile, qui descend dans une espece de boîte ou vaisseau de bois quarré percé de tous côtés, par où s’écoulent les sucs & les liqueurs à mesure qu’on tourne l’arbre par le moyen d’un petit levier ou de fer ou de bois, suivant la matiere de la presse. (D. J.)

Presse, en terme de Batteur d’or, c’est un instrument de fer ayant pour base une plaque immobile au-dessus de laquelle en est une autre qui coule le long de deux branches arrêtées l’une à l’autre par une traverse au milieu de laquelle passe une vis perpendiculaire à la plaque mouvante. Cette vis est couronnée par deux especes de bras de croix qui servent de poignées à l’ouvrier. Cette presse sert à sécher les chaudrais, les cochers & les moules, ce qui se fait à chaque fois qu’on se sert de ces outils. Voyez ces mots à leur article.

La plaque supérieure est bordée d’une bande de fer pour retenir les charbons ; l’autre s’appuie sur une sorte de trépié au-dessus d’une poële pleine de feu. Il est important de ne point mettre trop de feu, on perdroit par-là des outils qui sont chers.

Presse, (Cartier.) est une machine dans laquelle on pose des paquets de cartes en sortant de la main des colleurs, & après les avoir fait sécher, & dans cet état on les presse en faisant descendre la vis de la presse sur la planche qui est posée sur ces cartes. Voyez Presse ordinaire.

Presse, (Cartonnier.) Les Cartonniers se servent d’une presse assez semblable à celle dont on fait usage dans les papeteries. Elle est composée de deux jumelles ou montans, d’un écrou qui sert de traverse en-haut pour assujettir les deux jumelles ; d’une vis terminée par une lanterne ; d’une piece de bois qui glisse entre les jumelles, & qu’on appelle le sommier pendant ; & d’un entablement ou traverse d’en bas. Quand on veut presser le carton, on pose sur l’entablement un tiroir sur lequel on pose les feuilles de carton les unes sur les autres en piles : on met par-dessus des ais & des billots, après quoi on fait descendre la vis par le moyen d’un levier que l’on pousse à bras, ou par le moyen d’un cable avec un moulinet garni d’un arbre tournant & de deux leviers. Voyez nos Pl. du Cartonnier.

Presse, en terme de Cirier, c’est une machine dont on peut voir le méchanisme ailleurs. Nous n’en parlerons ici que par rapport à l’usage que les Ciriers en font. Ils l’emploient particulierement pour exprimer