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faire infuser dans du vin blanc. On recommande aussi le porreau pour plusieurs usages extérieurs, dont le seul qui soit encore pratiqué quelquefois, c’est l’injection de leur suc dans les oreilles pour en appaiser le tintement ou bruissement. (b)

Porreau, Maladie de la peau, voyez Verrue.

Porreau, s. m. (terme de Maréchal.) espece de verrue qui vient aux boulets, aux pâturons, aux piés de derriere des chevaux, & qui suppure ; il faut l’enlever & corriger l’humeur âcre qui la produit. (D. J.)

PORRETAIN, s. m. (Hist. ecclés.) nom de secte, sectateur de Gilbert de la Porrée, évêque de Poitiers, qui fut condamné dans le XII. siecle, pour avoir été soupçonné d’admettre une distinction physique entre Dieu & ses attributs : ou bien comme dit Marsham, pour avoir écrit trop curieusement du mystere de la Trinité ; car on ne sait point trop bien quel étoit son sentiment.

Quel qu’il fût, il donna occasion aux soupçons que l’on conçut de lui, en soutenant que cette proposition, Deus est bonitas, n’étoit pas vraie, si on ne la réduisoit à celle-ci, Deus est bonus ; & il y a des endroits de Saint Bernard qui écrit fortement contre lui, où il semble admettre une distinction réelle entre la nature de Dieu & ses attributs. Les Porrelains sont opposés aux Nominaux. Voyez Nominaux.

On accusoit encore Gilbert de la Porrée d’avoir soutenu que l’essence divine n’étoit point Dieu, qu’il n’y avoit point de mérite que celui de Jesus-Christ, & que personne n’étoit véritablement baptisé, s’il n’étoit sauvé. Ces erreurs furent condamnées par Eugene III. dans le concile de Rheims tenu en 1147. Gilbert se soumit aux décisions du concile, & gouverna encore son église jusqu’en 1154 ; ainsi l’on ne doit point le compter au nombre des hérétiques. Ses disciples n’imiterent pas sa soumission : c’est pourquoi nous les avons ici qualifiés de sectaires.

PORRICERE, (Lang. lat.) terme des sacrifices des Romains ; il signifie jetter les entrailles de la victime dans le feu du sacrifice, après les avoir considérées, pour en tirer de bons ou de mauvais présages ; de là ces mots qu’on trouve souvent dans les auteurs, inter cæsa & porrecta, entre l’égorgement de la victime & l’inspection des entrailles : proverbe employé par Ciceron même, pour marquer un incident qui survient, lorsqu’on est sur le point de finir une affaire, & qui l’empêche d’être terminée. (D. J.)

PORT, (Botan.) en latin plantæ facies exterior ; on se sert de ce mot en parlant des plantes, dans le même sens qu’on emploie celui d’air, en parlant des animaux. On dit, cette plante a le port de la ciguë, approche de l’angélique par son port, & non pas cette plante a l’air de la ciguë ou de l’angélique. Le port ne résulte pas de la structure de quelques parties d’une plante, mais plutôt du tout ensemble.

Port, s. m. (Marine.) c’est un poste de mer proche des terres, destiné au mouillage des vaisseaux, & qui y est plus ou moins propre, selon qu’il a plus ou moins de fond & d’abri.

Port de havre, havre d’entrée, havre de toute marée, ce sont ceux où les vaisseaux peuvent entrer en tout tems, y ayant toujours assez de fond. Voyez Marée.

Port brute, havre brute, c’est celui qui est fait sans art & sans artifice.

Port de barre, havre de barre, ce sont les ports où les vaisseaux ont besoin du flot & de la haute marée pour y entrer, parce qu’ils ne sont pas assez profonds, ou parce que l’entrée en est fermée par quelques bancs de sable ou de roches. Il y a une infinité de semblables ports sur l’Océan. Voyez Barre. C’est un port de barre, l’entrée en est fermée par un banc, on n’y peut entrer que pendant le vif de l’eau.

Port à l’abri par les montagnes qui l’environnent, avoir un port sous le vent ; on dit avoir un port sous le

vent, pour dire, avoir un lieu de retraite dans le besoin.

Entrer dans le port, fermer les ports ou ports fermés, c’est empêcher la sortie de tous les bâtimens qui y sont. Quand le roi de France veut faire un enrôlement de matelots pour servir sur ses vaisseaux, il ordonne la clôture des ports, afin de faire une revue des matelots, & de choisir ceux qui sont capables de service. On a permis l’ouverture des ports après un mois de clôture. Fermer un port avec des chaînes, des barres & des bateaux. Conduire heureusement dans le port.

Port, ce mot se dit aussi de certains lieux sur les rivieres, où les bâtimens qui abordent, se chargent & se déchargent.

Port d’un vaisseau, portée, ce mot se prend pour exprimer la capacité des vaisseaux, ce que l’on spécifie par le nombre de tonneaux que le vaisseau peut contenir : ainsi on dit qu’un vaisseau est du port de deux cens tonneaux, pour dire que sa capacité est telle qu’il pourroit porter une charge de quatre cens mille livres, parce que chaque tonneau est pris pour un poids de deux mille livres. On compte qu’un tel vaisseau chargé de deux cens tonneaux occupe, en enfonçant, un espace qui contiendroit deux cens tonneaux d’eau de mer. Suivant l’ordonnance, il n’est réputé y avoir erreur en la déclaration de la portée du vaisseau, si elle n’est au-dessus de la quarantieme.

Port, (Géog. anc. & mod.) petit golfe, ance, avance, enfoncement d’une côte de mer, qui entre dans les terres où les vaisseaux peuvent faire leur décharge, prendre leur chargement, éviter les tempêtes, & qui est plus ou moins propre au mouillage, selon que le lieu a plus ou moins de fonds & d’abri. Ce mot port vient du latin portus, & répond au λίμνη des Grecs : les Italiens disent porto & porticello, si le lieu est petit ; & les Espagnols écrivent puerto ; c’est ce que les Allemands entendent par leur mot meerhaffen, & les Anglois & les Hollandois par celui de haven, d’où les François ont fait leur mot havre, qui veut dire la même chose que port.

Comme les vaisseaux ne peuvent pas aborder indifféremment à toutes les côtes, parce qu’elles sont ou trop hautes, ou que la mer qui les lave est trop basse pour porter des bâtimens, parce qu’elles sont garnies d’écueils, ou parce qu’elles sont trop exposées à la fureur des vents ; on a donné le nom de port aux endroits où ces difficultés ne se rencontrent pas, & où les navires peuvent facilement arriver, décharger & demeurer. C’est sur la connoissance de ces ports, & sur celles de la route des vents qui y peuvent porter les vaisseaux, qu’est fondée ce que nous appellons la carte marine, & cette connoissance fait aussi une des parties les plus essentielles de la Géographie.

La figure des ports, comme on a pu le voir par la définition que j’en ai donnée, est ordinairement en forme de petit golfe, d’anse, ou d’enfoncement, & la côte est communément bordée, en tout ou en partie, de montagnes ou de collines qui mettent les vaisseaux à l’abri des vents. La nature a donné elle-même quelques-uns de ces avantages à certains ports : c’est l’industrie des hommes qui les a perfectionnés dans d’autres, ou même qui les leur a entierement donnés. Sur les cartes, pour connoître un port, & la sûreté qu’il y a d’y mouiller, on représente ordinairement la figure d’une ancre.

On donne le nom de port aux places maritimes qui ont des endroits sûrs pour la retraite des vaisseaux, qui y peuvent outre cela charger & décharger leurs marchandises. On les donne aussi aux lieux qui sont destinés pour y construire des vaisseaux, ou pour les y conserver. On le donne encore à quel-