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le perdoient après que les renvis ont été faits ; chacun dit quel est son poque, & le met bas ; & celui qui a le plus haut gagne, non-seulement tout ce qui est dans le poque, mais encore tous les renvis qui ont été faits ; quand quelqu’un des joueurs dit je poque de tant, & que personne ne répond rien là-dessus, soit qu’on n’ait pas poque, ou qu’on l’ait trop bas, le joueur qui a parlé le premier leve le poque, sans être obligé de montrer son jeu. Le poque de trois cartes emporte celui de deux ; celui de quatre, celui de trois, &c. encore que le poque de moins de cartes fût beaucoup supérieur par sa valeur.

Lorsque le poque est levé, on voit dans son jeu, si l’on n’a point l’as, le roi ou la dame de la couleur de la carte qui tourne, & celui des joueurs qui a l’une ou l’autre, ou plusieurs à la fois, leve les poques marqués aux cartes qu’il en a, & ceux qui ne sont pas levés restent pour les coups suivans.

Il faut observer que pour bien jouer les cartes au poque, on doit toujours s’en aller de ses plus basses, parce qu’il arrive souvent que ne pouvant rentrer en jeu, elles resteroient en main & feroient payer à celui qui les auroit, autant de jetons à chaque joueur, qu’elles marqueroient de points.

Il est prudent de se défaire aussi des as d’abord qu’on le peut ; on doit les jouer avant toute autre, parce qu’on ne risque pas pour cela de perdre la primauté à cause qu’on ne peut en mettre de plus hautes, & jouer ensuite ses cartes autant de suite qu’on le peut, comme par exemple, sept, huit, neuf, &c.

Supposez donc qu’on commence à jouer par un sept, on dira sept, huit, si on a le huit de la même couleur ; autrement il faudra dire, sept sans huit. Et celui qui a le huit de cette même couleur continue de jouer le neuf de la même couleur, s’il l’a, & autrement, il dit sans neuf, & ainsi des autres ; si tous les joueurs se trouvent n’avoir point la carte appellée, celui qui a joué le premier joue la carte de son jeu qu’il veut, & la nomme de la même maniere ; ce qui se fait de la sorte jusqu’à ce qu’un des joueurs se soit défait de toutes ses cartes ; & celui qui l’a fait le premier tire un jeton de chaque carte que les joueurs ont en main, lorsqu’il a fini ; ce qui n’empêche pas que celui qui en a davantage ne paye encore à chaque joueur, autant de jetons qu’il a de cartes en main.

Poque, au jeu qui porte ce nom, est le sixieme & le dernier des cassetins qui est marqué poque.

Poque se dit encore à ce jeu, c’est deux, trois, quatre cartes, de même espece & de même valeur, comme trois as, trois rois, & ainsi des autres cartes jusque aux plus basses ; l’as étant la premiere & la plus haute de toutes à ce jeu.

Poque de retour, au jeu de poque, se dit de trois cartes de même espece & de même valeur, dont on n’a que deux en main, & la troisieme en retourne ; celui qui auroit, par exemple, deux sept en main & un de retourne, gagneroit deux as en main, & ainsi des autres cartes, d’où l’on voit que poque de retour vaut mieux que poque d’as même.

Poques au jeu de ce nom, ce sont des especes de petits coffrets ou cassetins de la grandeur d’une carte, & fort bas de bord, que l’on marque selon l’ordre dans lequel ils sont arrangés, par as, roi ou dame, &c. dans ces petits coffrets qui sont sur la table au nombre de six, on met chacun un jeton.

POQUELLE, s. f. (Teinture.) cette plante que l’on trouve dans le Chiy, sur les côtes de la mer du Sud, a la fleur faite en une espece de bouton dor, qui sert à teindre en jaune, & sa tige s’employe à teindre en verd. (D. J.)

POQUER, au jeu de poque, se dit d’un joueur qui a dans son jeu une poque de quelque espece que ce

soit, & qui met tant au jeu pour ce poque, tirant ce qui est au jeu si personne ne met la même chose, ou plus.

PORA, (Hist. mod. Mythol.) ce mot signifie Dieu dans la langue des habitans du royaume d’Arrakan aux Indes orientales. On donne ce nom à une montagne, située dans le voisinage de la ville de Ramu, au sommet de laquelle est un idole, sous la figure d’un homme assis les jambes croisées, pour qui les Indiens ont la plus grande vénération.

PORACÉ, ou PORRACE, adj. (Gramm.) qui a la couleur verte du porreau. Il se dit en médecine de la bile.

PORC, voyez Cochon.

Porc, (Diete, &c.) Voyez Cochon.

Porc, porcus, s. m. (Hist. nat. Icht.) poisson de mer qui ressemble en quelque sorte au pagre, quoiqu’il ait le corps plus rond & plus applati. Ses écailles sont si dures & si fortement adhérentes, qu’on peut polir du bois, & même de l’ivoire avec la peau de ce poisson. Il a les yeux très-ronds ; les dents sont fortes & pointues ; la bouche est petite proportionnellement à la grosseur du corps ; les ouies n’ont pas de couverture comme dans la plûpart des autres poissons ; elles consistent en une petite fuste, près de laquelle il y a une nageoire. Ce poisson a sur la partie antérieure du dos trois aiguillons unis ensemble par une membrane, & dont le premier est le plus long : sa chair a une mauvaise odeur, elle est dure & difficile à digérer. Rondelet, hist. nat. des poissons, prem. part. l. V. c. xxvj. Voyez Poissons.

Porc-épic, histrix ; animal quadrupede couvert d’aiguillons comme le hérisson. Les Italiens, les Espagnols & les Anglois donnent au porc-épic un nom qui signifie dans notre langue porte épines, & nous l’appellons porc-épic, peut-être à cause que ses piquans ressemblent aux barbes d’un épi de blé. Il differe du hérisson par la figure des aiguillons & du reste du corps, principalement des piés, du museau & des oreilles. Albert, l. XXII. tract. ij. c. i. de anim. rapporte que le porc-épic se tient caché pendant l’été au contraire du hérisson, qui ne se cache que l’hiver.

Le plus grand des porcs-épics dont M. Perrault a donné la description, avoit deux piés & demi de longueur depuis le bout du museau jusqu’au coccyx ; les jambes étoient fort courtes ; celles de derriere n’avoient que six pouces de longueur depuis le ventre jusqu’à terre, & celles de devant seulement quatre. Les plus grands piquans couvroient le dos & les flancs ; il y avoit sur le reste du corps d’autres piquans plus déliés, plus courts, plus flexibles & moins pointus, presque semblables à ceux du hérisson. Ces piquans étoient entremêlés de poils de couleur grise, brune & fins comme des cheveux ; il y avoit sur le derriere de la tête & du col une sorte de panache formé des piquans fort déliés, flexibles, assez semblables à des soies de sanglier, & de longueur inégale ; les plus longs avoient un pié ; ils étoient en partie blancs & en partie gris. Les plus longs poils des moustaches avoient six pouces ; ils étoient tous fort gros à la racine, très-déliés à la pointe, noirs & luisans. Il y avoit entre les piquans du dos & des flancs un poil plus fin & plus long que celui du reste du corps : ces piquans étoient de deux sortes ; les uns avoient depuis six pouces jusqu’à un pié de long ; trois à quatre lignes de diametre à l’endroit le plus gros, qui se trouvoit dans le milieu de leur longueur ; ils étoient gros, forts & pointus ; blancs vers la racine, de couleur de châtain, bruns à la pointe, & variés de noir & de blanc dans le reste de leur étendue par intervalles d’un ou de deux doigts : quelques-uns de ces piquans étoient blancs en entier : les autres piquans étoient flexibles, avoient jusqu’à 15 pouces