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de ce sirop, d’après les bonnes regles de l’art, les observations suivantes. 1°. Ces regles déclarent vaine & puérile la longue infusion du séné demandée, au lieu de sa décoction longue ou courte, puisque c’est sans doute une vue très-illusoire que de ménager des principes volatils, en les faisant passer par le moyen de l’infusion, dans une liqueur que l’on expose ensuite à une très-longue décoction, telle qu’elle est nécessaire pour réduire environ douze livres de liqueur en consistance de sirop avec quatre livres de sucre ; car pour obtenir cette consistance, il faut dissiper par une forte ébullition neuf à dix livres de liqueur.

Secondement, la nouvelle décoction du marc de la premiere expression paroîtra au-moins une manœuvre fort singuliere à ceux qui remarqueront que c’est un second extrait du séné, de girofle & de semences de fenouil que l’on obtient par cette seconde décoction, & qui sauront qu’il est bien connu en Chimie, que ces seconds extraits sont en général plus austeres, plus terreux, moins salins, moins médicamenteux que ceux qu’on obtient par une premiere décoction ; que celui du séné en particulier est à peu-près sans vertu médicamenteuse, & qu’il est plutôt âcre, tormineux, que purgatif ; que l’usage constant de ne faire bouillir le séné que très-légerement, ou même de n’en faire que l’infusion, paroît fondé sur des observations constantes, &c. & enfin que cette nouvelle décoction, ne fit-elle que multiplier inutilement le volume d’eau à dissiper par la suite, seroit un péché pharmaceutique grave.

On pourroit encore se recrier sur les longues décoctions des aromates employés à titre de correctifs, d’après les idées des anciens. Voyez Correctif ; & observer que Lémeri a mieux fait de substituer à cette inutile décoction du girofle & des semences de fenouil, l’infusion du safran dans le sirop tout fait & encore chaud. Un nouet de girofle pilé introduit dans le même tems de la préparation, l’aromatiseroit aussi très-bien.

Le sirop de pomme composé est un léger purgatif, qui contient par once l’extrait d’un peu moins d’un gros de séné. On l’ordonne assez souvent dans les potions purgatives.

La pharmacopée de Paris fait son sirop de pommes helléborisé en décuisant le précedent avec une infusion d’hellébore noir, & cuisant de nouveau la liqueur en consistance de sirop, qu’elle aromatise avec le safran.

Ce sirop, qui est peu d’usage, est recommandé pour purger les mélancholiques & les foux ; contre les obstructions de la rate, du pancréas, du mesentere, & pour exciter les regles. La dose en est depuis demi-once jusqu’à une once.

On fait entrer les pommes dans la composition de plusieurs onguens, auxquels elles ont donné le nom de pommade. Ce nom est devenu ensuite générique, & synonyme de celui d’onguent, soit qu’il entrât des pommes dans leur composition, ou qu’il n’y en entrât point. Pommade est le nom honnête des onguens ; & ce dernier est devenu, pour ainsi dire, obscene, ou, si l’on veut, burlesque même dans la bouche des gens de l’art.

La pulpe de pomme entre dans la pommade blanche & dans la pommade rouge des boutiques ; entre, c’est-à-dire, est demandée dans les dispensaires. Le sirop de pomme composé entre dans les pilules aloétiques émollientes, & dans l’opiate mesentérique. (b)

Pomme d’Adam, (Botan.) pommum Adami, nom donné par quelques botanistes au limon fructu aurantii de Ferrarius, Hesper. 313. Voyez Orange & Limon, ou Citron

Pommes d’amour, (Jardinage.) lycopersicon,

est une des plantes des plus hautes que nous ayons dans les jardins, & on la soutient avec des baguettes. Sa tige se partage en plusieurs rameaux garnis tout du long de feuilles découpées, dentelées, & de couleur d’un verd pâle. Des fleurs jaunes naissent entre les feuilles par bouquets le long de ces rameaux, & en forme de rosette. Ses fruits forment de petites pommes rondes, de couleur d’un jaune rougeâtre, renfermant la graine.

Cette fleur robuste est d’une culture fort aisée, se seme en pleine terre, & veut être souvent arrosée.

Pomme d’amour, voyez plus bas Pomme dorée.

Pomme de canelle. (Botan.) cachiment espagnol, fruit d’Amérique très-commun aux îles Antilles ; il est plus gros que le poing, presque rond, & couvert de tubercules qui lui donnent extérieurement quelque ressemblance avec la pomme de pin ; sa peau est moyennement épaisse, flexible & d’une couleur verte tirant sur le jaune lorsque le fruit est mûr ; l’intérieur renferme une substance blanche, presqu’en bouillie, dont le goût approche de celui d’une crême cuite très-sucrée, & parfumée d’une petite odeur d’ambre & de cannelle fort agréable. Cette pomme contient plusieurs semences longuettes, assez dures, & ressemblantes à des petits haricots bruns ; guanabanus fructu aureo, & molliter aculeato. Voyez les différentes especes de cachiment dans l’ouvrage du P. Plumier, minime.

Pomme dorée, ou pomme d’amour, (Botan.) ce sont deux noms vulgaires de la plante, qui a été mise par la plûpart des botanistes entre les especes de solanum ; mais Tournefort en a fait un genre différent, sous le nom de lycopersicon, parce que son fruit est partagé en plusieurs loges, & que celui du solanum ne l’est pas. Voyez Lycopersicon. (D. J.)

Pomme épineuse, stramonium, genre de plante à fleur monopétale, en forme d’entonnoir, & profondement découpée. Le pistil sort du calice, il est attaché comme un clou à la partie inférieure de la fleur, & il devient dans la suite un fruit le plus souvent arrondi, & souvent garni de piquans, qui est divisé en quatre loges par une cloison en forme de croix ; ces loges ont chacune un placenta, & plusieurs semences qui y sont attachées : ses semences ont ordinairement la forme d’un rein. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Pomme épineuse, (Botan.) voyez Stramonium.

Pomme épineuse, (Médec.) noix metel, herbe aux sorciers, herbe du diable, &c. toute cette plante est absolument venéneuse dans l’usage intérieur, & de l’ordre des poisons stupéfians, enivrans, causant des vertiges, le délire, &c. Voyez Poison. Quant à son usage extérieur, on se sert assez fréquemment des feuilles de cette plante réduite sous forme de cataplasme, ou bien sous celle d’onguent, étant convenablement pilée avec du sain-doux, contre la brûlure, les hémorrhoïdes & les tumeurs inflammatoires très douloureuses. On emploie presque indifféremment dans ces cas les feuilles de pomme épineuse, ou celles des morelles. Voyez les articles Morelle. (b)

Pomme de merveille, momordica, genre de plante dont les fleurs sont monopétales, en forme de cloche ouverte, & découpées ordinairement de façon qu’elles paroissent être composées de cinq pétales. Il y a de ces fleurs qui sont stériles, & qui n’ont point d’embryon ; les autres sont placées sur un embryon qui devient dans la suite un fruit dont la forme approche plus ou moins de celle d’une poire ; il est creux, charnu ; il s’ouvre par une force élastique, & jette au-dehors ses semences qui sont couvertes d’une coëffe ou d’une enveloppe applatie & ordinairement crénelée. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.