L’Encyclopédie/1re édition/CARLINGUE, CALINGUE, ESCARLINGUE

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 686-687).

CARLINGUE, CALINGUE, ESCARLINGUE, ECARLINGUE, CONTRE-QUILLE, s. f. (Marine.) on appelle ainsi la plus longue & la plus grosse piece de bois qui soit employée dans le fond de cale d’un vaisseau. Comme une seule piece ne suffit pas, n’y en ayant point d’assez longue, on en met plusieurs bout à bout. La carlingue se pose sur toutes les varangues ; elle sert à les lier avec la quille, ce qui fait que quelques-uns l’appellent contrequille ; le pié du grand mât pose dessus. Voyez, Planche VI. n°. 37. la forme d’une des pieces de bois qui composent la carlingue.

Voyez, Planche IV. figure 1. n°. 22. la position de la carlingue, & n°. 5. la partie qu’on nomme contrequille. Voyez encore, Planche V. fig. 1. n°. 22. la carlingue dans sa coupe transversale.

La carlingue doit avoir l’épaisseur des deux tiers de celle de l’étrave ; elle doit être plus large que la quille, à cause que la carlingue du pié du mât pose dessus, & que le serrage y entre. Elle est jointe à la quille par des chevilles de fer, & sert à l’affermissement de tout le vaisseau ; on la peut nommer une quille interne ; elle a fort souvent un écart à l’avant.

Les mesures que l’on donne à la carlingue pour sa largeur & épaisseur, se reglent suivant la grandeur du bâtiment ; par exemple, la carlingue d’un vaisseau de 134 piés de long, aura 9 à 10 pouces d’épaisseur, deux piés 4 à 5 pouces de largeur, & environ 3 pouces d’épais aux bouts de l’écart.

La carlingue va en diminuant vers les bouts tant à l’égard de la largeur que de l’épaisseur. On met à chaque varangue, ou du moins de deux en deux varangues, une cheville de fer à tête perdue, qui passe au-travers de la carlingue & de la varangue, & entre dans la quille si avant, qu’il ne s’en faut qu’un pouce & demi qu’elle ne passe tout au-travers ; & lorsqu’on met le vaisseau sur le côté, on garnit le reste du trou par-dehors de bouts de chevilles de bois, qu’on y fait entrer avec beaucoup de force, afin qu’il n’y passe point d’eau.

On renforce la carlingue d’une autre piece de bois, qu’on met dessus à l’endroit qui porte le pié du grand mât.

Carlingue, ou Ecarlingue de pié de mât ; c’est la piece de bois que l’on met au pié de chaque mât qui porte aussi ce nom.

Le grand mât, le mât de misene, & le mât d’artimon, ont chacun leur carlingue. Voyez, Planche VI. n°. 40. la figure de la grande carlingue ou carlingue du grand mât ; & sa situation, Pl. IV. fig. 1. n°. 34.

Carlingue du mât de misene ; sa figure Planche VI. n°. 41. sa situation dans le vaisseau, Planche IV. fig. 1. n°. 35.

Carlingue du mât d’artimon. Voyez Planche IV. fig. 11. n°. 84. & 106.

La grande carlingue, ou l’écarlingue du pié du grand mât se pose droit sur la contrequille ; ses proportions dépendent de la grandeur du vaisseau ; dans un bâtiment de 134 piés de long, elle est à 6 piés de distance du milieu de la longueur du vaisseau, en allant vers l’arriere ; elle est assûrée par deux porques marquées aa, dans la figure 40. de la Planche VI. ces porques dans un vaisseau de 134 piés de long, doivent avoir 14 pouces de large, & 12 pouces d’épais, & être à 3 piés & demi de distance l’une de l’autre. La porque qui est vers l’avant, se place derriere le banc de la grande écoutille. Ces porques sont encore fortifiées par 4 genoux, deux du côté de l’avant, & deux du côté de l’arriere. Ils doivent avoir 10 pouces d’épais, & ils sont par le bas de la même largeur que les porques ; leurs branches inférieures ont 8 piés de long, & leurs branches supérieures 7 piés ; celles-ci sont moins épaisses de deux pouces que celles d’en-bas. De chaque côté de la contrequille, on met un billot ou taquet, pour supporter l’avance que la carlingue fait au delà de la contrequille, au-dessus de laquelle il doit monter de la hauteur de 4 pouces, & il a 4 pouces d’épais par le haut. La largeur de la carlingue doit être de 2 piés 6 pouces, & celle de la carlingue du mât de misene, doit être égale ; l’épaisseur de l’une & de l’autre doit être de 10 pouces ; le billot qu’on pose sur la contre-étrave, sous la carlingue du mât de misene, doit avoir 10 pouces d’épais ; & à le prendre par le côté qui regarde l’avant ; il est placé à la neuvieme partie de la longueur du vaisseau, où est aussi la carlingue du pié du mât. Il reste au côté du billot une partie de la piece où le billot a été coupé, qui fait comme une planche épaisse qui monte avec le mât jusqu’au pont. Les porques de la carlingue du mât de misene doivent avoir 12 pouces de large, & 10 pouces d’épais ; il y a 4 genoux au-dessous & deux au-dessus, qui ont 10 pouces de large, & 9 pouces d’épais ; leurs branches ont 7 piés de long. La carlingue du mât d’artimon doit avoir 14 pouces de large, & 10 pouces d’épais : ces mesures dépendent des différentes méthodes qu’adoptent les constructeurs, & changent comme on l’a dit ci-devant, suivant la grandeur des vaisseaux.

Carlingue de cabestan ; il y a la carlingue du grand cabestan. Voyez Planche IV. fig. 1. n°. 67.

La carlingue du petit cabestan, n°. 104.

Carlingue de cabestan arquée & cousue au pont ; c’est lorsque le pié du cabestan ne descend pas jusques sur le pont, on lui fait une carlingue courbée, dont les deux bouts sont attachés aux baux, & le pié du cabestan entre dans son arc qui est suspendu.

Carlingue du bâton de pavillon. Voyez Planche IV. figure 1. n°. 155. (Z)