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rogation se marque en grec au contraire du latin. Car au lieu qu’en latin on met un point & la virgule dessus (?) en grec on met le point & la virgule dessous ainsi (;) ».

Vossius, dans sa petite Grammaire latine, p. 273. destine le point à marquer les sens indépendans & absolus ; & il veut, si les phrases sont courtes, qu’après le point on ne mette pas de lettres capitales. L’auteur de la Méthode latine de P. R. adopte cette regle de Vossius & cite les mêmes exemples que ce grammairien. C’étoit apparemment l’usage des littérateurs & des éditeurs de ce tems-là : mais on l’a entierement abandonné, & il n’y a plus que les phrases interrogatives ou exclamatives dans le style coupé, après lesquelles on ne mette point de lettres capitales.

M. Lancelot a encore copié, dans le même ouvrage de Vossius, un principe faux sur l’usage du point interrogatif : c’est que si le sens va si loin que l’interrogation qui paroissoit au commencement vienne à s’allentir & à perdre sa force, on ne la marque plus ; ce sont les termes de Lancelot, qui cite ensuite le même exemple que Vossius. Pour moi, il me semble que la raison qu’ils alleguent pour supprimer le point interrogatif, est au contraire un motif de plus pour le marquer : moins le tour ou la longueur de la phrase est propre à rendre sensible l’interrogation, plus il faut s’attacher au caractere qui la figure aux yeux ; il fait dans l’écriture le même effet que le ton dans la prononciation. Le savant Louis Capel sentoit beaucoup mieux l’importance de ces secours oculaires pour l’intelligence des sens écrits ; & il se plaint avec feu de l’inattention des Massorethes, qui, en inventant la ponctuation hébraïque, ont négligé d’y introduire des signes pour l’interrogation & pour l’exclamation. Lib. I. de punctorum antiquitate, cap. xvij. n. 16.

Finissons par une remarque que fait Masclef, au sujet des livres hébreux, & que je généraliserai davantage : c’est qu’il seroit à souhaiter que, dans quelque langue que fussent écrits les livres que l’on imprime aujourd’hui, les éditeurs y introduisissent le système de ponctuation qui est usité dans nos langues vivantes de l’Europe. Outre que l’on diminueroit par-là le danger des méprises, ce système fournit abondamment à toutes les distinctions possibles des sens, sur-tout en ajoutant aux six caracteres dont il a été question dans cet article, le signe de la parenthese, les trois points suspensifs, les guillemets, & les alinéa. Voyez Parenthese, Point, Guillemet. (E. R. M. B.)

PONCTUEL, adj. (Gramm.) exactitude, considérée relativement au tems des engagemens. Ponctuel à payer ; ponctuel à venir.

PONCTUER, v. act. (Gramm.) c’est observer les regles de la ponctuation. Voyez Ponctuation. On dit cette copie est belle, mais elle est mal ponctuée. On entend encore par ponctuer, désigner par un point.

PONDAGE, s. m. (Jurisprud.) c’est un subside accordé au roi de la grande-Bretagne sur toutes sortes de marchandises à l’entrée & à la sortie, & cela sur tous marchands soit naturels, naturalisés, ou étrangers.

Il est appellé pondage, parce qu’il est fixé à raison de tant par livre (angl. pound.) c’est-à-dire, d’un schelling par chaque livre, ou d’un schelling sur vingt schellings ; & un schelling de plus pour les marchandises d’Angleterre que les étrangers emportent.

Ce droit fut d’abord accordé à Edouard VI. sa vie durant seulement ; il le fut ensuite à Charles II. Voyez Tonnage.

Pondage, (Minéralogie.) c’est ainsi que les ouvriers qui travaillent aux mines de charbon, appel-

lent la pente ou l’inclinaison de la couche ou du lit de

charbon de terre qu’ils exploitent.

PONDE, s. f. (Commerce.) qu’on nomme aussi pond, poids de Moscovie, dont on se sert particulierement à Archangel. La ponde est de quarante livres, poids du pays, qui revient environ à trente-trois livres de France, le poids de Moscovie étant près de dix-huit par cent plus foible que celui de Paris. Dictionnaire de Commerce.

PONDÉRATION, s. f. (Peint.) Ce mot se dit d’une figure & de la composition d’un tableau.

En fait de figure, c’est l’égalité du poids de ses parties balancées, & reposées sur un centre qui la soutiennent, soit dans une action de mouvement, soit dans une attitude de repos.

En fait de composition d’un tableau, c’est son ordonnance tellement ménagée, que si quelque corps s’éleve dans un endroit, il y en ait quelqu’autre qui le balance, ensorte que la composition présente dans ses différentes parties une juste pondération.

Plus dans un tableau, suivant la remarque de M. de Watelet, les contrastes sont justes & conformes à la pondération nécessaire, plus ils satisfont le spectateur, sans qu’il se rende absolument compte des raisons de cette satisfaction qu’il ressent. C’est, ajoute-t-il, de la proportion de l’ensemble, & de ce qui concerne l’équilibre des figures, & de leur mouvement, que naissent la beauté & la grace. Or, comme ces mots équilibre & pondération sont tout-à-fait synonymes en Peinture, on s’instruira completement en lisant l’article Equilibre, Peinture.

J’ajoute seulement que Léonard de Vinci, & quelques autres peintres qui ont le plus réfléchi sur cette partie essentielle de l’art, ont fait les remarques suivantes, qui passent pour autant d’axiomes reçus dans la Peinture.

Ils ont observé que la tête doit être tournée du côté du pié qui soutient le corps ; qu’en se tournant, elle ne doit jamais passer les épaules ; que les mains ne doivent pas s’élever plus haut que la tête, le poignet plus haut que l’épaule, le pié plus haut que le genou ; qu’un pié ne doit être distant de l’autre que de sa longueur ; que lorsqu’on représente une figure qui éleve un bras, toutes les parties de ce côté-là doivent suivre le même mouvement ; que la cuisse, par exemple, doit s’alonger, & le talon du pié s’élever ; que dans les actions violentes & forcées, ces mouvemens à la vérité ne sont pas tout-à-fait si compassés, mais que l’équilibre ne doit jamais se perdre ; qu’enfin, sans cette juste pondération, les corps ne peuvent agir comme il faut, ni même se mouvoir. Les mouvemens ne sont jamais naturels, si les membres ne sont également balancés sur leur centre dans une égalité de poids, qu’ils ne se contrastent les uns les autres. (D. J.)

PONDICHERY ou PONTICHERY, (Géog. mod.) ville détruite des Indes orientales, sur la côte de Coromandel, à la bande de l’est de la presqu’île des Indes, en-deçà du Gange. Cette ville étoit grande, fortifiée régulierement, & avoit ses rues tirées au cordeau. Les maisons des Européens y étoient bâties de brique, & celle des Indiens de terre enduite de chaux.

Pondichery étoit le plus bel établissement qu’ait eu aux Indes orientales la compagnie françoise ; cet établissement ne contenoit pas seulement les marchandises que fournit la côte de Coromandel, il servoit aussi d’entrepôt pour toutes celles qui s’enlevent de Bengale, de Surate, & de toute la côte de Malabar. Les marchandises qui se fabriquoient à Pondichery même, étoient des toiles de coton blanches : les toiles peintes qui s’y vendoient, se tiroient de Masulipatan, & en portent le nom ; celles qu’on y tiroit d’ailleurs, étoient des étoffes de soie, des mouchoirs de coton