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dre ses armes sans rien méfaire ; ce sont les termes d’un ancien manuscrit cité par le P. Ménetrier dans son livre de la chevalerie. (D. J.)

POURSUIVRE, v. act. (Gramm.) courir après quel qu’un ou quelque chose. On poursuit un ennemi, un lievre, son chemin, sa pointe, son récit, une place, une femme, un procès, un criminel. D’où l’on voit que poursuivre se dit des choses & des personnes, & qu’il est quelquefois synonyme à continuer.

POURTOUR, s. m. (Archit.) mot dont les ouvriers se servent pour exprimer circuit. C’est l’étendue du contour d’un espace. Ainsi, on dit qu’une souche de cheminée, une corniche de chambre, un lambris, &c. ont tant de pourtour, c’est-à-dire, tant de longueur ou d’étendue dedans ou dehors œuvre. (D. J.)

POURVOIR, (Jurisprud.) signifie mettre ordre à quelque chose, en disposer.

Celui qui présente requête au juge, & qui se plaint de quelque trouble, entreprise ou spoliation qui se fait à son préjudice, conclut à ce qu’il plaise au juge y pourvoir, c’est-à-dire, y mettre ordre.

On se fait pourvoir d’un office ou d’un bénéfice. Cela s’appelle aussi pourvoir, parce que celui qui donne des provisions pourvoit à ce que l’office ou le bénéfice soit rempli & desservi. Voyez Bénéfice, Office, Provision. (A)

POURVOYEUR, s. m. (Hist. mod.) un officier d’une grande maison, qui a soin de la pourvoir de blé & d’autres vivres qu’il achete.

Le nom de pourvoyeur du roi étoit autrefois un terme si odieux en Angleterre, qu’il fut changé en celui d’acheteur, par le stat. 36. edw. 3. l’office même de pourvoyeur fut très-limité par le stat. 12. cor. 2. Voyez Pourvoyance & Achat.

POUSE, s. f. (Gram.) breuvage indien qui se fait avec le limon & le sucre.

POUSET, s. m. (Teinture.) c’est le pastel, c’est-à-dire, cette couleur rouge qui se trouve dans la graine d’écarlate, & qui sert pour la teinture. (D. J.)

POUSSE, s. f. (Droguerie.) c’est la poussiere ou le grabeau du poivre, & de quelques autres drogues & épiceries, entr’autres du gingembre, de la muscade, du macis & de la graine d’écarlate.

Pousse, Pousses, (Jardinage.) se dit de la premiere pousse des arbres au mois de Mai, quand la seve est dans sa grande vigueur. Ce sont de jeunes jets vigoureux qui promettent la plûpart du fruit.

On dit nos arbres, nos blés, nos avoines, nos orges poussent très-bien.

Pousse, (Maréchal.) maladie du cheval, qui consiste dans une altération & un battement de flanc occasionné par une oppression qui l’empêche de respirer, ou par quelqu’opilation des vaisseaux poulmonaires.

La pousse est un cas redhibitoire, & le vendeur est tenu de reprendre un cheval poussif dans les neuf jours. Il y a des remedes pour retenir quelque tems la pousse.

POUSSE-BALLE, s. m. (Artillerie.) c’est un petit instrument cylindrique de fer, de la longueur environ de 7 ou 8 pouces, ayant la tête un peu plus large que le reste, dont se servent les carabiniers. On s’en sert pour commencer à enfoncer la balle de plomb à coups de marteau dans la carabine, qui est rayée depuis l’entrée jusqu’à la culasse. Lorsqu’on a fait entrer la balle de force avec le pousse-balle ; on acheve de la pousser jusques sur la platte-forme de la poudre avec la baguette de fer. (D. J.)

POUSSE-BARRE, (Marine.) c’est un commandement que l’on fait à ceux qui tirent au cabestan pour obliger à travailler plus fortement.

POUSSE-BROCHE, en terme d’Epinglier ; c’est une espece de ciseau plat & émoussé, dont on se sert pour enruner le poinçon sur l’enclume. Voyez Enruner, Poinçon & Enclume.

POUSSÉE, s. f. (Archit.) effort que fait le poids d’une voûte contre les murs sur lesquels elle est bâtie. C’est aussi l’effort que font les terres d’un quai, ou d’une terrasse, & le corroi d’un bâtardeau. Dans les voûtes, cet effort est celui que font les voussoirs, à droite & à gauche de la clé, contre les piés droits. Il est de la derniere importance de connoître cette poussée, afin d’y opposer une résistance convenable, pour que la voûte ne s’écarte pas. Ce n’est assurément point une chose aisée que de déterminer cette poussée, qui dépend de la direction des voussoirs, c’est-à-dire, de la convexité de la voûte, abstraction faite de la liaison du mortier & du ciment. On sent bien que plus un arc est large & surbaissé, plus il a de poussée. Mais est-ce là la seule considération à laquelle on doive avoir égard ? Voici ce qu’a reconnu M. Belidor, qui a examiné cette question avec beaucoup de soin.

1°. Dans une voûte où l’on suppose que les voussoirs ne sont entretenus par aucun ciment, plus leur tête sera petite, plus la voute aura de poussée : 2°. plus la voute aura d’épaisseur, plus la poussée sera grande : 3°. plus les piés droits qui soutiennent une voute seront élevés, plus il leur faudra d’épaisseur pour soutenir la poussée de la voûte. Voyez la science des Ingénieurs.

On appelle faire le trait des poussées des voûtes, chercher & marquer les épaisseurs que doivent avoir les murs & les piliers boutans, qui sont des corps saillans qui portent & appuient les voûtes. Dictionn. d’Architect. (D. J.)

POUSSE-PIÉ, terme de Pêche, usité dans le ressort de l’amirauté de Bourdeaux ; c’est le petit bateau qu’on appelle acon.

Pousse-pié, Tosses ou l’Acon, est composé seulement de trois planches, longues de 6 à 7 piés, & large de deux environ ; quarrées par un bout, & un peu relevées par l’autre. Le pêcheur se met sur le côté ou sur le bout de l’arçon, d’où agitant son pié en le poussant sur les vases, il coule dessus & se transporte où il lui plaît : sans cette espece de bateau les pêcheurs ne pourroient aborder leurs pêcheries, où l’on ne peut aller que dans les marées des vives eaux ; aux autres tems elles sont inutiles, la marée n’y montant que très-peu, ou même point du tout.

Les pêcheurs du port des Barques, dans le ressort de l’amirauté de Marennes, ont, outre les deux especes de bateaux pêcheurs, traversier & filadieres, une espece de petit canot particulier qu’ils nomment acon, bien différent pour sa construction de celui dont nous avons parlé ci-dessus, & dont nous ferons mention ci-après : le plan représente un ancien écu d’arme ; les côtés sont formés de trois planches posées à clin ; le fond ou la semele est aussi formée de planches plates, sur lesquelles il y en a trois autres, une aux deux côtés, & une troisieme au milieu pour renforcer le fond, qui est aussi tout plat, & le faire mieux couler sur ces vases où l’on le pousse lorsque la mer est basse, les bords de la Charante, depuis le port des Barques jusqu’au-dessus de Tonnay-Charante, étant bordée de vase & de bourbe, les bateaux pêcheurs n’en peuvent point approcher.

Ces acons vont aussi à la rame ; l’arriere n’a point d’étambot étant coupé tout à plat, & de la largeur de l’acon, il peut avoir au plus un pié de queste par l’estrave ; les acons n’ont que trois varangues toutes plates, & autant de genoux, dont le bout déborde pour servir de toles à rames ; ces petits acons peuvent cependant porter jusqu’à trois quarts de ton-