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tiennent des semences menues, noires & striées.

Pourpier, (Diete & Mat. méd.) pourpier des jardins, domestique ou cultivé, petit pourpier ou pourpier sauvage.

Ces deux plantes sont regardées comme ayant à-peu-près les mêmes propriétés, elles ont aussi les mêmes usages tant en cuisine qu’en médecine ; mais on employoit la premiere par préférence, & la seconde seulement au besoin.

Les feuilles & les semences sont en usage : l’une & l’autre de ces parties est regardée comme très-rafraichissante, humectante, émolliente, relâchante & adoucissante. La semence est une des quatre semences froides mineures. Voyez Semences froides. Elle est regardée d’ailleurs, mais assez gratuitement, comme un bon vermifuge.

Les feuilles de pourpier se mangent crues en salade ; elles sont indigestes, & ne peuvent convenir qu’aux meilleurs estomacs. On les fait entrer aussi dans les potages ; la cuite qu’elles subissent dans ce dernier usage, corrige entierement leur mauvaise qualité, & les rend à-peu-près indifférentes, ou si l’on veut, même salutaires.

Les feuilles de pourpier sont un des ingrédiens les plus ordinaires des bouillons médicamenteux, appellés frais ou rafraichissans.

L’abondance du suc a queux & aigrelet qu’elles renferment, les rend en effet très-propres à cet usage. Le suc exprimé de ces feuilles, est regardé comme très-utile contre les vers, surtout chez les enfans : on attribue la même propriété, aussi bien que celle d’arrêter les hémorrhagies, & de calmer la fougue des fievres ardentes, à l’eau distillée de ces mêmes feuilles, qui certainement n’est bonne à rien.

Les semences de pourpier entrent dans l’électuaire de Psyllio, le requies Nicolaï, la confection d’hyacinthe, le diaprun, les especes diarrhodon, la poudre composée contre les vers, &c. (b)

Pourpier de mer, (Botan.) nom vulgaire de l’espece d’arroche maritime, appellée par Ray, atriplex maritima, fructicosa, halimus dicta ; & par Tournefort, atriplex maritima, angustissimo folio. Voyez Arroche.

POURPOINT, s. m. (Ouvrage de Tailleur.) le pourpoint est un vêtement dont on se servoit autrefois beaucoup en France ; il descendoit jusque au défaut des reins, où il finissoit par des basques, & avoit des manches dans lesquelles on mettoit les bras. C’étoit la partie d’un habit d’homme qui couvroit le dos, l’estomac & les bras. Il étoit composé du corps du pourpoint, des manches, d’un collet, de busques & de basques ; on n’ignore pas ces vers de Moliere.

Nos peres sur ce point étoient gens bien sensés,
Qui disoient qu’une femme en sait toujours assez,
Quand la capacité de son esprit se hausse
A connoître un pourpoint d’avec un haut de chausse.

La communauté des marchands Pourpointiers a été réunie en 1655, à celle des tailleurs d’habits.

POURPOINTIER, s. m. (Corps de Fripiers.) c’étoit autrefois un artisan qui ne faisoit que des pourpoints ; mais aujourd’hui les pourpointiers sont unis au corps des Fripiers, font & vendent des habits complets comme eux. (D. J.)

POURPRE, s. m. (Hist. nat.) coquillage operculé & univalve dont on tire cette liqueur colorante, si vantée par les anciens, & auquel les auteurs ont donné différens noms ; les uns l’ont nommé buccinum, d’autres l’ont appellé murex. On le trouve dans différentes mers, il y en a plusieurs especes ; la plus grande que l’on pêche sur nos côtes a 12 à 13 lignes de longueur, sur 7 à 8 lignes de diametre pris à l’endroit le plus gros ; ces coquillages ressemblent assez par leur forme aux limaçons des jardins ; les uns

sont blancs ou bruns, d’autres ont des raies longitudinales ou transversales. Le mouvement progressif de l’animal qui habite la coquille des pourpres est le même que celui des limaçons, il se fait par le moyen d’une partie musculeuse à laquelle on peut donner le nom de pié, l’opercule tient à la face supérieure de cette partie musculeuse ; de sorte que quand l’animal s’enfonce dans sa coquille, il ferme nécessairement l’entrée, parce qu’il entraîne l’opercule.

Le réservoir de la liqueur colorante est petit, & situé sur le collier de cet animal, c’est-à-dire sur la masse de chair qui entoure le cou, comme dans le limaçon ; il est aisé d’observer ce réservoir en place, en cassant la coquille un peu au-dessous de son ouverture ; il paroît d’une autre couleur que la chair, la liqueur qui y est renfermé est d’un blanc jaunâtre, elle ressemble parfaitement au pus qui sort des ulceres ; elle a aussi quelquefois une couleur verte.

M. Duhamel qui a observé ce coquillage, attribue la cause de ce changement de couleur à quelque maladie de l’animal ; le réservoir est plus ou moins grand, il a ordinairement une ligne de largeur & 2 ou 3 de longueur ; si on répand de cette liqueur sur un linge ou sur une étoffe de soie ou de laine, elle lui donne une couleur jaunâtre semblable à celle du pus des ulceres ; si on expose ce linge à la chaleur modérée du soleil du matin, la couleur jaunâtre paroît bien-tôt verdâtre ; elle devient ensuite de couleur de citron qui se change en verd, d’abord clair & ensuite foncé ; le violet succede à cette couleur, enfin la partie imbibée du linge prend une belle couleur de pourpre. Les changemens successifs de couleurs se font plus ou moins rapidement, selon les degrés de chaleur du soleil ; on les distingue à peine quand on expose le linge aux rayons brûlans que le soleil darde en été. La chaleur du feu produit les mêmes effets, mais plus lentement ; pour avoir les changemens de couleur aussi prompts, il faut que le degré de chaleur du feu soit beaucoup plus fort que celui du soleil. La chaleur n’est cependant pas nécessaire pour faire succéder toutes ces couleurs les unes aux autres ; le grand air ou le vent suffisent. Si on n’expose au soleil qu’une partie du linge imbibée de la liqueur contenue dans le reservoir de la pourpre, la partie qui est à l’ombre reste verte, tandis que l’autre partie prend une belle couleur de pourpre.

M. de Réaumur a observé sur les côtes du Poitou, de petits grains qu’il soupçonne être des œufs de poissons, & qui teignent en couleur de pourpre les linges qui en sont imprégnés, comme la liqueur des vraies pourpres ; ces grains ont la forme d’une boule alongée dont le petit diametre a un peu plus d’une ligne, & le plus grand deux lignes ou deux lignes & demie, on trouve une très-grande quantité de ces grains collés sur certaines pierres. M. de Réaumur a observé que les pourpres s’assembloient en grand nombre autour de ces pierres, ce qui lui a fait soupçonner que ces grains pourroient être les œufs des pourpres mêmes, mais il n’a jamais pu confirmer ces conjectures. La liqueur que contiennent ces grains est blanche ; elle rend d’abord un peu jaune le linge sur lequel on en laisse tomber, & au bout de deux ou trois minutes le linge prend une belle couleur de pourpre pourvû qu’il soit exposé en plein air, car M. de Réaumur a éprouvé qu’il ne se coloroit aucunement dans une chambre, quoique les fenêtres fussent ouvertes. Mém. de l’acad. royale des Sciences, ann. 1711. & 1736.

Pourpre, (Littéral.) les anciens ont tous connu les étoffes de laine, teintes en pourpre ; j’ai déja dit que cette couleur étoit employée chez les Hébreux, dans les ornemens du grand prêtre, elle entroit aussi dans plusieurs ouvrages du tabernacle. On la tiroit