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nomme en latin porpites, lapis numismalis, nux vomica, &c.

PORQUES, s. f. pl. (Marine.) ce sont des pieces de charpente qui se mettent sur la carlingue, & qui sont paralleles aux varangues. Leur usage est de faire la liaison des pieces qui forment le fond du bâtiment, & chaque porque a ses alonges qui servent à entretenir & à lier toute la masse du bâtiment.

Porques de fond. Celles-ci se mettent vers le milieu de la carlingue, & sont moins cintrées & plus plates que les porques nommées porques acculées, parce que le fond du vaisseau est plus plat vers le milieu de la carlingue. Voyez Planche IV. fig. 1. n°. 24.

Dans les navires de guerre on met des porques sur le serrage du fond, à huit ou dix piés les unes des autres : elles font le même effet sur le serrage que les varangues sur le bordage. On proportionne leur largeur & épaisseur à leur longueur & à la grandeur du navire. En général on tient celles qui sont au milieu toutes aussi grosses qu’il se peut, mais on ne les tient pas si grosses dans les bouts. On n’en met point dans les vaisseaux marchands ; elles occuperoient trop d’espace dans le fond de cale.

Il y a deux porques au pié du grand mât ; elles ont quatorze pouces de large, & douze pouces d’épais.

Elles sont posées dans un vaisseau de cent trente-quatre piés de long de l’étrave à l’étambord, à trois piés & demi l’une de l’autre. Celle qui est au côté de l’avant répond au derriere du ban de la grande écoutille.

Elles sont fortifiées de quatre genoux, dont il y en a deux du côté de l’avant & deux du côté de l’arriere : ils ont dix pouces d’épais, & par le bas leur largeur est égale à celle des porques. Leurs branches d’en-bas ont huit piés de long, & celles d’en-haut ont sept piés, & sont moins larges de deux pouces que celles d’en-bas.

A chaque côté de la carlingue il y a un traversin, qui la surmonte de quatre pouces, & il y a quatre pouces d’épais. Les porques au-dessus & au-dessous du pié du mât de misene, doivent avoir douze pouces de large & dix pouces d’épais. Il y a quatre genoux par le bas & deux par le haut, larges de dix pouces & épais de neuf. Voyez Carlingue de pié de mat. La premiere de ces figures est d’une porque de fond ; & la seconde, d’une porque de carlingue.

Porques acculées. On met ces porques vers les extrémités de la carlingue à l’arriere. Voyez Planche IV. fig. 1. n°. 25.

On met dans l’arriere quatre porques acculées, c’est-à-dire, dans un vaisseau de cent trente-quatre piés de long, & chacune a ses genoux, elles ont dix pouces de large, & sept pouces & demi d’épais : les branches des genoux ont six, sept, ou huit piés de long.

Alonges de porques. Ce mot a été omis sous la lettre A. Ce sont des alonges qui viennent joindre les porques, & qui sont dans les côtés des plus grands vaisseaux par-dessus le serrage.

PORQUEROLES ou PORQUEYROLES, (Géog. mod.) île de France, sur la côte de Provence ; cette île qui est la plus grande des îles Stæcades des anciens, & qui, à cause de cela, fut nommée en grec Πρωτὴ, c’est-à-dire, la premiere, a pris son nom moderne de la quantité de sangliers qui y passent à la nage de la Terre-ferme, pour manger le gland des chênes verds qui s’y trouvent en abondance. Elle peut avoir quatre lieues de long sur une de large, & elle est défendue par un vieux château. On voit encore dans cette île quelques ruines d’un monastere très ancien, qui se nommoit monasterium Arearum. (D. J.)

PORRACÉE, adj. en terme de Médecine, c’est un mot dont on se sert pour faire entendre que la bile, les excrémens, &c. ont une couleur verte qui appro-

che de celle du porreau. Ce mot vient du latin porrum, porreau.

La bile porracée & érugineuse est très-âcre & corrosive ; elle produit de cruelles maladies, telles que les volvulus, les inflammations d’entrailles, les dyssenteries, & autres maladies qui dépendent de l’irritation des intestins. Voyez Bile & Inflammation.

PORREAU ou POIREAU, s. m. (Botan.) Ses bulbes ou racines sont oblongues, étroites, presque cylindriques, & revêtues de plusieurs membranes, qui deviennent en se développant des pellicules unies & quelquefois carinées. Sa fleur est à six pétales, faite en forme de cloche, ornée d’étamines larges, applaties, & terminées par trois filets, dont celui du milieu porte un sommet. Cette fleur est presque disposée en bossette. L’ovaire se change en un fruit arrondi, divisé en trois loges, remplies de semences presque rondes.

Tournefort compte six especes de porreau ; je décrirai le porreau commun, porrum commune capitatum, C. B. P. 72. I. R. H. 382. en anglois, the common headed-leek.

Il a une racine longue de quatre à cinq doigts, grosse d’un ou de deux pouces, presque cylindrique, composée de plusieurs tuniques blanches, lisses, luisantes, jointes les unes aux autres, garnies en-dessous de plusieurs fibres : elle est d’un goût plus doux que celle de l’oignon, croissant, s’élevant, se développant, & devenant des feuilles longues d’un pié, assez larges, situées alternativement, plates, ou pliées en gouttiere, d’un verd pâle, d’un goût d’oignon.

Il sort d’entre ces feuilles une tige qui se porte à la hauteur de quatre ou cinq piés, grosse d’un doigt & plus, ferme, solide, remplie de suc ; cette tige soutient en son sommet un gros bouquet de petites fleurs blanches tirant sur le purpurin, composées chacune de six pétales, disposées en lis, & attachées à une pédicule avec autant d’étamines larges & cylindriques. Après que ces fleurs sont tombées, il leur succede des fruits presque ronds, triangulaires, noirs, divisés intérieurement en trois loges, remplies de plusieurs semences oblongues.

Toute cette plante a une odeur d’oignon potager & culinaire, mais moins pénétrante ; elle fleurit en Juillet, & sa graine est mûre au mois d’Août. Elle demande une terre grasse & fumée ; & elle peut se conserver trois ans. (D. J.)

Porreau ou Poireau, (Diete & Mat. méd.) c’est la racine ou bulbe de cette plante qui est d’usage en Pharmacie, mais beaucoup plus dans les cuisines. Le porreau a beaucoup d’analogie avec l’oignon. On le mange dans les potages comme cette derniere racine ; mais on ne l’emploie d’aucune autre maniere dans les alimens. Il se trouve assez de personnes qui craignent le goût & l’odeur du porreau ; mais il n’est constaté par aucune bonne observation, qu’il produise aucun effet remarquable bon & mauvais chez ceux qui le mangent avec plaisir, ou au-moins sans répugnance. La plûpart des auteurs de diete l’ont fait passer pourtant pour un aliment fort pernicieux, fort indigeste, fort venteux, &c.

Quant aux vertus du porreau employé à titre de remede, son suc est évidemment diurétique comme celui d’oignon, quoique vraissemblablement en un degré un peu inférieur ; aussi est-il presque entierement inusité à ce titre. Le porreau passe pour emmenagogue, remédiant à la stérilité des femmes, & augmentant la secrétion de l’humeur séminale. Hippocrate s’en servoit dans les maladies des femmes tant intérieurement qu’extérieurement. Le porreau passe aussi pour fort utile contre l’asthme humide, les toux invétérées & pituiteuses, l’extinction de voix, &c. Les semences du porreau sont diurétiques. La maniere ordinaire de les donner est de les concasser & de les