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nent pas, demeurent flasques & dans le même état. Voyez Bronches.

Ces pelotons de vésicules sont appellés lobules internes, nom qui les distingue des moindres lobules dont nous avons parlé. Entre ces lobules internes serpentent les ramifications des arteres & de la veine pulmonaire. Les plus gros troncs marchent dans les interstices cellulaires, reçoivent les vaisseaux, & ils jettent de tous côtés des ramifications qui forment autour des cellules un réseau admirable décrit par Malpighi. Ces espaces sont outre cela remplis par des membranes qui viennent des lobules, & dont les unes sont paralleles, & les autres disposées en angles. Ces lobules se découvrent & se développent d’eux-mêmes très-exactement, si l’on met à découvert les gros rameaux des bronches, & qu’on souffle dans les moindres. Alors chaque lobule qui appartient à un de ces rameaux, se gonflera, & se fera remarquer distinctement dans toute son étendue.

Toute la substance des poumons est recouverte d’une membrane que l’on regarde comme une production de la plevre, & que l’on peut partager en deux lames ; l’une externe, qui est mince, lisse & nerveuse ; l’autre interne, qui est un peu plus épaisse & plus inégale, & qui est principalement composée des extrémités des vaisseaux & des vésicules, dont l’impression y forme de petits enfoncemens qui la font ressembler à un rayon de miel. Quelques-uns assurent que cette membrane a une infinité de pores tellement disposés, qu’ils absorbent aisément les humeurs qui se trouvent dans la cavité de la poitrine, & n’y laissent rien échapper ; mais cela paroît très peu fondé.

Les vaisseaux des poumons sont l’artere & la veine pulmonaire, l’artere & la veine bronchiale, & les vaisseaux lymphatiques. De ces vaisseaux les uns sont propres, & les autres communs, par rapport à l’usage dont ils sont au reste du corps. Les communs sont l’artere & la veine pulmonaire, & les vaisseaux lymphatiques. Les propres sont l’artere & la veine bronchiale. Voyez Bronches, Bronchiale, Pulmonaire.

Les poumons ont un grand nombre de nerfs qui viennent du tronc de la huitieme paire & du nerf intercostal, & qui se distribuant dans toute la substance des poumons, embrassent les ramifications des bronches & des vaisseaux sanguins. Willis assure aussi que les vésicules pulmonaires ont des fibres musculaires, afin de pouvoir se contracter davantage dans l’expiration ; mais d’autres nient ces fibres musculaires. Diemerbroeck observe que les vésicules n’admettent pas seulement l’air, mais aussi d’autres matieres plus grossieres ; & il cite pour exemple deux asthmatiques qu’il ouvrit. L’un étoit un tailleur de pierre, qui avoit les vésicules des poumons si remplies de poussiere, qu’en les ouvrant le scalpel entroit comme dans un monceau de sable. L’autre étoit un tapissier dont les vésicules étoient remplies d’une poussiere fine ou d’un duvet. Voyez Asthme.

Polype des poumons, voyez Polype.

poumon. On vient de lire la structure admirable des poumons, & l’on a découvert dans ce siecle leurs vaisseaux lymphatiques : cette partie est exposée comme les autres à des jeux de la nature. M. Deslandes écrivit de Brest en 1718 à l’académie des Sciences, qu’il avoit vû ouvrir le corps d’un jeune homme de 27 ans, très-bien fait, & d’une bonne constitution, à qui l’on avoit trouvé cinq poumons, ou plûtôt cinq lobes du poumon, dont trois par conséquent étoient surnuméraires. Ils étoient tous revêtus de leur membrane commune, & couchés les uns sur les autres sans aucune adhérence ; de sorte qu’on les sépara facilement & sans rien déchirer. Les trois lobes surnuméraires ne différoient point en grosseur

des deux naturels ; deux des surnuméraires étoient couchés sur la partie supérieure du grand lobe gauche, & le troisieme sur le lobe droit.

Le poumon est une partie bien délicate : en voici la preuve. Une femme de 57 ans ayant avalé un petit brin de paille de chanvre en brisant du chanvre sur une bancelle pour en séparer les chenevotes, fut saisie peu de tems après d’une toux douloureuse, & d’une extrème difficulté de respirer & de parler. Elle se sentoit continuellement le gosier picoté, mourut en moins de trois jours, & l’on trouva le brin de paille dans l’intérieur de la premiere subdivision des bronches qui se distribuent à l’entrée du lobe du poumon. Il étoit situé transversalement comme une barre dans la bronche, au-dessus de la division, fiché de maniere qu’il en piquoit par ses deux pointes les parois internes. L’irritation continuelle qu’il causoit à des parties d’un sentiment très-vif & très exquis, enflamma le poumon, qui en portoit effectivement toutes les marques, les autres visceres étant parfaitement sains.

J’ai vu un cas semblable, & qui ne fut pas moins triste. Un étudiant du college de la Trinité à Cambridge, se promenant avec ses amis, & passant au milieu des blés, prit un épi d’orge, le mit plusieurs fois dans sa bouche, d’où enfin il ne put plus le retirer ; l’épi tomba dans le larynx, causa au jeune homme une toux convulsive & une irritation si grande dans les bronches, qu’il en mourut au bout de 24 heures, sans qu’il fût possible de lui donner assez promptement les secours nécessaires. (D. J.)

Poumon des animaux, (Physiolog.) Les animaux terrestres ont des poumons charnus ; les amphibies des poumons membraneux ; & les oiseaux des poumons en partie charnus & en partie membraneux, sans parler de la structure des poumons particuliers aux insectes, & des ouies des poissons, qui peuvent passer pour une espece de poumon.

Les poumons des animaux terrestres servent particulierement à la circulation du sang, en contribuant à l’action qui le fait passer d’un des ventricules du cœur à l’autre au-travers des poumons ; & ces poumons paroissent charnus, étant toujours fort remplis de sang.

La seconde espece de poumons, qui est celui des amphibies, tels que sont les tortues, les serpens, les salamandres, les crapauds, les grenouilles, ne donne aucun passage d’un des ventricules du cœur à l’autre ; le passage se fait au-travers des parois qui séparent les ventricules l’un de l’autre. Le poumon membraneux de ces animaux ne leur sert guere qu’à soutenir leur corps dans l’eau.

Le poumon des oiseaux sert à la circulation du sang, de même que celui des animaux terrestres ; mais il est divisé en deux parties, dont l’une paroît charnue comme aux animaux terrestres ; l’autre est tout-à-fait membraneuse, & formée en plusieurs grandes vessies. L’usage de cette partie membraneuse est de suppléer au défaut des muscles du bas-ventre, qui sont très-petits dans les oiseaux, à cause de la grandeur de l’os de la poitrine, pour donner origine aux grands muscles qui remuent les aîles.

Lorsque la poitrine des oiseaux est retrécie dans l’expiration, tout l’air dont elle est d’abord remplie ne sort pas au-dehors par l’âpre-artere, mais il arrive que par la compression de la poitrine une partie est poussée dans le bas-ventre, où elle remplit de grandes vessies qui y sont enfermées. De même lorsque dans l’inspiration leur poitrine est élargie, elle ne reçoit pas seulement l’air de dehors, mais elle reçoit aussi celui qui a été envoyé dans les vessies du bas-ventre ; ce qui fait que le bas-ventre se dilate lorsque la poitrine s’étrécit.

Cette méchanique particuliere de la respiration des oiseaux, peut être entendue par les soufflets des